B- La transformation

En nous référant à Michel FOUCAULT, nous voulons entendre par transformation, toutes les opérations de modification des formulations originelles, sous la dynamique propre à la thématique du sida ou sous l’effet de la contradiction de pairs concurrents. Compte tenu de ce qui précède, nous prendrons pour formulation originelle, l’hypothèse du docteur Michael GOTTLIEB à savoir, que le sida est une maladie d’origine virale non encore répertoriée, transmissible par la voie sexuelle. Nous avons démontré que cette hypothèse repose sur le fait que l’activité homosexuelle est considérée comme anormale ou contre nature, donc susceptible de provoquer un changement de comportement des micro-organismes naturels (le virus responsable de la nouvelle maladie en l’occurrence).

Nous avons par ailleurs relevé que la perception du monde à un moment donné est tributaire des expériences accumulées dans le passé (les pré-constructions). Dans notre approche phénoménologique, il apparaît qu’une perception n’est juste que si elle se conforme aux perceptions ou aux expériences du passé. Dans le cas contraire l’énoncé formulé est problématisé, c’est-à-dire remis en question. S’il est vrai, dans le cas du sida, que l’hypothèse virale est conforme à ce qui, jusque là était su, au sujet des virus : à savoir qu’ils sont difficilement perceptibles. L’idée de la transmission par voie sexuelle par contre posait quelques problèmes pour le quatrième malade identifié comme hétérosexuel. En effet, si la transmission sexuelle reposait sur l’idée que les rapports sexuels anormaux pouvaient susciter un changement de comportement du virus responsable de la maladie, le fait qu’un sujet n’entretenant que des rapports sexuels normaux ait contracté cette maladie ne pouvait plus s’expliquer par cette logique. Une autre explication était nécessaire.