C- Les inventions

Par invention ici nous ne voulons pas dire affabulation ou ce qui est imaginé de façon arbitraire (à partir de rien). Par invention, nous voulons entendre comme Le Robert, la « la construction de l’imagination ». Il s’agit de l’action d’imaginer pour un usage particulier. Les inventions, dans le cas de l’analyse des discours sur le sida ne se rapportent pas à des formulations sans rapport avec les discours à la base. Il s’agit soit de la manière dont les concepts et les hypothèses antérieures sont récupérés et remodelés pour donner des versions particulières, différentes de celles du départ, soit alors de la manière dont les nouveaux concepts et les nouvelles hypothèses sont formulés. Il s’agit aussi bien des élaborations des chercheurs officiels, que de celles des dissidents.

Comme dans le cas de la transformation, l’invention survient quand l’énoncé du départ est problématisé. Dans ce cas, la problématisation aboutit au rejet. Alors que la problématisation des hypothèses sur la maladie a abouti à la modification des postulats du départ, la découverte du virus présenté comme responsable de la maladie, a suscité le rejet des hypothèses formulées à ce sujet. Pendant trois ans, les esprits ont été préparés à l’hypothèse virale du sida. Il apparaît cependant paradoxal que la découverte du vih, loin de marquer « la fin d’un suspens » et aboutir à un consensus, a plutôt ravivé la polémique sur cette maladie. Cette polémique a porté essentiellement sur les acteurs scientifiques, les dominés apportant la contradiction aux dominants.