Introduction

Violence et femmes : le sujet est un peu sombre, éprouvant pour ceux et celles qui le travaillent. Il est semé d'embûches parce qu'il se dissémine facilement dans une large quantité de lieux communs non revisités, de stéréotypes solidement ancrés, qu'il entraîne aussi de réels sentiments de dégoût ou de fascination, difficiles à ordonner.
De plus, les « discours » de chaque jour ont leur avis tout fait sur cette question, tandis que l'actualité ouvre régulièrement sur certains paysages où il est abondamment question d'actes violents sur les femmes.

Si certaines formes de violence sont aujourd'hui l'objet de toutes les attentions, d'autres comme la violence conjugale, restent tues, considérées trop souvent comme un problème privé. La violence masculine au sein du couple est reléguée au rang de phénomène marginal. Elle constitue une véritable atteinte aux droits fondamentaux : droit à la liberté et à la sécurité notamment.

Dès lors, on ne peut se satisfaire de la vision réductrice et épisodique offerte au travers des seuls faits divers.

Suivant l'escalade de la violence, le plus souvent la violence s'installe progressivement dans le couple. L'agresseur minimise la gravité des faits, assure qu'ils ne dépendent pas de sa volonté mais de toutes sortes de causes externes.

Dans un premier temps, les violences sont souvent verbales et psychologiques. Les femmes sont alors fragilisées psychologiquement. Il leur sera donc plus difficile de s'opposer aux violences physiques si elles apparaissent dans un second temps. Les violences peuvent devenir de plus en plus graves et aller jusqu'à la mort, par homicide ou suicide. Dans tous les cas, si rien n'est fait, la violence tend à s'aggraver et ne diminue pas avec le temps.

La violence conjugale, quelle que soit sa forme, présente des constantes. Elle est un moyen utilisé par l'un des deux partenaires ; dans notre étude le cas analysé est celui de l'homme contre la femme pour s'imposer systématiquement dans le couple.

L'amélioration de la condition sociale des femmes a permis de mettre en évidence le caractère inacceptable des violences conjugales car ce que nous condamnons aujourd'hui comme un délit (spécialement dans les pays occidentaux) était autrefois un droit, communément admis.

Les hommes violents cherchent à restaurer un monde de relation archaïque au sein du couple. Les femmes n’échappent pas à ce poids du passé. Elles interprètent encore la violence comme une fatalité.

Dénoncer les violences est d'autant plus difficile quand elles se déroulent dans le cadre familial. L'image de la famille est celle d'un lieu d'amour, de relation harmonieuse, de sécurité. Parler de cette façon des hommes violents ne doit pas révéler notre partialité, comme si nous étions à côté de la femme, toujours contre l'homme. Il ne faut pas oublier le rôle de la femme dans la violence. La femme « aide » parfois l'homme dans son acte de violence. Par son comportement et ses actes, elle déclenche cette réaction de l'homme. Dans une autre perspective, si l'homme est le dominant dans la maison, la femme aime parfois cette image de son mari et sa domination, ce qui encourage l'homme à dominer et à se sentir supérieur.

Etre une femme, ou beaucoup plus une épouse ne vient pas d'un simple acte de mariage, dans ce cadre Simone De Beauvoir a affirmé dans son livre « Le deuxième sexe » publié en 1949 : «On ne naît pas femme, on le devient.»

Malgré les avancées acquises en terme de leurs droits, les sociétés souffrent toujours des aspects de discrimination sexuelle. Dans plusieurs sociétés, les femmes ne participent pas dans la prise de décision, souffrent des inégalités face à l’éducation et à l’emploi et n’exercent pas un pouvoir politique.

Et c’est à cause de leur genre féminin, que les femmes souffrent de la violence non seulement dans la sphère publique mais aussi dans la sphère privée.

Plusieurs sociétés légitiment les violences envers les femmes, ce qui accentue la domination masculine, le patriarcat et la stratification sociale rigide et par conséquent toutes sortes d’inégalités et d’injustices commises à leur égard.

