5. La violence verbale, la violence la plus oubliée :

La violence conjugale est la violence la plus silencieuse, dont la psychologique est la plus méconnue, celle sexuelle est la plus redoutée et la plus cachée ; la violence physique est la plus connue, il ne nous reste que la violence verbale qui est la violence la plus oubliée.

La violence verbale est la répétition constante de paroles insultantes ou d’injures à une femme. En traitant la femme d’idiote, de paresseuse, d’inutile … ou autre, l’homme la blesse autant que s’il la frappait, car elle perd l’estime d’elle-même. Les femmes qui vivent de telles situations en viennent à croire qu’elles sont idiotes ou bonnes à rien et pensent qu’il est inutile d’essayer d’être autre chose. Tout abus verbal peut entraîner une série de problèmes comportementaux, émotionnels et physiques.

La violence verbale se traduit par l’utilisation de mots blessants ou humiliants : attribuer un surnom ridicule à quelqu’un, insulter une personne, faire des commentaires racistes ou des taquineries incessantes.

N’importe qui peut être victime de violence, nous sommes tous amenés à un moment de notre vie à rencontrer une de ces situations, violence infligée par des frères, des sœurs, des voisins, des adultes ou pas d’autres jeunes … Certains individus peuvent être victimes de violence très jeunes alors que d’autres peuvent subir ce genre de pression beaucoup plus tard.

Beaucoup de personnes victimes de violence ont tendance à se sentir coupables, à penser que c’est de leur faute si elles se sont fait agresser, elles croient avoir dit ou fait quelque chose de mal. Cependant, ce ne sont pas elles qui sont en cause mais bien l’agresseur qui cherche une victime, quelle qu’elle soit.

Dans le cadre de la violence conjugale, ce type de violence se caractérise par des comportements tels que : des insultes, des injures, des menaces, des interdictions, des ordres, des sarcasmes, des éclats de voix ou un timbre de voix reconnu comme « dangereux », le but est de créer de la tension, de l’insécurité et de la peur chez la femme et la maintenir dans un état de peur afin qu’elle obéisse à ses exigences.

‘« La violence verbale manipule et contrôle. Il arrive souvent que la personne qui subit de la violence verbale ne se rende pas compte qu’elle est manipulée et contrôlée mais elle s’aperçoit qu’elle est moins heureuse que d’habitude. Quand on vous la jette à la figure, vous vous sentez consterné, abasourdi et désemparé. Vous diminue et rabaisse vos talents. Ce sont des paroles qui peuvent vous amener à croire que vous n’êtes pas correct ou qu’il y a un problème avec vos capacités.» (in Parlons de la violence verbale…, 2003). ’

De même, il est normal que le comportement des autres nous agace parfois. C’est le lot de toute vie de couple ou de famille. La proximité d’autrui nécessite justement de faire des concessions et d’accepter des comportements d’autrui. « Mais la violence verbale ne se résume pas uniquement à des gros mots ou un énervement excessif. Elle peut se cacher dans votre ton ou votre manière de vous adresser à l’autre. Certaines remarques ou certains mots sont parfois des coups violents. Ceux-ci laissent aussi des blessures, même si elles sont invisibles.» (in Halte à la violence verbale, Amnesty international, 2003).

Ainsi cette forme de violence attaque l’estime de la femme violentée : «La violence verbale se manifeste dans les modes de communication entre les partenaires et prend la forme de hurlements, de vociférations, de chuchotements ou de silences. Elle peut prendre également la forme de commentaires dégradants, de reproches, d’accusations injustifiées. Les insultes visent, par la vulgarité, à blesser l’estime de soi». (in Labasque, 2001). Dans le même cadre, « La violence verbale est la violence de la déréliction, pernicieuse, perverse et attentatoire, mène à une succession – à un cercle vicieux, elle est souvent une recrudescence de la violence physique. Aux blessures du cœur, on ajoute les blessures du corps.» (in La justice a bonne mine, 2002).

La violence verbale crée un sentiment de peur, de honte et de gène pour celle qui la subisse, elle se traduit par des cris, des insultes et des menaces, elle crée un sentiment de peur. Malheureusement, cette forme de violence est la plus fréquente.

On peut donc conclure que la violence verbale peut se caractériser par des cris, des éclats de voix ou par des hurlements. En forçant la voix, l’homme cherche à l’intimider et à menacer sa compagne. Aussi, il va compter sur l’intonation pour lui faire comprendre que quelque chose ne fait pas son affaire et ainsi l’obliger à obtempérer à son désir. De plus, cette violence peut s’exercer sur un ton de voix habituel en y ajoutant des insultes, des injures, des menaces de coups et de sarcasmes. Aussi, la violence verbale se traduit par des interdictions, du chantage ou par des ordres, il est à noter que le seul et unique but de cette forme de violence est d’atteindre personnellement les victimes.

