A.2.1- Les pouvoirs politico administratifs

Sous la désignation de pouvoirs politico-administratifs, nous regroupons les institutions politiques nationales telles que : les gouvernements, les parlements et leurs regroupements internationaux. Nous y incluons également  les institutions spécialisées aussi bien au plan national qu’international. Dans ce dernier cas, il pourrait bien s’agir des institutions à caractère scientifique ou des administrations de coordination d’actions particulières. Le trait commun à ces pouvoirs est qu’ils ont la prérogative, reconnue par les autres, de légiférer et de sanctionner. Il s’agit des pouvoirs normatifs. En tant que tels, c’est à eux que revient le rôle de définir ce qu’il faut dire ou, à contrario, ce qu’il faut taire.

Il apparaît, à l’exploitation des différents textes de notre corpus que le rôle des pouvoirs politico-administratifs a été déterminant depuis la genèse du sida. Comme nous l’avons relevé plus haut, c’est en tant que directeur de l’hôpital universitaire de Los Angeles que le docteur Michael GOTTLIEB se réserve l’analyse du cas du premier malade transféré dans son institution. Point n’est question pour nous de dire ici que le docteur Michael GOTTLIEB s’est trompé, nous avons reconnu depuis le départ que nous n’avons aucune compétence pour assumer une telle position. Mais, face au débat soulevé par ses pairs-concurrents, nous voulons dire que de l’échange d’idées entre collègues, aurait résulté une sorte de consensus.

Par ailleurs, c’est l’OMS en tant que pouvoir politico-administratif qui s’est chargée du rôle de formation et de sensibilisation du personnel médical à travers le monde. Médecins et autres types de personnels (infirmiers, techniciens de laboratoire et pharmaciens) ont appris l’existence et les critères de reconnaissance du sida à travers cette sensibilisation. Or nous venons de relever l’important rôle de l’information dans la sédimentation de la représentation du sida comme maladie. Dans ce rôle, l’OMS ne se contentait pas de dire ce qu’est le sida : elle disait également ce que le sida n’est pas et dans ce cas, ce dernier aspect était frappé d’interdit et rejeté dans l’hétérodoxie. C’est ainsi que nous pouvons comprendre cet article de Cameroon Tribune intitulé : Moustiques et sida : pas de rapport . Dans le contenu de l’article on peut lire :

‘« L’ancien représentant de l’OMS à Yaoundé (…) a répondu qu’au stade actuel des travaux, rien ne permettait d’établir un quelconque rôle des moustiques dans la transmission du sida ». ’

A travers cette citation, il apparaît clairement que le sida est une maladie transmissible mais qui n’est pas charriée par les moustiques. Ce fond de pensée est resté constant durant toute la période de sensibilisation entretenue par l’organisation mondiale de la santé.

Au plan national, le ministère de la santé publique et ses institutions spécialisées telle que le Programme multisectoriel de lutte contre le sida qui deviendra plus tard le Comité national de lutte contre le sida, ainsi que les institutions hospitalières, ont été et sont encore des relais des institutions internationales en charge de la lutte contre le sida au Cameroun. Ces institutions sont le relais du discours orthodoxe élaboré au plan international. En plus de ce rôle des relations elles assurent la censure sur ce qui se dit sur le sida.