10. Profil de la femme violentée :

Une femme victime de violence conjugale est une femme battue (violence physique) menacée de l’être ou objet de scènes de violence qui laissent présumer qu’elle le sera (violence verbale), humiliée par des critiques, des railleries et des insultes qui à la longue peuvent détruire la personnalité et l’assurance (violence psychologique), ayant des relations sexuelles influencées par la violence ou contrainte par l’agresseur (violence sexuelle) ou contrôlée dans ses moyens et ses choix financiers (violence économique) ; la violence se déroulant dans le cadre d’une relation de couple.

Dans le contexte d’une culture dite traditionnelle, « L’image de la femme dans la culture régnante est l’image de la femme dominée et soumise à l’autorité et chaque essai de détachement de cette image sera considéré comme un détachement des valeurs et des traditions de la société, qui mérite une sanction, et cette sanction peut prendre plusieurs images dont le droit de battre et même de tuer.» (Marnissi, 1984, p. 30).

La femme malgré son évolution garde et vit toujours les mêmes difficultés que ce soit au sein de son foyer qu’au niveau social.

‘« La double valeur qui entoure la femme et sa vie personnelle n’a pas changé, elle est toujours accablée au tabou et au sacré, l’image externe de la femme s’est changée mais le contenu de leurs vies reste l’esclave des interdits qui ne résulte que la peur et l’angoisse.» (Charafeddine, 2002, p. 71). ’

L’absence de dialogue est le trait caractérisant le foyer où la violence s’exerce, la femme violentée n’arrive pas même à discuter avec son mari ni à donner son avis à propos de certains sujets. « Les femmes maltraitées sont fréquemment dans l’impossibilité de discuter de la planification d’une grossesse, même de simples soins de beauté, car de telles discussions sont ressenties comme une menace par leur partenaire.» (in La violence conjugale et familiale…, 1998).

De même, nous devons chercher à savoir si les modèles intériorisés par les femmes concernant les rôles sexuels, la valeur du féminin et la tolérance à la violence sont liés à la violence subie. On peut en effet s’attendre à ce que des femmes ayant une image traditionnelle du couple, dans laquelle la femme est dépendante de l’homme, ou une image négative de leur propre sexe, ou encore des représentations tolérant la violence, soient moins à même de s’affirmer et de se faire respecter dans le cadre d’une relation de couple, ces modèles intériorisés par la femme facilitent de plus en plus le recours du mari à la violence, une femme qui croit en la dépendance et l’autorité de l’homme sera nécessairement inférieure à l’homme. C’est une forme spécifique de domination qui engendre la violence, celle dans laquelle l’homme met son épouse en position d’infériorité en voulant avoir le dernier mot, en prenant seul les décisions, en la contrôlant, en obtenant sa soumission sexuelle et en la dévalorisant.

Le mot « peur » revient, le plus souvent utilisé par les femmes violentées. Peur quand l’homme menace ou devient violent, peur que la violence augmente si elles se défendent. La honte est également un sentiment partagé qui incite les femmes à cacher la violence subie. Lorsque la violence est fréquente s’installe un climat d’angoisse et de peur. Plusieurs femmes ont peur d’êtres tuées et croient leur mari capable de passer à l’acte. Cette terreur de la mort imminente explique, dans bien des cas, pourquoi elles ne peuvent réagir. Il ne leur reste en effet qu’à se tenir tranquilles pour survivre. En outre, les femmes éprouvent un sentiment de honte particulièrement vif lorsque la violence a lieu en public, car l’auteur des coups est l’être qui est censé les aimer.

Dire qu’aider les femmes violentées ne sert à rien car elles y retourneront est faux. Beaucoup de femmes violentées passent par un stade ambivalent, où elles tentent de décider si elles doivent partir ou rester. Elles s’en vont pour voir si elles peuvent survivre en dehors de ces relations, et reviennent pour voir si ces relations peuvent changer. Cette période permet aux femmes de finir par résoudre leur situation et sortir du cycle de violence.

Tout comme pour l’homme violent, la femme battue peut venir de tous les milieux. Un portrait type ne peut pas être très précis car elle peut venir de toutes les couches de la société. Nous ne devons pas généraliser, mais les femmes qui sont dans des couples violents vont avoir certaines ressemblances, ces ressemblances sont souvent attribuées au passé de la femme. En effet, la femme qui a vu son père battre ou dominer sa mère sera plus propice au même traitement. Les actions de son père peuvent paraître normales et elle n’y trouvera rien d’anormal si elle subit les mêmes actions. Par contre, il faut faire attention car ce n’est pas le cas chez toutes les femmes. La violence psychologique va causer chez la femme battue un certain sentiment de culpabilité profonde. Elle va se questionner constamment afin de comprendre pourquoi son conjoint agit de telle sorte. La femme battue tentera à maintes reprises de ne pas offenser son conjoint afin qu’il ne se mette pas en colère.

Le stress fera son apparition et la femme sera toujours dans l’inquiétude de gestes violents de la part de son conjoint. La peur et l’insécurité sont aussi des sentiments que la femme battue peut ressentir. Ces sentiments sont étroitement reliés à la violence psychologique verbale. En effet, les menaces et tout autre avertissement violent vont amener la femme battue à être soumise à son conjoint par défaut de se faire agresser ou même tuer. La violence verbale que le conjoint utilise va aussi causer des pertes d’estime chez la femme et même la honte. La femme battue va se replier sur elle-même car elle aura trop honte d’elle pour aller chercher de l’aide. Le support des amis et même de la famille sera impensable pour la femme battue. Elle se croit dans un cercle vicieux sans sortie de secours. Le conjoint utiliser des expressions vulgaires et rabaisse l’intégrité de sa conjointe. Ceci est la pire forme de violence conjugale car elle peut mener la femme, dans certains cas, au suicide.

Ces sentiments ne se retrouvent pas chez toutes les femmes battues. Ceci est un portrait d’ensemble, sans généralisation, qui donne un aperçu du problème de violence conjugale chez la femme.