Chapitre 1 - Violence et agressivité dans la psychologie et dans les autres sciences humaines 

1. Conceptualisation de la violence :

Divers chercheurs ont tenté expliqué le concept de « violence » ; or la violence « Est un moyen permettant à un individu de dominer une autre personne en usant d’un pouvoir, de façon ouverte ou camouflée. La violence n’est pas une perte de contrôle mais une prise de contrôle afin d’obtenir ce que l’on veut. Elle est en soi une action dévastatrice qui peut se manifester par cinq types d’agression : verbale, psychologique, physique, sexuelle ou économique. La violence est inacceptable. Il est possible de l’éliminer ou du moins, de la diminuer puisqu’il s’agit d’un comportement appris et choisi.» (in Pour éviter des maux … choisis les bons mots, 2003).

La violence, du latin vis (force) et latus, participe passé de fero (porter), renvoie dans son acceptation première à l’utilisation de la force physique contre autrui. Dans ce cadre, Hélène Frappat écrit dans son livre : « Quelle soit diffuse ou spectaculaire, la violence est omniprésente: violence des coups et des agressions qui menacent l’intégrité physique des individus, violence des guerres, d’atteintes à la dignité de la personne humaine, d’agression dans le milieu du travail que le langage contemporain désigne sous le terme d’harcèlement. Pour cela, on n’a pas une violence mais des violences.» (Frappat, 2000, p.13).

Pour parvenir au concept, rapportons-nous à l’origine du mot « violence » qui en latin, violentia, signifie violence, force, caractère violent. Le verbe violare signifie traiter avec violence, profaner, transgresser. Ces termes doivent être rattachés à celui de vis, qui veut dire force, vigueur, puissance, violence, emploi de la force physique, mais aussi aux qualités d’abondance, d’essence ou au caractère essentiel d’une chose. Plus expressément le mot vis signifie la force en action, la ressource d’un corps pour exercer sa force, et donc la puissance, la valeur, la force vitale.

La violence serait la force en action, la force quand elle s’exerce. Il n’y a de force que pour autant qu’elle se manifeste dans une action, un mouvement; associée à une contrainte elle deviendrait violence.

La violence renvoie dans son acceptation première à l’utilisation de la force physique contre autrui.

Quoi qu’il en soit, la définition des Nations Unies s’est élargie et considère la violence comme acte violent tout acte, omission ou conduite, servant à infliger des souffrances physiques, sexuelles ou mentales, directement ou indirectement, au moyen de tromperies, de séduction, de menaces, de contraintes, ou de tout autre moyen, à toute femme, ayant pour but et pour effet de l’intimider, de la punir, ou de l’humilier, ou de la maintenir dans des rôles stéréotypés liés à son sexe, ou de lui refuser sa dignité humaine, son autonomie sexuelle, son intégrité physique, mentale, ou morale, ou d’ébranler sa sécurité personnelle, son amour-propre, ou sa personnalité, ou de diminuer ses capacités intellectuelles.

Donc, il faut éviter dans l’usage du concept de violence de lui donner une extension tant large qu’à la limite, c’est pourquoi nous saisirons sous le concept de violence toute atteinte à l’intégrité de la personne ; pour cela il faut distinguer entre : la violence physique (atteinte à l’intégrité corporelle), la violence sexuelle (atteinte ou tentative d’atteinte à l’intégrité sexuelle) et la violence psychologique (atteinte à l’intégrité psychique).

Sous ce terme, sont compris tant la violence verbale (cris, injures) que des comportements ayant pour fonction de rabaisser (humiliation, dénigrement) ou d’intimider (menaces, violence contre des objets …).

Dans le cadre de cette étude, nous nous intéressons au fait psycho-social formée de toute sorte de violences exercées sur les femmes et de tout phénomène de domination entre les sexes.

La forme de violence symbolique exprimée par Bourdieu désigne « des formes larvées et déguisées de contrainte qui ont pour caractéristiques de s’exercer avec l’assentiment des personnes qu’elles visent » (Bourdieu, 1998, p. 39); ainsi cette notion nous sera particulièrement utile en vue d’une meilleure compréhension de tout aspect de ce phénomène au sein de la famille.

De même, et en tentant de citer les plusieurs définitions de violence, de la plus restreinte à la plus large, « Il y a violence lorsqu’un être humain est atteint, par delà son intégrité physique, dans ce qu’on pourrait appeler son intégrité morale ou psychologique. Etre privé de liberté, calomnié, humilié, contraint de vivre, la violence n’est qu’une forme de force parmi d’autres.» (Mellon, Semellin, 1994, p.14).

