II.3.4. Un goût partagé des doubles en Afrique de l’Ouest

L’interprétation ou plutôt l’écoute des énoncés de perception et d’appréciation des doubles portraits comporte plusieurs difficultés.Sans vouloir diminuer la portée de cette étude, il s’agit de rappeler qu’elle est une construction interculturelle dont les recherches sont motivées par une volonté de couler dans le moule de la langue et de l’écriture une expérience visuelle dont la part la plus importante n’est le plus souvent ni verbalisée ni verbalisable et qui, de plus, ne fait l’objet d’aucun commentaire écrit par les intéressés. Les appréciations esthétiques formulées par les personnes interrogées ne sont jamais d’ordre strictement esthétique; elles y mêlent des appréciations affectives, sociales, éthiques, associant les qualités plastiques aux valeurs culturelles. Parfois, certaines considérations non visuelles s’avèrent prépondérantes.Il convient aussi de considérer la relation dialectique des photographes et des photographiés, comme les effets du contexte de la perception des doubles portraits : exposition sur les devantures des studios, disposition dans les albums de famille, circulation dans le cadre d’échanges familiaux, amicaux et sociaux qui en modifient l’approche. Enfin, il faut naturellement prendre en compte la diversité culturelle en Afrique de l’Ouest, dans laquelle on observe pourtant de nombreuses similitudes.