Chapitre II.
Champ énonciatif

Quand au début des années 80 apparaît le sida comme objet de la communication, plusieurs thèmes, plusieurs préoccupations meublent les échanges communicationnels. Par rapport au domaine de la santé dans lequel le sida s’inscrit, plusieurs regards se posent sur la vie, sur la mort et sur la maladie. Ces différentes préoccupations, ces différents regards s’entremêlent dans les discours tenus sur le sida et forment une sorte d’alliage pour constituer la ou les réalité(s) du sida au Cameroun.

Ce chapitre entend mettre en exergue les regards, les préoccupations qui participent de manière perceptible à la construction de la réalité du sida. La mise en exergue de ce matériau ne va pas cependant sans poser quelques difficultés. Comment en effet, inventorier les différents regards qui se posent sur la maladie, sur la vie et sur la mort ? Comment, parmi les thèmes abordés dans la période d’émergence du sida reconnaître ceux qui entrent dans la construction de cet objet ? Le sida ayant émergé ailleurs (USA), quels sont les éléments extérieurs qui rentrent dans le champ de présence du Cameroun ?

Pour contourner cet obstacle, nous partirons du postulat que le sida s’inscrit dans le domaine général de la santé, lequel implique prioritairement les activités de soins et celles de recherche. Nous éviterons le débat d’anthropologues et parlant de la recherche nous n’abordons que de la recherche formelle, dans les sciences biologiques, qu’elle soit institutionnelle ou isolée. Nous n’aborderons pas l’ethnoscience dont nous ne nions pas l’implication dans certains discours sur le sida. Il s’agit ici d’une option méthodologique que nous assumons. Parlant des activités de soins, nous prendrons en compte les principaux thèmes relatifs à la vie, à la mort et à la maladie, tels que mis en exergue dans les chapitres II et III de la deuxième partie. Nous examinerons ainsi les implications des conceptions qui admettent que la maladie, la vie et la mort sont régies par les forces mystiques, celles qui postulent que la vie, la mort et la maladie sont régies par les équilibres naturels et celles, qui, comme dans les sciences biologiques admettent que la vie est dans les cellules et peut être perturbée par les agents pathogènes naturels et extérieurs ou par des dérèglements fonctionnels. Ce sont ces différentes perceptions que nous appelons regards. De manière générale, nous examinerons donc : le regard des sciences médicales, les autres regards sur la santé, et les discours périphériques à ces regards.