A.2.2- Les pouvoirs économico-financiers

Par pouvoirs économico-financiers nous voulons regrouper d’une part, toutes les industries dont les produits sont utilisés dans la lutte contre le sida. Il en est ainsi des industries pharmaceutiques, des industries de fabrication des préservatifs, des industries de fabrication de réactifs ; d’autre part, des institutions financières qui soutiennent les activités de lutte contre le sida. Nous incluons dans ce dernier groupe, des organisations non gouvernementales qui financent des activités liées au sida. L’action des institutions et pouvoirs économico-financiers n’est pas très importante sur le territoire national, leur rôle est plus perceptible au plan international. Nous analysons cependant ce rôle parce que d’une part les messages et discours qu’ils émettent au plan international sont reçus au Cameroun. La vente de condoms et la sensibilisation qui y est associée, ont contribué à maintenir dans les opinions que le sida est une maladie contagieuse qui se transmet par le sexe. Des statistiques ont été produites dans ce sens, affirmant que 90% des "victimes" avaient contracté la maladie par le sexe. Ces statistiques révèlent la prédominance de la voie sexuelle dans l’épidémiologie du sida.

Bien que l’OMS soit citée comme principale source des statistiques qui confirment la transmission par la voie sexuelle, il n’en demeure pas moins vrai que c’est l’industrie des préservatifs qui en tire le grand profit. L’article de Cameroon Tribune intitulé Le boom des préservatifs (26 novembre 1985) révèle que la peur suscitée par le sida a permis la vente de plus d’un milliard d’unités de condoms aux USA pour l’année 1988. Au prix moyen de 100 F CFA (environ 0,0015 Euros) cela fait une valeur de cent milliards (environ un millions cinq cent mille Euros), une somme importante. L’évaluation dans une perspective économique de l’impact de la sensibilisation sur l’usage du préservatif qui pourtant est une méthode de protection scientifique apparaît comme un bruit qui s’ouvre à des perceptions différentes. Bien des chercheurs s’y sont engouffrés. Néanmoins, malgré les controverses soulevées par les chercheurs dissidents, il reste constant que le sida est une maladie infectieuse causée par un virus appelé vih transmissible par le sexe et par le sang.

L’influence des pouvoirs économico-financiers dans la conservation de l’hypothèse virale du sida n’est pas unique dans l’expérience des activités scientifiques. En effet, les pouvoirs économico-financiers ont toujours influencé la recherche sans forcément en détériorer la qualité. Ce rôle, dans le cas du sida, est joué comme nous venons de le voir par : les institutions internationales et les structures publiques nationales ayant une compétence, dans l’octroi ou, à contrario, le retrait des financements pour la recherche, ou la publication des résultats de la recherche ou encore dans l’organisation des communications scientifiques (séminaire, colloques, etc.). Les entreprises économiques dont les produits sont liés à la thématique du sida, agissent de la même manière.