A.1.1- Du sigle SIDA à l’acronyme sida

- La première référence porte sur le nom sida. Certains messages évoquent clairement le nom sida pour désigner le syndrome immunodéficitaire acquis. Le classement du professeur Jacques-Philippe TSALA TSALA ne permet pas de déterminer dans quel ordre ceux-ci sont intervenus par rapport aux autres. Toutefois, nous avons pu établir qu’il s’agit des premiers messages c’est-à-dire ceux apparus dans les premières années de sensibilisation (MESSANGA OBAMA, 2005). Ce classement chronologique a été rendu possible grâce à une analyse des articles de Cameroon Tribune. Les premiers messages abordent le terme sida comme un sigle. Il est écrit en lettres capitales et s’accompagne généralement (dans Cameroon Tribune) par la définition complémentaire. Les articles qui vont suivre utiliseront de moins en moins la définition complémentaire et sida s’écrira désormais en lettre minuscules. Ce passage des lettres capitales en minuscules parachève la substantivation de ce sigle. Des adjectifs en sont tirés. Jean Marie le PEN a proposé sidaïque. Dans l’article intitulé Le sida oui, mais … (op.cit.) on peut lire

‘« … Pourquoi, contrairement aux autres virus, l’infection virale sidaïque n’a-t-elle pas de symptômes obligatoires ? ». ’

Cet adjectif avait une connotation péjorative et tendait à la stigmatisation. D’autres proposent comme adjectif, le terme sidéen. C’est ce dernier qui s’est imposé à l’usage. Il ne s’agit pas simplement d’une préoccupation grammaticale mais de la volonté de faire passer dans l’opinion l’existence du sida comme une réalité.

Au cours de la période marquée par l’usage du terme sida, que ce soit sous la forme de sigle ou sous la forme substantivée, l’idée véhiculée est celle d’une maladie terriblement mortelle et transmissible par le sexe et par le sang. Les messages de cette période se caractérisent également par leur volonté d’affirmer l’existence de l’affection ou par le souci de mobilisation pour le combat contre celle-ci. Par rapport à cette dernière motivation, les messages qui abordent le nom sida restent vagues par rapport au combat pour lequel ils mobilisent les destinataires. Ils mettent essentiellement l’accent sur la transmission par la voie sexuelle. La protection se résume en trois attitudes : abstinence, fidélité, condom.