3. Dépendance affective et domination:

Les conflits existent dans les familles, pour cela il faut traiter les familles plutôt que les individus. Cette idée part du principe que les relations familiales habituelles affectent profondément les problèmes psychologiques d’un membre de la famille, qui les influencent en retour et ce conflit existant entraîne nécessairement de violence dans la famille. Pour cela, il faut promouvoir les interactions entre les membres de la famille, essayant d’améliorer ainsi le bien-être de chacun.

L’origine des violences familiales se situe dans la structure d’une vie domestique qui était adaptée à une force de travail purement masculine. La femme restait cantonnée au foyer, tandis que le mari, qui évoluait dans un milieu professionnel très masculinisé, était l’unique source de revenus familiaux. L’usine, le syndicat, les lieux de convivialité (cafés, clubs sportifs, associations,…) et même l’école étaient le domaine réservé des hommes. La pauvreté et l’immobilité sociale contribuaient à transférer dans le milieu familial les tensions du monde du travail. Le conflit familial surgissait dès que les femmes osaient remettre en cause d’une quelconque façon cette division dite naturelle du travail et des tâches domestiques.

Lors des difficultés au mariage, les femmes trouvent parfois dans l’adultère un moyen pour résister ou pour se revancher «Le mariage doit être un mariage d’amour, et le rester. Le recours des femmes à l’adultère par exemple, peut être envisagé comme un des modes de résistance à l’aspect central de leur condition, le mariage, lieu où s’exerce de façon privée le rapport de domination de l’homme sur la femme. L’adultère remet en cause les principes mêmes qui fondent ce mariage. L’adultère féminin est de tout temps plus réprimé que l’adultère masculin. Malgré l’évolution des mœurs, l’homme jaloux est toujours compris, si ce n’est excusé. Le mariage d’amour réussit à s’imposer au début du XX° siècle et la force de ce modèle explique les réticences prolongées de la société face au divorce. Il faut attendre plus d’un demi-siècle pour que le divorce passe totalement dans les mœurs, mais à la condition de fonctionner comme l’ultime moyen de sauvegarder le principe du mariage d’amour.» (Houel, 1999, p. 20,21).

C’est le patriarcat qui a fait pencher le pouvoir du côté des maris et des pères dans les relations conjugales au cours des siècles. L’abandon de l’épouse par sa propre famille et son esclavage domestique dans le nouveau foyer, toutes ces pratiques montrent la présence endémique d’une violence sexisme persistant dans de très nombreux pays de la planète. Ce sont des différentes figures de conflit conjugal existant dans les familles et qui trouve son essence dans la société toute entière.

Pour pouvoir bien assimiler la question de la dépendance dans le couple, il faut avoir recours à ses assises psychologiques. Plus on est en insécurité interne, plus on dépend d’autrui pour se rassurer, moins on peut recevoir. C’est aussi le paradoxe du narcissisme qui doit se nourrir de l’objet pour s’épanouir mais vit l’objet comme immédiatement antagoniste dès qu’il apparaît comme existant hors de lui. On voit donc la source d’une relation de dépendance aux autres pour assurer l’équilibre interne du sujet.

‘«En se plaçant du point de vue de fonctionnement psychique la dépendance peu être décrite comme l’utilisation à des fins défensives de la réalité perceptivo-motrice comme contre investissement d’une réalité psychique interne défaillante ou menaçante. Dans cette perspective, la dépendance est une virtualité si non une constante du fonctionnement mental, car il existe toujours un jeu dialectique d’investissement et de contre-investissement entre la réalité psychique interne et la réalité externe du monde perceptivo-moteur.» (Halfon et al., 2002, p. 194,195). ’

On peut conclure donc qu’une réalité interne suffisamment sécurisante offre en cas de conflit ou de difficultés une possibilité de régression qui n’est pas synonyme de désorganisation. Les sujets dépendants ne disposent pas, pour de multiples raisons, de cette base suffisamment sécurisante au niveau de leur réalité interne.

Etre amoureux, c’est déjà être dépendant, mais être dépendant est-il nécessairement être dominé ?

‘«Mais on peut être dépendant et amoureux ou amoureuse, sans être dominée, sans accepter que ce soit toujours la même personne qui demande des concessions à l’autre ; on peut être amoureux ou amoureuse à deux et trouver génial le fait de vivre nos ressemblances et nos différences. L’homme violent est bien souvent seul en amour, préoccupé qu’il est par l’image qu’il aimerait que renvoie l’être aimé, occupé qu’il est à contrôler que tout se passe bien comme lui seul l’a prévu.» (Welzer-Lang, 1992, p. 113). ’

La dépendance affective est probablement plus répandue qu’on ne le croit. Elle est aussi plus subtile qu’on ne pourrait le croire puisque la personne dépendante se ment à elle-même : lorsqu’on la confronte à son comportement, elle le nie; elle lui donne un aspect raisonnable ; elle laisse croire que ses actes passent inaperçus ou qu’elle s’adapte à la situation. Pourtant, la dépendance est bien installée chez cette personne et cela peut la conduire, malheureusement, à des gestes destructeurs, même auto-destructeurs.

On peut nécessairement différencier entre amour et dépendance. Bien sûr, la personne dépendante affectivement aime son partenaire, beaucoup plus, elle l’aime avec passion et l’idéalise.

La dépendance de la femme lui pousse pour qu’elle soit toujours en accord avec son conjoint, lui faire tout ce qu’il veut et ceci dans un seul but : être acceptée de son mari. Elle n’initie pas de projets et compte sur lui pour prendre ses décisions ou ses responsabilités, de même elle a un faible estime d’elle-même et une image négative d’elle-même. Elle se satisfait en cherchant quelqu’un à admirer qui est dans ce cas son mari. Elle existe grâce à lui, elle a peur de l’abandon et elle éprouve un malaise à se retrouver seule.

En observant ces caractéristiques de la femme dépendante on peut savoir pourquoi elle garde le silence, elle continue avec son mari sans se plaindre, continue à vivre avec lui donc ne quitte pas son foyer, ainsi on peut rendre ou assimiler cette dépendance au rôle donné pour la femme, ce rôle de second degré, car la femme dès qu’elle était jeune fille dans sa maison paternelle elle a été éduquée de façon à ce qu’elle soit dépendante affectivement de quelqu’un, ce quelqu’un qui va être plus tard son mari.

Dans cette situation, et pour exercer son autorité et son pouvoir dans la relation, l’homme dépendant culpabilise sa femme, la menace, la domine, la manipule, et si nécessaire, aura recours à la force.

Il arrive que la dépendance affective se transforme en jalousie, en possessivité et même souvent en obsession. Ce que la femme par exemple veut à tout prix éviter, c’est la rupture parce qu’elle a la certitude qu’elle ne s’en remettra jamais. Elle pense qu’un drame peut survenir dans la relation amoureuse à tout moment, elle nourrit à ce sujet des peurs exagérées, des angoisses, des fantaisies. Elle tente bien quelques stratégies pour reconquérir le partenaire mais celles-ci étouffent l’autre plus qu’elles ne le séduisent.

Si l’homme était dépendant affectivement de sa femme, il peut utiliser alors l’indifférence ou le chantage, et parfois même, le recours à la violence pour affirmer le pouvoir ou le contrôle qu’il a sur la relation. Il perd peu à peu le contrôle sur lui-même ; et commet des actes extrêmes et impulsifs contre lui-même et contre sa partenaire.

Ces façons d’agir, hors de son contrôle, pourraient même s’avérer être dangereuses pour sa vie ou pour celle de sa partenaire.