B.2- Le regard religieux

Malgré la grande diversité que présente l’activité religieuse au Cameroun, les différentes confessions existantes semblent poser sur la maladie un même regard. La similarité des points de vue des différentes confessions religieuses pourrait tenir à leur référence aux livres sacrés dont les principaux (la Bible et le Coran) remontent à une même culture. Les principales nuances apparaissent cependant par rapport à la réglementation de l’activité sexuelle. Sur ce point, les chrétiens (toutes, branches confondues) divergent avec les musulmans.

De manière générale : chrétiens, musulmans et bahaïs admettent qu’il existe des maladies naturelles dues à des agents pathogènes extérieurs. Ces agents peuvent être combattus par des médicaments naturels ou chimiques. En cela, ces religieux épousent le regard médical sur la maladie. Ils construisent pour la plupart des formations sanitaires pour soigner les malades. Il existe cependant quelques exceptions parmi les Eglises dites de Réveil. Ces confessions, à l’image de la Vraie Eglise de Dieu du Cameroun, déconseillent à leurs adeptes d’aller à l’hôpital en cas de maladie. Dans le même sens, les témoins de Jéhovah condamnent les transfusions sanguines. En général, chrétiens, musulman et bahaïes condamnent l’usage du condom, même si, sous la pression des institutions publiques chargées de la lutte contre le sida, certaines en sont arrivées à taire cette condamnation.

Au-delà de l’aspect naturel, toutes les confessions religieuses analysées au chapitre III de la deuxième partie admettent qu’il existe une forme spirituelle de la maladie, considérée comme l’action des démons ou mauvais esprit. Cette forme de la maladie, pour être soignée, nécessite, non pas des médicaments mais exclusivement des prières. La prière est fondamentale dans l’acte de guérison chez tous les religieux, que ce soit dans le cas des maladies spirituelles ou dans celui des maladies naturelles. Dans le premier cas la prière a pour but d’invoquer la puissance divine pour chasser les démons (l’exorcisme). Dans le second cas, la prière a pour but d’invoquer la puissance divine pour augmenter l’efficacité des médicaments administrés au malade.

De manière générale, le regard religieux s’apparente au regard africain dans la forme. Les deux admettent l’aspect naturel de la maladie et reconnaissent que cet aspect peut se guérir par des médicaments naturels ou chimiques. Les deux regards admettent par ailleurs qu’il y a un aspect spirituel de la maladie que le regard religieux attribue à des démons ou mauvais esprits alors que le regard africain parle de sorts jetés par les sorciers. Par rapport à ce dernier aspect, les deux regards proposeront des rites religieux qui sont les prières ou les incantations, la nuance n’étant une fois de plus qu’une affaire de forme. Il s’agit d’un regard plus large débordant de champ visuel des sciences médicales. Certes au plan naturel, il apparaît des nuances formelles de traitement, dans le fond le principe de traitement reste le même. Schématiquement, ces regards se présentent ainsi :

Représentation synoptique des différents regards sur la maladie
Représentation synoptique des différents regards sur la maladie

Source : Nous-mêmes