6. Violences conjugales : cycle et impacts :

La répétition des actes violents et leurs constances selon un cycle aggravent les situations conflictuelles et leurs dommages sur le plan psychologique de la femme.

Les trois phases du cycle de la violence, que celle-ci soit verbale ou autre, varient en temps et en intensité durant la vie d’un même couple et d’un couple à l’autre.

‘« La violence se manifeste au cours de scènes répétées, de plus en plus sévères… elles obéissent à des cycles où, après les moments de la crise, s’installent des périodes de rémission au cours desquelles les femmes reprennent l’espoir de la disparition des violences. Cependant la fréquence et l’intensité des scènes de violence augmentent avec le temps.» (in les femmes victimes de violences conjugales…, 2002). ’

La violence débute généralement par des agressions psychologiques qui dénigrent la personne, ce qu’elle est, ce qu’elle dit et ce qu’elle fait. La violence verbale, les insultes, les menaces souvent l’agression physique. Celle-ci devient plus sévère avec le temps.

Lorsque la violence physique fait partie des modes de relations d’un couple, on peut être sûr que les autres formes de violences existent.

La violence commence toujours par la parole. Autrement, comment un homme pourrait-il faire admettre à une femme qu’il va frapper ? La réponse c’est que la majorité des conjoints violents préparent d’abord le terrain en intimidant leur compagne, et que leur violence s’exprime ensuite par des éclats de voix, des cris et des hurlements. Le chantage est également utilisé pour interdire ou donner des ordres.

Les femmes victimes de la violence conjugale vivent une grande détresse psychologique et sociale. En effet, les conjointes qui ont un niveau de détresse psychologique élevé connaissent des taux de violence physique, sexuelle et verbale significativement supérieurs à ceux des conjointes qui présentent un niveau bas ou moyen.

La violence physique marque le corps de la femme, pour éviter qu’on ne leur pose des questions à propos des traces visibles qu’elles ont sur le corps, elles inventent souvent des excuses.

Les violences conjugales portent ses conséquences les plus profondes et les plus durables sur le plan de la santé mentale : stress, anxiété, tendance à la dépression … Ainsi les problèmes de santé mentale sont plus nombreux chez les victimes que les problèmes physiques.

Les violences physique, psychologique et sexuelle s’accompagnent donc de stress et de tension qui entament le bien-être, la santé physique et psychique des femmes. Elles perdent confiance en elles et doutent de leurs compétences aussi bien dans leur vie professionnelle qu’au sein du foyer. « Le sentiment de frustration s’accumule durant des années. Pour continuer à vivre selon cette prescription on n’a d’autre choix que de se contenir et de s’éteindre afin de ne pas trop ressentir la frustration» (Larivey, in Querelles et chicanes dans le couple…, 2000) ainsi que la femme risque de perdre son image d’elle-même, perd son autonomie et son vécu demeure toujours sous tension, « les femmes violentées, augmentent leur seuil de tolérance parce qu’elles se conditionnent constamment à subir un climat de tension. Elles doutent de plus en plus de leurs émotions et de leur propre compréhension de la situation. Elles somatisent, deviennent anxieuses et dépressives. L’image qu’elles ont d’elles-mêmes ne peut plus être que celle d’une victime impuissante. Il est donc inévitable qu’elles perdent complètement leur dynamisme et leur énergie vitale.» (in Revue Canoê, 2001).

Voici les principales conséquences de la violence conjugale sur la femme et sur sa situation en société. Bien qu’elles soient diverses et graves à la fois, essayons de voir si elles ont les mêmes caractéristiques pour les enfants.

Des répercussions néfastes tombent sur les enfants, or, quand la violence se manifeste dans la maison, dans la plupart du temps les enfants sont présents.

Dans le cadre de violence conjugale, les enfants souffrent donc de la violence, ils deviennent nerveux et agressifs. Certains encore craignent le père. La violence conjugale modifie la personnalité des enfants, les rend plus agressifs ou timides, et affecte leur rendement scolaire et parfois les enfants maltraitent et menacent la mère, tout comme le fait le père.

Ces observations nous montrent l’importance de ce facteur dans la prise de décision chez les mères violentées. Tout semble indiquer que, quand les femmes comprennent les effets à long terme que les violences peuvent avoir sur les enfants, elles sont peut-être plus à même de trouver la force et le courage nécessaires pour en parler, consulter quelqu’un ou aller chez des associations spécialisées. Dans ce cadre, les enfants qui voient leur mère victime de violence risquent tout particulièrement de connaître des problèmes d’adaptation sur le plan émotionnel à l’âge adulte.

On peut dire que la violence conjugale entraîne des conséquences néfastes non seulement pour les femmes, mais certainement aussi pour les enfants. En voyant leur père agresser leur mère, ils font l’apprentissage de la violence. Ils apprennent d’une part qu’il est dans l’ordre des choses que la femme soit violentée par l’homme et, d’autre part, que la violence est un moyen normal de régler les conflits. Ils courent ainsi plus de risques de se retrouver à l’âge adulte dans des relations agresseur-victime ; cycle qui ne se termine jamais. Les psychologues contemporains, malgré les préventions et les prises de conscience qu’ils suscitent auprès des gens; confirment qu’un enfant témoin de violence ne peut pas s’en échapper … quelque soit l’acte … qui doit se manifester toujours quelque part.

Enfin, les conséquences repérées par la question de l’insécurité ressentie et effective pour les femmes sont les plus essentielles et au nombre de deux, risque de naturalisation des rapports sociaux de sexe et pas de prise en compte de la notion de la violence masculine et de la domination masculine.

Les théories psychologiques exposées ci-après, s’appliquent à toute forme de violence familiale et ne concernent pas spécifiquement la violence contre les femmes.

Les premières études sont marquées par la prégnance du modèle psychopathologique. Celui-ci situe l’origine du problème dans la personnalité de l’homme violent et/ou de la victime. Il centre l’analyse sur les traits de personnalité des protagonistes, les systèmes de défense interne, la présence d’une psychopathologie ou d’une maladie mentale.

L’approche psychosociale intègre une dimension sociale dans l’explication des comportements des individu(e)s. Dans le sens que :

Une analyse révélatrice sur les femmes mal traitées est souvent nécessaire pour qu’on puisse traduire l’impuissance apprise, pour expliquer la difficulté qu’ont ces femmes à réagir. Une autre approche met en évidence l’impact d’autres évènements sur le fonctionnement familial ; conflit, dépendance et pouvoir dans le couple se répercutent sous forme de facteurs déclenchants à l’intérieur de la famille et aboutissent à la violence. L’approche socioculturelle cherche dans l’organisation sociale et la culture des groupes les facteurs responsables de la violence, notamment le niveau intellectuel pour voir que si ce facteur agit sur le phénomène de la violence conjugale.