4. L’analyse criminologique traditionnelle :

La criminologie traditionnelle issue de la tradition anglo-saxonne définit la violence comme tout acte causant des dommages ou des blessures physiques ou psychologiques. Cette définition est évidemment insatisfaisante car elle néglige plusieurs situations d’insécurité et de risques commis par les violents envers leurs victimes et leurs familles, même si ces situations ne sont pas considérées comme illégales.

Cette conception criminologique se base sur les moyens d’analyse et de prévention des actes criminels commis par les hommes. Donc dans la mesure où ces actes de violences physiques ou sexuelles sont légalement catégorisées. Dans ce sens, la violence conjugale vient de l’ordre du privé, de l’intime familial si elle ne s’exerce pas dans un espace public ou si elle n’engendre pas des blessures physiques perçues.

L’explication criminologique donne des justifications aux actes violents comme s’ils les commettent ont des troubles psychologiques et sexuelles identifiées, ou s’ils n’arrivent pas à contrôler leurs attitudes ou pulsions, ou s’ils appartiennent à quelques groupes religieuses ou ethniques qui légitiment leurs actes de violence.

Mais face à ces justifications, on peut s’attendre que tous les hommes dans un tel contexte doivent être des hommes violents, et cela est tellement faux. Même si on trouve des cas de violences conjugales commises par des femmes contre leurs époux, mais celles commises par les hommes contre leurs épouses sont évidemment beaucoup plus nombreuses. Les femmes peuvent être violentes mais les hommes le sont beaucoup plus. Si pas tous les hommes sont violents, mais tous le peuvent être et pour des raisons multiples qui se diffèrent d’un homme à un autre.

Cette analyse criminologique n’accorde pas d’importance aux expériences individuelles des victimes, elle se base sur l’explication des facteurs qui ont poussé l’homme à exercer ces actes violents. De ce côté, on risque que les victimes se culpabilisent et prennent responsabilité de leurs situations vécues.

L’école criminologique ne s’intéresse pas aux actes de violences exercées dans l’espace privé, tandis que cette dernière est plus répandue et porte plus d’impacts que celle publique. Cette école néglige de même les éléments culturels et sociaux qui suscitent quelques actes de violence, ainsi que toute forme d’inégalité des rapports de force entre sexes.

Profitant du système patriarcal, les hommes abusent de ce privilège, leurs autorités et leur pouvoir sont souvent légitimés par des éléments religieux, économiques, sociaux et culturels. C’est souvent ce système patriarcal, cette reproduction sociale, ces fausses images ancrées dans les esprits qui alimentent et fortifient cette domination exercée des hommes sur les femmes.

L’objectif primordial de l’homme violent est d’exercer le contrôle sur son partenaire, même si l’analyse criminologique a porté quelques significations dans le temps, mais actuellement on tend beaucoup plus à une analyse qui étudie toutes les dimensions de la violence conjugale, qui prend en compte toutes les expériences des femmes victimes et qui analysent profondément tout ses impacts sur l’estime personnel et sur le développement des femmes et de leurs enfants en question.