La discrimination sexuelle fut être un des critères du sous-développement des pays. Un pays qui n’a pas pu accéder à une vraie égalité de chances entre hommes et femmes doit être évidemment considéré comme sous-développé et traditionnel.

La violence envers les femmes n’est pas seulement celle physique, mais elle peut s’exercer aussi sous plusieurs formes, économiques, sexuelles, verbales et psychologiques. C’est tout acte qui porte atteinte à la dignité de la femme et l’attaque en son existence.

C’est parce qu’elle relève du lieu domestique, que la violence conjugale est trop difficile à mesurer. Ce type de violence est commis par l’homme contre sa partenaire, en réalité il est très répandu dans nos sociétés et mérite d’être étudié de la manière la plus exhaustive et la plus objective, et ceci pour un meilleur développement des sociétés et en vue d’une réduction de toutes formes d’inégalités et d’actes violents dont souffrent les femmes chaque jour dans le monde.

Ce qui nous importe dans cette étude est d’évaluer ce sujet dans ces trois pays: Liban, France et Canada. Les deux types de violences politiques et conjugales sont bien liés au Liban, donc ce sujet passe du public au privé. On est inspiré par la France et le Canada, ces deux pays qui s’occupent de la violence envers les femmes, mais on s’intéresse aussi au fonctionnement de ce type de violence au Liban, pour cela on a voulu faire le mixage, et de même savoir comment traiter ces messages à travers les associations. La comparaison n’est pas faite avec le Liban mais elle nous aide à appliquer leurs méthodes avec une initiation pour arriver à une bonne écoute afin d’améliorer le rôle des organisations non gouvernementales au Liban et de pousser les femmes à dévoiler leurs expériences.

Divisée en deux parties, dont chacune est formée de cinq chapitres, cette étude tente d’étudier le phénomène des violences conjugales dans ces différents aspects théoriques et pratiques, et ceci en se basant et en consultant des livres, articles et études évoquant ce phénomène de la manière la plus large dans ces trois pays.

Le but de ce travail est plutôt d’apporter un éclairage sur cette problématique très large, un besoin de sortir du psychologique au social et réciproquement, afin de saisir l’ampleur de ce problème, aussi bien un besoin d’identifier ces facteurs déclenchants, de faire le lien entre la violence envers les femmes dans les deux sphères publiques et privées et d’en cerner ces conséquences sur les victimes, sur les enfants et sur la société toute entière.

Plusieurs études libanaises, françaises et canadiennes ont évoquée le problème des violences conjugales ainsi que plusieurs théories psychologiques, psycho-sociales et criminologiques ont tentée à l’expliquer aussi, ce qui nous importe ici c’est de les analyser pour en pouvoir comprendre les mécanismes de ce phénomène en profondeur afin de pouvoir proposer les luttes nécessaires face à son propagation au niveau des foyers et au niveau de la société toute entière.

Notre objet d’étude ne se limite pas seulement aux violences interpersonnelles mais étudie aussi les formes de violence institutionnelle ou sociale. Toutefois, dans bien des cas, l’arbitrage est complexe, dans la mesure où les frontières entre ces formes ne sont pas toujours nettes. On peut avancer que la violence entre les personnes est souvent institutionnelle, dans la mesure où elle est liée aux règles de fonctionnement des institutions sur lesquelles s’appuie la société : la famille, l’école, le monde du travail, le système de protection sociale, de santé, de sécurité publique… Certains diront qu’elle est également sociale, car dépendante des conditions de vie, de l’environnement et de la position dans la hiérarchie sociale, sans oublier les inégalités structurelles entre les sexes. Cet ensemble de critères décrit en fait un contexte social, communément qualifié de violent, dans la mesure où il est inégalitaire, sexiste, voire raciste.