La violence verbale peut se présenter sous plusieurs formes. Un de ces comportements certifie que cette personne utilise de la violence verbale : crie, traite de toux les noms, harcèlement en passant des remarques désobligeantes, accablement d’insultes, parler comme si que personne d’autre ne voudrait de la femme, ou comme si elle est un enfant ou une idiote, ridiculiser son apparence, menacer de faire du mal à sa femme, à ceux qu’elle aime …

La violence verbale peut de présenter sous d’autres formes :

La violence verbale se caractérise par ces mécanismes de fonctionnement dont les plus essentiels sont :

La violence verbale qui déstabilise et use :

L’abus de pouvoir :

Le manque du respect:

Le secret et le mensonge :

La démission et l’abandon des responsabilités :

La brimade économique :

Le comportement auto-destructeur:

Le contrôle et l’isolement:

Les menaces:

La surveillance et les brimades :

Des fois, les mots faisaient mal comme si on se touchait « lorsque quelqu’un nous parle de violence, c’est d’abord à la violence physique à laquelle nous pensons. De même, nous sommes portés à ne considérer comme abus véritables que ceux qui sont liés à une forme quelconque de violence ». (in Larocque, 2001).

La violence verbale blesse plus que son équivalent physique, elle est pire que la violence physique parce qu’elle est plus subtile, plus recherchée, plus pénétrante. La violence verbale suppose une lucidité intellectuelle : pour faire mal, l’injure doit toucher un point faible, elle suppose une stratégie de la cruauté. L’insulte est une manipulation psychologique : le viol de la conscience personnelle de l’estime de soi à grande échelle, c’est le viol collectif de l’éthique des civilisations.

On peut considérer que la violence verbale est l’une des formes de la violence psychologique et la différence entre des deux formes de violence se fait seulement pour la différenciation. Car, la violence psychologique a pour effet de diriger la femme dans sa valeur en tant qu’individu (contrôle constant, harcèlement, chantage, menaces) elle peut se traduire par des actes de rejet, d’abaissement, en provoquant de la teneur et de l’isolement, en exploitation la personne et même en l’ignorant.

La violence ne commence pas avec les coups, comme on le croit souvent, mais bien avant. On a tendance à sous-estimer la violence psychologique, voire à ne pas la reconnaître, elle sévit pourtant de nombreuses manières.

‘« La violence commence toujours par la parole, autrement, comment un homme pourrait-il faire admettre à une femme qu’il va la frapper ? La majorité des conjoints violents préparent d’abord le terrain en intimidant leur compagne, et leur violence s’exprime ensuite par des éclats de voix, des cris et des hurlements. Le chantage est également utilisé pour interdire ou donner des ordres.» (in Revue Canoê, 2001). ’

Les violences conjugales ne portent pas des conséquences sur le plan physique seulement, mais peuvent aussi causer des effets sur le plan moral et psychique si ces violences étaient de formes psychologiques et verbales.

‘« La violence purement psychique regroupe tous les moyens d’oppression, de dégradation de l’individu quelle que soit leur expression… face à cette multitude de violences, notre société se focalise sur la violence physique car elle peut conduire à la mort, source de phantasme et de fascination particulièrement puissante… la violence n’est plus physique mais est principalement psychique.» (in Revue CIAO, 2003). ’

L’agression suit généralement certaines étapes. La première est la violence psychologique et c’est la plus difficile à détecter. L’agresseur utilise des mots et des moyens indirects afin de faire perdre la confiance de la victime et son estime d’elle-même. Lorsque l’agresseur voit que cette violence n’exerce plus le contrôle souhaité sur la victime, il monte d’un cran, il utilise la violence verbale qui est beaucoup plus directe. Nous voyons donc comment ces deux types de violence sont interdépendants, lié l’un à l’autre.

‘« Tout acte de violence comporte des éléments de violence psychologique, quelle que soit la forme que prend la violence « négligence, violence physique, exploitation sexuelle ou exploitation financière », elle a des conséquences au plan psychologique.» (in Dussault, la francophonie notre monde à nous). ’

Les deux types de violences que ce soit verbales ou psychologiques, bien que difficilement quantifiables et souvent sous-estimées, apportent aussi leur lot de conséquences sur la santé physique et mentale des victimes ; la dernière campagne nationale de sensibilisation au Canada en 2003 « La violence c’est pas toujours frappant mais ça fait toujours mal » vient justement nous rappeler que la violence peut aussi être subtile.

Quand l’homme dénigre les capacités intellectuelles de sa femme, nie toute sa façon d’être, l’humilie, il exerce sur elle une violence psychologique.

En toutes ses formes, que ce soit physique, verbale, psychologique, sexuelle ou économique, la violence conjugale détruit l’image de la femme, la rende en insécurité et en angoisse continu, porte ses effets néfastes sur les enfants, sur la relation entre conjoints, et sur celle entre parents et enfants aussi.