8. La violence : action et réaction :

On dit que l’homme est un animal raisonnable, alors peut-on vraiment associer le phénomène de la violence à des causes éducationnelles ? Même si nos pulsions agressives, qui font partie de notre bagage génétique, peuvent conduire à des comportements violents, ce ne sont pourtant pas tous les gens qui s’adonnent à cette violence. La qualité de l’éducation reçue y serait donc pour quelque chose. L’éducateur médiocre peut difficilement contribuer à l’épanouissement de ses proches, alors qu’un parent bon pédagogue n’a nul besoin de recourir à la violence pour éduquer ses enfants. Malheureusement, on ne choisit pas ses parents, ni ses éducateurs.

On peut maîtriser l’agressivité de diverses façons encore beaucoup plus pratiques : « C’est une attitude qui peut finir par être dévalorisante, l’agressivité a souvent des conséquences fâcheuses, que ce soit en amitié, au travail ou en amour, pouvant finir par provoquer un rejet de la part des autres. Se défendre en attaquant : c’est la technique de l’agressé-agresseur. Gérer autrement les conflits, dialoguer, comprendre l’autre attitude, apprendre à exprimer les émotions clairement, ces moyens peuvent réduire l’impact des facteurs déclenchants de l’agressivité et qui sont généralement le stress, l’insatisfaction, la frustration et les soucis personnels.» (in venez à bout de votre agressivité, 2002).

Si ces moyens portent le caractère de pratique, il faut tellement les renforcer par des attitudes comportementales et cognitives. Dans la vie quotidienne, chacun y est confronté dans le double rôle d’agresseur et d’agressé, en ce sens il faut maîtriser les relations avec l’environnement. La mise en œuvre des différents comportements requiert un ensemble de facultés et de performances sans lesquelles l’individu ne saurait maîtriser le dialogue qu’il conduit avec son environnement.

La définition de l’amour est relative et varie selon les sociétés. « Le côté social s’appuie sur la spécificité des rapports sociaux de sexe, qui peuvent s’analyser comme relations entre deux classes liées par des conflits de pouvoir, avec ceci de particulier qu’ils ont les seuls rapports de classe où le dominant et le dominé sont supposés à s’aimer.» (Houel, Mercader et Sobota, 2003, p. 20).

La haine existante dans des propres relations amoureuses et cette part de haine peut être située comme une composante majeure du désir et même du plaisir. Ainsi en satisfaisant ces désirs violents et agressifs, ceci ne niera pas la violence.

‘« L’invention à cette époque du crime passionnel est liée au besoin de continuer à plaider, mais aussi à raisonner l’exception d’un fait social qui appelle l’excuse et l’indulgence dans l’opinion publique… La passion, qu’elle soit envisagée comme maladie de l’âme, force morale, forme exacerbée de l’amour ou encore comme symptôme de l’aliénation mentale, est en dernier ressort dans l’imaginaire social cette puissante dynamique, positive ou néfaste selon les courants philosophiques, contre laquelle toute rébellion est inutile. Tout naturellement, cette approche induit la perception d’une sorte de fatalité des crimes commis sous l’effet de la passion, à même de justifier une singularité du traitement réservé à leurs auteurs qui ne sauraient être assimilés aux autres délinquants.» (Houel et al., 2003, p. 43,44). ’

L’apparition de la notion du crime passionnel est en effet contemporaine de la séparation qui s’opère entre la vie publique et la vie privée. Avec la structuration d’espaces de contrôle qui se différencient en nature et en intensité, la cellule familiale moderne s’ébauche autour de la figure de la femme au foyer dans sa triple acceptation de mère, de ménagère et d’épouse. La valorisation des fonctions familiales passe par l’introduction de nouvelles pratiques et habitudes domestiques, le changement des modes relationnels entre membres de la famille et surtout par l’évolution de la conception du mariage où l’amour s’impose comme le moteur essentiel.

Si la société légitime la violence conjugale, elle l’aggrave malgré que ce type de violence varie d’une époque à l’autre et, bien évidemment, d’un couple à l’autre. Si la violence est une réaction de défense contre soi-même, elle est acceptée mais si elle est exercée pour détruire l’autre, elle est parfaitement refusée. Une situation de conflit entre conjoints est normale, elle est parfois un moyen pour pouvoir convaincre l’autre, mais la violence de l’un contre l’autre est une situation anormale car elle ne conduit qu’à éliminer l’autre.

‘« L’égalité des sexes n’est pas qu’un principe fondateur des droits du genre humain. C’est aussi le droit le plus concret, et qui garantit tous les autres, la possibilité pour les femmes de choisir et de maîtriser leur vie… l’éducation s’impose partout comme le moteur du changement… l’égalité des sexes s’impose, dans toutes les analyses récentes, comme la condition sine qua non du développement économique, social et personnel.» (Ockrent, 2006, p. 689). ’

On fait de la femme une idée fausse ou infondée. Dans tous les pays de la terre où vivent des hommes et des femmes, nous voyons les premiers régner et les secondes subir leur domination. Si les femmes étaient, de par la nature, les égales des hommes en force de caractère et en intelligence, l’expérience politique le proclamerait bien.

Comme cela ce n’est pas produit, il est permis d’affirmer que les femmes ne jouissent pas naturellement d’un droit égal à celui des hommes, mais qu’elles leur sont naturellement inférieures. Plusieurs traités fortifient cette attitude : « Pour Hegel, les femmes, même cultivées, ne sont pas faites pour les sciences supérieures, la philosophie et certaines créations de l’art. Elles peuvent avoir des idées, du goût, mais non accéder à l’idéal. La différence entre l’homme et la femme est analogue à celle entre l’animal et la plante. Car la femme a davantage un développement paisible, dont le principe est la sensibilité. Si les femmes sont à la tête du gouvernement, l’Etat est en danger, car elles n’agissent pas comme l’exige l’intérêt général, mais au gré des inclinations et des opinions du moment.» (Conche, in la femme comme mythe…, p. 87).

Plusieurs n’accordent à la femme que le prix de consolation de la supériorité affective, réservant à l’homme le droit au commandement, et le mythe de la supériorité de l’homme a pour conséquences des comportements sexistes et justifie des politiques inégalitaires.

Le masculin et le féminin sont simplement différents, et c’est pourquoi ils sont complémentaires et éducables chacun par l’autre. L’avantage de la force physique est nul s’il s’agit de penser. L’avantage de la supériorité intellectuelle est nul s’il s’agit d’aimer. Que l’homme ait la force physique, cela n’a aucun poids devant l’intelligence.