8. Profil de l’homme violent :

Les hommes violents existaient en tout lieu et en tout temps, on tente de faire croire que comprendre l’agresseur fait partie du modèle dit objectif. Le jugement de certains observateurs est ainsi teinté par les justifications qui tentent de trouver des solutions au problème de la violence conjugale selon leur propre perception de la violence masculine. De cette manière, on ne tient pas compte des victimes et on nie l’inégalité du pouvoir entre les sexes.

On interprète également les gestes posés par l’agresseur en faisant une analyse individuelle de la personnalité ou de l’histoire personnelle de l’agresseur. Ce qui a pour effet de déresponsabiliser le conjoint violent et lui évite souvent des sanctions. Cette attitude générale fait passer sous silence l’impact moral et psychologique de la violence sur les victimes.

Comment peut-on expliquer son comportement et par quels moyens ? « Pour établir son contrôle, l’homme use de différentes formes de violence physique et peut se contenter d’intimider la femme par des menaces incessantes. Si elle ne se soumet pas, l’homme recourt alors à la violence physique.» (in Halte à la violence contre les femmes dans le couple, 2002). Et donc l’absence de communication, sa difficulté de faire un dialogue et son vœu incessant d’imposer son autorité pousse l’homme à violenter sa femme de toute forme jusqu’à la violence physique.

Dire que les hommes exerçant la violence conjugale sont violents dans toutes leurs relations, semble être un mythe. Or les hommes qui croient que la conjointe leur appartient et doit être contrôlée, ne croient pas la même chose au sujet d’autres personnes, et en conséquence, ne sont pas nécessairement violents envers ces autres relations. D’ailleurs, souvent les gens en dehors du cercle intime du couple ne peuvent croire en la violence de l’homme : en effet, ce dernier se comporte avec eux de façon très calme et agréable. Il peut donc être charmeur mais aussi manipulateur, c’est à dire qu’il sait bien cacher son véritable visage dans ses relations sociales.

La question qui se pose ici est : Y a-t-il un portrait type d’un homme violent ? Avant tout, il est important de préciser qu’un portrait type d’un agresseur n’est pas facile à déterminer. Pourtant il pourrait être très utile d’établir le portrait d’un homme violent, son caractère, son physique et peut être même son statut social. Cependant il n’est pas simple de prévoir qu’un homme deviendra violent avec sa conjointe plus tard, puisqu’au début ils sont si gentils avec leurs conjointes.

‘« Ce ne sont pas tous les hommes violents qui ont une faible estime de soi ou les autres traits psychologiques qui ont été attribués aux hommes violents. Il est évident que le cas de la mère omniprésente n’est pas quelque chose qui est arrivé à tous les hommes violents, dans certains cas, peut-être qu’enfants ils ont vu leur père battre ou contrôler leur mère. Ils peuvent même avoir été victimes de violence de la part de leurs pères. Il est possible que rien de tout cela ne soit arrivé et que c’est seulement eux les seuls responsables de leurs actes violents, ou encore on dit que dans certains cas le fait de boire ou de prendre de la drogue est une cause de violence.» (in L’amour ne fait pas toujours mal…). ’

Et donc, il n’existe pas de portrait type des hommes qui violentent leurs femmes. Ces hommes sont très souvent des hommes ordinaires, forts aimables avec les autres et leur entourage, mais méprisants, autoritaires et contrôlant avec leurs femmes.

‘« Les hommes violents cherchent habituellement à contrôler le comportement et la sexualité de leur partenaire. Les conjoints agressifs ont souvent une notion de la virilité qui inclut le contrôle de la fécondité.» (in la violence conjugale et familiale…, 1998). ’

L’obsession du contrôle, dénigrer la victime, le changement de caractère (dans la maison et hors la maison)… semblent être le caractère de l’homme violent.

‘« Les harceleurs pervers répondent à une sorte de portrait type dont il est possible d’esquisser les traits principaux. Ce sont avant tout des personnes déséquilibrées qui ressentent un besoin compulsif de s’en prendre à quelqu’un. Ils ont besoin de mettre la main sur une victime et passent une partie de leur temps à identifier la cible idéale. Celle-ci, sans être faible de nature, sera par contre facilement mise en position d’infériorité. Le harceleur présente en règle générale deux visages distincts. En public, il se montre affable et beau parleur, il aime se mettre en valeur et vante ses qualités, souvent imaginaires, devant sa cible, il change du tout au tout. Il devient irritable, agressif et arrogant.» (Hirigoyen, 1998, p. 56). ’

Il est reconnu que les hommes qui exercent des actes de violence décident eux-mêmes de leur façon de se comporter et de répondre aux frustrations internes et externes dans leurs rapports avec autrui. Il s’ensuit que les hommes qui commettent des actes de violence à l’encontre des femmes sont responsables de leur conduite répréhensible et que, à l’inverse, leurs victimes ne sont pas responsables des mauvais traitements qu’elles subissent.

Difficile pour un homme d’avouer qu’il est un homme violent, dans beaucoup de conflits, les mots accompagnent les coups. Les mots traduisent dans leur choix et leur intonation, les idées et les motivations qui dominent le psychisme à ce moment là, la faire taire, la tuer, … « On croit qu’on frappe parce qu’on n’a plus de mots. Ce n’est pas tout à fait exact. La violence n’est pas d’abord un problème de communication, mais plutôt un problème de contrôle et de gestion des affects… à ce moment là, on peut ressentir un sentiment d’impuissance, d’anéantissement, de violence intérieure insupportable » (Accorsi, 2003, p. 69), et donc d’après ce qui a été dit la violence est souvent réactionnelle, mais elle est surtout le langage du désespoir. Dans tous les cas où quelque soit la forme de la violence on a une femme victime de violence conjugale…