A.1.3- Focalisation sur le virus

- La troisième référence est celle qui décompose à nouveau le binôme vih/sida pour mettre un accent particulier sur le monôme vih. Ces messages s’articulent autour des thématiques telles que la stigmatisation, la discrimination et l’exclusion. Ils portent autant sur les précautions à prendre par les personnes vivant avec le virus du sida (PVVS) pour éviter la surinfection. Par ailleurs, ces messages sont orientés vers l’entourage des PVVS qui doit leur apporter compassion et solidarité. Ils associent le vih aux grossesses non désirées, aux maladies sexuellement transmissibles (MST) et même à l’alcoolisme, au tabagisme et à la drogue. Certains de ces messages inscrivent la vie des PVVS sous un registre juridique. C’est la logique du message qui dit : « Les PVVS ont des droits mais aussi des devoirs. Sachons les respecter, les défendre et les promouvoir ». Seulement le concept de PVVS va lui-même changer pour devenir PVVIH. Il ne s’agit pas d’un changement fantaisiste de sigle mais plutôt d’un changement de perspective ou de logique. Au point conceptuel, il s’agit de nuancer la période d’incubation qui correspond mieux au sigle PVVIH pour dire personne vivant avec le vih alors que PVVS qui se traduit par personne vivant avec le virus du sida laisse apparaître l’imminence de la maladie, perspective que les nouveaux messages tendent à relativiser. Avec l’accent particulier mis sur le vih, apparaît des messages de sensibilisation sur le dépistage. Ces messages laissent admettre que plus tôt l’infection est découverte, plus le traitement proposé est efficace et plus longtemps vivra la personne infectée. Par ailleurs ces messages laissent également admettre que plus les personnes infectées seront dépistées moins elles pourront contaminer les autres par ignorance.

De manière générale, il apparaît que les messages dominants commencent par la sensibilisation du public par rapport à l’affection désignée par le mot sida. Cette sensibilisation reste vague et évoque un danger imprécis. Par la suite cette affection est désignée par le binôme vih/sida qui apporte un peu plus de précision dans la mesure où la particule vih désigne l’agent pathogène du sida. Du fait de l’identification de l’argent pathogène, les messages orientent la sensibilisation vers cet agent pathogène qu’il faut identifier très tôt par le dépistage, avant qu’il ne cause la maladie dans l’organisme infecté. Il s’agit surtout de « couper la chaîne de contamination » par l’évitement de la transmission entre les personnes atteintes et les personnes non infectées. Le changement de référence locutoire s’accompagne d’un changement symbolique. On passe ainsi de l’idée d’une affection inconnue et terriblement mortelle à celle d’une affection connue avec laquelle on peut vivre longtemps si on la découvre tôt et si on accepte la prise en charge dans les centres de traitement agréés (CTA).