B.1.2- Origine Africaine

Les discours dominants sont ceux qui, les premiers auront déplacé l’origine américaine du sida pour la situer en Afrique. Par rapport aux concepts utilisés pour parler du sida, cette délocalisation de l’origine américaine correspond à la deuxième génération des messages, ceux qui parlent de vih/sida. L’attention des chercheurs de la logique dominante se déplace à cette période de la maladie pour se porter sur l’agent pathogène, le vih. L’Afrique est vite perçue comme origine de ce virus de la mort. Ce point de vue est partagé par les chercheurs officiels et certains dissidents adeptes de l’hypothèse virale du sida. La région des Grands Lacs d’Afrique centrale (République Démocratique du Congo, Rwanda, Burundi) est présentée comme le foyer d’où ce virus a émergé. En suivant les articles de Cameroon Tribune, la rupture de discours entre l’origine américaine et l’origine africaine semble s’être opérée à partir d’un article de News week rapporté par Cameroon Tribune dans l’édition du 19 novembre 1986. L’article est intitulé 5 millions d’Africains menacées de mort. Dans cet article on peut lire :

‘« Les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les 11 pays couverts par l’étude de Newsweek ne font état que de 50 000 morts dues jusqu’à présent au SIDA ».’

Au-delà des aspects contradictoires de ces statistiques par rapport à la suite de l’article, il apparaît que de cinquante mille à cinq millions, News week multiplie par cent ses projections, ce qui aboutit à une dramatisation du problème. Il en ressort que la délocalisation de l’origine américaine du sida pour l’Afrique s’est faite à la fois par des arguments de la recherche et par les statistiques. Dans ce même mouvement, le Brésil et Haïti ont aussi été présentés comme des origines de cette affection. Le mutisme observé par la suite par les discours dominants par rapport à l’origine du sida n’a pu effacer les assertions antérieures.