D’un autre côté, « La violence est toute pratique qui attaque la liberté de l’autre d’une façon dangereuse et qui lui fait priver de sa liberté de pensée et de décision et de sa capacité de réalisation de soi, une attaque contre l’estime du partenaire, donc la violence est une maladie de liberté et de la dignité humaine… la violence règne et dysfonctionne le dialogue et la première victime sera la femme et la dignité du couple.»(in La lutte contre la violence envers la femme dans la famille au Liban, septembre 1997).

Les actes violents quels qu’en soient la nature et les protagonistes, sont une atteinte à l’intégrité physique et psychique de la personne. La violence est fondée sur un rapport de force ou de domination qui s’exerce par les brutalités physiques ou mentales entre au moins deux personnes. Il s’agit d’imposer sa volonté à l’autre, au besoin en l’humiliant, en le dévalorisant, le harcelant jusqu’à sa capitulation et sa soumission.

La violence est une atteinte à l’intégrité de la personne. L’atteinte à la personne est un concept éthique universel moderne, investi d’une forte approbation sociale : cette définition de la violence en forme de postulat se réfère aux notions contemporaines de respect des droits de la personne humaine. En cela, elle semble opérationnelle sur les plans juridique, politique et heuristique. Mais sa quantification s’avère délicate, car elle recouvre une réalité complexe et très diversifiée qu’il convient de décrire le plus finement possible.

‘« Au-delà des actes, la violence s’inscrit dans un fonctionnement d’emprise sur l’autre. Elle est fondée sur un rapport de force ou de domination qui s’exerce par les brutalités physiques ou mentales entre au moins deux personnes. Elle ressortit au désir d’imposer sa volonté à l’autre, de le dominer au besoin en l’humiliant, en le dévalorisant, en le harcelant jusqu’à sa capitulation et sa soumission.» (in Les violences envers les femmes en France, 2003, p.17).’

Contrairement au conflit, mode relationnel interactif susceptible d’entraîner du changement, la violence – signalant d’ailleurs l’incapacité à communiquer – est perpétrée de façon univoque et destructrice. Brutalités physiques et colère ne sont pas absentes des conflits, en général consécutifs à un litige. Quelle que soit la nature des actes, le mécanisme de violence se met en place dès lors que le vainqueur de l’altercation est toujours le même. Toutefois la violence ne comporte pas obligatoirement cette dimension de répétition qui induit une relation plus ou moins continue entre les protagonistes.

Si la violence familiale règne au foyer, ses conséquences peuvent aller de simples effets jusqu’à la mort…

Dans ses plusieurs formes, que ce soit physique, verbale, sexuelle, économique etc., les violences conjugales portent leurs conséquences néfastes et progressives sur le vécu psychique et mental des femmes et des enfants.

Ce sujet de violence familiale reste tabou dans la plupart de nos sociétés pour plusieurs raisons, notamment parce qu’il est considéré encore comme privé, pour cela la collecte de ses données et la saisie de toutes ses conséquences sur le vécu familial reste toujours difficile.

Si les femmes victimes se taisent, ne se défendent plus, cela ne signifie pas que le problème devient inexistant, au contraire il existe dans tout genre de sociétés et dépasse toutes barrières géographiques ou temporels. Smaoun confirme dans son étude :

‘« La violence domestique peut se produire dans toutes les classes sociales. Au regard des limites de la recherche, il est difficile d’émettre des généralités sur la position sociale des victimes de violence domestique… les recherches montrent que les agressions envers les femmes dépassent les barrières de classe, de culture ou de couleur.» (Smaoun, 1999, p.18)’

Malgré les efforts fournis par les centres de recherche, les organisations, la police et les centres hospitaliers, les statistiques restent toujours insuffisantes en ce domaine. Le plus grand obstacle serait toujours le silence des victimes et leur refus d’en parler, soit parce qu’elles ont peur ou honte soit parce qu’elles se culpabilisent et banalisent le problème. Toutefois, et malgré ces réserves, les chiffres disponibles et qu’on évoquera plus tard peuvent apporter un éclairage du phénomène et attester de sa gravité.

Enfin, Les actes violents quels qu’en soient la nature et les protagonistes, sont une atteinte à l’intégrité physique et psychique de la personne. La violence est fondée sur un rapport de force ou de domination qui s’exerce par les brutalités physiques ou mentales entre au moins deux personnes. Il s’agit d’imposer sa volonté à l’autre, au besoin en l’humiliant, en le dévalorisant, le harcelant jusqu’à sa capitulation et sa soumission, la première victime reste toujours la femme et la dignité du couple.