B.1.2- La perception des naturistes et naturopathes

Les naturopathes s’appuient sur les principes biologiques pour analyser la maladie. Pour Pierre-Paul MOUBITANG naturopathe interviewé le 17 juillet 2007,

‘« La maladie est un dysfonctionnement entre l’élément de la nature qui est l’homme et la nature c’est-à-dire son environnement. Cette disharmonie vient du non respect des lois naturelles ». ’

Il ajoute que de manière plus simple, la maladie vient de ce qu’on a pas donné au corps ce qui est bien : on n’a pas bien mangé par exemple ou parce que le corps n’a pas souvent été en mouvement ; parce que le corps n’a pas reçu l’eau ou le liquide qui est bien ; parce que le corps n’a pas entendu les sons qui conviennent.

Pour Pierre-Paul MOUBITANG, il ne faut pas se focaliser sur les causes exogènes de la maladie comme cela est le cas avec les sciences médicales qui recherchent en toute maladie, les causes dans les microorganismes (microbes, virus, etc.). Les sciences médicales semblent s’être coupées de la réalité intérieure

‘« Notre état morbide procède du fait que nous avons attiré la maladie par notre comportement et par tous les processus d’assimilation qui ne sont pas des processus normaux c’est-à-dire qui ne sont plus naturels. Il y a la pollution par le bruit, il y a la pollution par les fumées, il y a les différentes pollutions qui viennent agresser le corps certes mais c’est notre comportement intérieur qui ouvre les portes à tout cela » ’

Dans cette explication, monsieur MOUBITANG postule que c’est la disharmonie intérieure qui attire la maladie. C’est pour cette raison selon lui, que parmi deux personnes soumises à un même environnement, l’une sera malade alors que l’autre reste en bonne santé.

Il poursuivra en expliquant que des pratiques contre-natures (l’homosexualité par exemple), créent une disharmonie intérieure qui prédispose le corps à la maladie. De même avance-t-il

‘« Quand on mange mal, quand on consomme des drogues ou quand on absorbe beaucoup de produits chimiques même sous forme de médicaments, tout cela encrasse l’organisme et crée des sortes de bouchons qui empêchent la bonne circulation de l’énergie, d’où la maladie ». ’

Dans son développement, monsieur MOUBITANG parle des lois divines ou de la volonté du créateur pour dire les lois naturelles. Dans le même sens, il affirme que penser négativement de quelqu’un, prononcer des paroles négatives au sujet de quelqu’un provoque chez celui-ci une désharmonie ; c’est ce phénomène qui prend le nom de sorcellerie. Pour lui, les regards naturiste et africain sont similaires, ils sont globalisants, à la différence du regard des sciences médicales qui, elles, veulent compartimenter la maladie dans le corps humain. Cependant, parlant de la sorcellerie, monsieur MOUBITANG garde la même logique, il affirme que l’action du sorcier n’atteint que les personnes qui ont d’une manière ou d’une autre violé les lois de la nature. C’est le mal que ces personnes ont commis qui ouvre la voie à l’action négative du sorcier.

Du discours de Pierre-Paul MOUBITANG, il apparaît une perspective culpabilisante de la maladie. Le malade est le fautif qui a violé les lois de la nature. Il est ainsi frappé ou « puni » par les éléments de cette nature (les agents pathogènes naturels ou les sorciers). Cependant, par rapport au principe d’harmonie intérieure il s’apparente à celui du système immunitaire. Il s’agit d’une perception synthétique qui embrasse à la fois les aspects religieux et naturels de la maladie.