L’objectif de cette recherche est de décrire la réalité de la violence conjugale dans ces trois sociétés : Liban, France et Canada, de cerner l’ampleur de ce phénomène mais aussi de décrire, dans leur complexité, ses aspects multiformes. Afin de se prémunir contre le risque d’un chiffrage monolithique, les phénomènes de violence sont repérés par des actions, actes, faits, gestes, paroles dont l’assemblage peut constituer un comportement violent. Notre souci est de ne pas les hiérarchiser a priori par leur caractère plus ou moins délictueux, mais tenter d’en établir une typologie a posteriori. Il s’agit :

Les fonctions dévolues aux hommes et aux femmes, les systèmes de valeurs auxquels ils se réfèrent construisent des rapports sociaux entre les sexes qui génèrent des formes de violence particulière à l’encontre des femmes, par la domination dans le couple. Et malgré l’égalité en droit des conjoints dans quelques sociétés, les positions des hommes et des femmes au sein du couple demeurent très inégalitaires, quel que soit le milieu social.

Malgré l’évolution du courant féministe, la discrimination sexuelle persiste, il n’en est rien, les corrélations existent entre le privé et le public.

De même, un certain adoucissement des mœurs dans nos sociétés aurait dû rendre plus sensible à ce phénomène ; des choses naguère permisses sont aujourd’hui interdites.

La prise en compte des violences contre les femmes en tant que problème de société est relativement récente. Mais que recouvre le concept de violences contre les femmes ? Comment identifier les formes de violence ? Quelle est leur ampleur ? Qui sont les victimes ? Qui sont les agresseurs ? Comment comparer ce type de violence dans trois sociétés différentes comme le Liban, la France et le Canada ? Le mouvement mondial de reconnaissance des violences contre les femmes est un élément majeur de la lutte contre les inégalités entre les sexes, mais le chiffrage et les comparaisons internationales relève d’enjeux politiques et sociaux considérables.

Il est difficile de chercher comment intégrer dans une théorie générale, universelle, les diversités qui se manifestent au travers de l’étude de l’individuel et du collectif. Parmi ces diversités figurent celle des histoires humaines et des cultures au sein desquelles elles naissent, s’expriment, se repèrent, agissent et se renouvellent. L’intérêt pour le culturel vient du fait qu’au delà du point de départ qu’est l’unité humaine, la première diversité qui interpelle le chercheur en sciences de l’Homme est la diversité culturelle et ses conséquences. C’et pour cette raison que l’approche interculturelle se voudra d’abord comparative parce que destinée à mettre en lien les conduites psychiques des sujets et leurs appartenances culturelles. Des recherches ont notamment révélé l’utilité des approches comparatives pour comprendre les processus de formation et de différenciation produits par les effets de milieu sur les représentations des sujets ou les constructions des images de soi chez des enfants ayant des statuts contrastés. La complexité de la question réside probablement dans la difficile entreprise que nous menons pour parvenir à une traduction des cultures. Cela nous amène, à partir des multiples définitions existantes, à retenir celles qui considèrent la culture comme ce qui a du sens pour un groupe donné et comme un ensemble de significations qui sont assimilées, dans un groupe, par un individu qui en fait le guide de ses conduites et qui les actualise dans différents contextes.

Tous les travaux et contributions qui ont accompagné les récits recueillis donneront aux notions d’identité le témoignage de la réalité et de la véracité. C’est ainsi que nous saisirons mieux ce partage des individus entre le pays réel fait de vécus quotidiens et le pays symbolique vers lequel portent les rêves et les désirs, parfois les fantasmes et les illusions. L’identité sera perçue et comprise dans son processus dynamique de construction et dans ses multiples facettes. En regroupant des approches aussi diverses et des points de vue aussi multiples, c’est la démarche multidisciplinaire, psychologique, sociale et culturelle qui apparaît comme le seul moyen d’accéder à une analyse éclairante de parcours, la difficile quête des origines, la laborieuse décision de transmettre et les confrontations des identités constitueront une grande partie dans notre étude sur les violences conjugales dans les sociétés libanaise, française et canadienne.