C.2.1- Le double procès Est-Ouest

Avant la chute du mur de Berlin, le bloc de l’Est et celui de l’Ouest, sont engagés dans une sorte de course aux armements. Les deux chefs de file sont détenteurs de l’arme atomique, les deux ont engagé des recherches sur les armes bactériologiques. Ces activités de recherche sont accompagnées par des vastes campagnes idéologiques. Chaque bloc cherche à se donner une image séduisante en présentant l’autre sous un aspect négatif.

Parce que chaque bloc veut « percer » l’espace vital de l’autre, les deux se retrouvent régulièrement au front dans des conflits armés régionaux. Cet interventionnisme a fait le lit à une fructueuse activité de vente des armes. Les lieux de conflits étaient également perçus comme des champs d’expérimentation de nouvelles armes.

L’animosité créée entre les deux blocs a conditionné les esprits dans l’interprétation de certains phénomènes sociaux et naturels. Ainsi, dans le bloc capitaliste, l’on redoutait tout ressortissant d’un pays communiste considéré comme révolutionnaire. Une anecdote trouvée dans l’article Internet intitulé Le sida oui, mais… illustre à merveille ce phénomène. Un habitant de Seattle aux Etats-Unis découvre un matin que le pare-brise de sa voiture est griffé. Il dépose une plainte contre inconnu au commissariat de son quartier. Des voisins ayant appris le fait constatent les uns après les autres le même phénomène sur leur voiture et déposent eux aussi des plaintes au commissariat qui se retrouve ainsi submergé par des plaintes. Les médias amplifiant le phénomène, on pense qu’il ne s’agit plus d’un vandale mais d’un phénomène plus grave. Parmi les hypothèses les plus sérieuses formulées par une équipe commise par le Président Eisenhower, il y avait en première ligne celle des retombées dues aux récents essais nucléaires effectués par les Russes. Dans le fond il s’agissait d’une illusion optique. En d’autres termes, les pare-brises querellés n’étaient pas griffés.

Cette anecdote montre comment les esprits étaient conditionnés à voir le mal à partir du bloc d’en face. A partir d’une illusion optique, le problème pouvait dégénérer en un conflit entre les deux Etats ou tout au moins, détériorer sérieusement les relations déjà mauvaises entre eux. Voilà un aspect du climat international qui prévalait au moment où apparaît le sida.