C.2.2- Les discours des dissidents opposés à l’hypothèse virale

L’épidémiologie apparaît comme le thème majeur des dissidents opposés à l’hypothèse virale du sida. Au départ, ils admettent comme les autres acteurs, que l’épidémie du sida a éclaté en 1981 sans en faire une fixation. Les discours des dissidents opposés à l’hypothèse virale du sida sont des discours à la fois d’invalidation et des assertions c’est-à-dire des propositions à la validation.

Dans le premier cas, les dissidents opposés à l’hypothèse virale problématisent les discours dominants par rapport à l’étiologie et à l’épidémiologie du sida. Dans un premier temps ils affirment que l’hypothèse virale du sida n’est pas vérifiée. Par la suite, ils passent du doute à l’affirmation que le sida n’est pas une maladie infectieuse. Ces discours sur l’étiologie ont des conséquences sur l’épidémiologie et même, nous le verrons plus tard, sur la prévention. L’une des conséquences sur l’épidémiologie c’est qu’ils affirment que le sida n’est pas contagieux. En affirmant que le sida n’est pas contagieux, les dissidents opposés à l’hypothèse virale contestent toutes les conditions présentées par les discours dominants comme favorables à la survenue et à l’expansion du sida.

Dans le second cas, les dissidents opposés à l’hypothèse virale du sida formulent les conditions de propagation du sida. Pour eux, le sida est un syndrome toxique dû, non pas à un virus, mais à la malnutrition, aux infections multiples mal ou non soignées, au stress permanent, aux transfusions sanguines répétées, à la prise chronique des antibiotiques et à la consommation des drogues. Par la suite, ils affirmeront que la prise des antirétroviraux (médicaments supposés traiter le sida) favorise la survenue du sida. En d’autres termes, la lutte contre le sida, suivant les principes des discours dominants favoriserait l’expansion du sida.

En général, il apparaît à travers le discours des dissidents opposés à l’hypothèse virale du sida que cette affection n’est ni infectieuse et contagieuse, mais plutôt une maladie de la pauvreté. Ces discours restent constants dans le temps.