6. Le féminisme : ses méfiances et ses précautions :

L’approche féministe ne veut pas se limiter à produire des connaissances sur les femmes ou les rapports sociaux de sexe, mais entend servir leur cause et contribuer à lutter contre les discriminations dont elles sont l’objet.

‘« Pour les chercheurs et chercheuses féministes, la violence s’enracine dans les rapports sociaux de sexe qui, dans nos sociétés patriarcales, consacrent la domination du genre masculin sur le genre féminin. Elle est vue comme un moyen de contrôle social et de contrainte, qui a pour fonction de maintenir le pouvoir de l’homme sur la femme dans le couple. Les scientifiques d’orientation féministe associent étroitement la violence contre les femmes au développement de la famille nucléaire dans la société capitaliste, à la division entre sphère publique et sphère privée et à la spécialisation des rôles au sein de la famille. Ils/Elles mettent aussi l’accent sur l’importance cruciale qu’il y a à comprendre et valider les expériences des femmes à partir de leur propre cadre de référence et non à partir d’un point de vue prétendument neutre qui, en fait, reflète souvent une vision androcentriste du réel.» (Gillioz et al., 1997, p. 23). ’

Comme tentative de recherches afin de lutter contre la violence faite aux femmes, il faut se servir des principes, de croyance en l’égalité des femmes et des hommes, au droit de toute femme de vivre sans violence, à reconnaître que la violence à l’égard des femmes constitue un problème social sérieux ayant des répercussions à court et à long terme pour les victimes, leurs familles et la société dans son ensemble.

Il faut de même reconnaître la nature criminelle de la plupart des actes de violence à l’endroit des femmes, de même considérer et comprendre les besoins de la victime, que la violence masculine est un problème de société aussi bien qu’un problème personnel, de la nécessité d’offrir de l’information susceptible d’éclairer les décisions des victimes.

Il faut reconnaître l’autonomie de la victime et son droit à l’autodétermination, que l’importance de la cellule familiale ne prévaut pas contre le respect du bien-être personnel de chaque membre qui en fait partie, il faut respecter la confidentialité, le besoin de services adéquats et coordonnés à l’intention des victimes et des coupables et la nécessité d’assurer un suivi efficace et approprié.

Il faut tenir compte de toutes les notions citées ci-dessus pour accéder à des protocoles visant les mauvais traitements à l’égard des femmes dans leur foyer. Il est important de noter que ces protocoles ne représentent que l’étape préliminaire à l’élaboration de solutions efficaces et logiques aux situations de violence faite aux femmes et que des efforts seront investis en vue d’élargir la portée des protocoles afin d’y inclure les formes plus subtiles d’abus.

‘«Il faut espérer que les campagnes de sensibilisation dans les écoles et les médias se multiplient, il faut également souhaiter que ce ne soit pas seulement les féministes qui montrent aux barricades à chaque fois que des femmes sont victimes de la haine et de la violence, mais l’ensemble de la société» (Audet, in La chorale de la désinformation…, 2003), et ceci dans toutes les sociétés où la violence persiste toujours. ’

Si les femmes sont plus sensibles à la violence, ont une attitude plus négative par rapport à elle, lorsque leur inhibition saute, leur expression de la violence sera bien plus forte que celle des hommes, c’est bien la nécessité donc de : «Trouver un langage commun à toutes les personnes concernées par la problématique de la violence, afin que puisse s’instaurer un réel dialogue ; et de baser ce langage commun sur des symboles, qui, tels des signes sacrés « profanes », sont représentatifs de valeurs universelles.» (in La violence de l’un est-elle la violence de l’autre…, 2000).

Dans toutes les recommandations et stratégies concernant les femmes victimes de violence, il doit y avoir des mesures correspondantes pour soutenir ces victimes, de même soutenir de toutes les façons les ONG qui s’occupent des victimes de violences conjugales.

Lorsque l’on encourage la société en général à soutenir les victimes probables de violences, on ne doit pas se limiter aux seules femmes victimes de violences. La formation par divers organismes, la sensibilisation, les conseils et la protection juridique doivent être accordés à tous ceux qui souffrent de violence domestique, de quelque sorte que ce soit.

Il faut aussi réunir davantage de statistiques sur toutes les catégories de victimes, plus encore en ce qui concerne les catégories négligées jusqu’à présent, noter les victimes de violence verbale et psychologique, les deux types de violence les plus cachées et les plus oubliées. Le manque de statistiques concernant les femmes victimes de violence cache l’ampleur réelle du problème. Le manque d’informations concernant la violence est encore obstacle à la résolution de ce problème. Tous les gouvernements doivent consacrer plus d’énergie à l’étude de l’incidence de toutes formes de violence conjugale envers les femmes.

‘«Pour protéger la femme : il faut proposer à toutes les victimes de violence domestique une aide judiciaire et des conseils juridiques gratuits avant qu’une autre action en justice ne soit intentée ; offrir une protection efficace aux victimes de violence après l’incident et durant toute la procédure judiciaire ; adopter ou renforcer les mesures de protection sociale afin que les blessures causées aux femmes et aux enfants par des actes de violence soient prises en charge par les régimes de protection sociale ; promouvoir la formation des professionnels travaillant auprès des victimes et enfin encourager les médias à couvrir le problème de la violence domestique de manière régulière, objective et sans part pris ; les médias doivent également tenter de sensibiliser le public aux causes et aux conséquences de ce type de violence.» (in Violence domestique..., 2002). ’

Pour les féministes, c’est le patriarcat qui a fait pencher le pouvoir du côté des maris et des pères dans les relations conjugales au cours des siècles. Sociétés traditionnelles où meurtres et tortures sont courants lorsque la dot est jugée insuffisante, l’abandon de l’épouse par sa propre famille et sa maltraitance dans le nouveau foyer. Toutes ces pratiques montrent et déclenchent à la fois une violence domestique à dominance masculine et d’un sexisme persistant dans de très nombreux pays de la planète.

D’autres analyses féministes ont proclamé certaines notions et ont suggéré des solutions en vue d’encadrer le problème de la violence conjugale et d’y remédier :

‘«Inscrire toutes les règles et les droits de l’homme qui sont en relation avec la violence contre la femme en vue d’abolir toutes formes de différenciation contre la femme et traduire toutes ces règles en des législations et des lois nationales ; entretenir des institutions nationales et régionales pour lutter contre la violence à l’égard des femmes ; pratiquer ces lois pour confronter ceux qui appliquent les pratiques de violence contre la femme et réformer les lois déniant à la femme et faire disparaître toute sorte d’inégalités dans ces lois ; faire des programmes qui ont comme but d’éduquer la société et la rendre consciente de ce problème flagrant ; trouver des mécanismes efficaces pour la résolution de ce problème ; faire éviter toutes les idées partiales, préjugés et stéréotypes concernant la femme et se concentrer sur les principes des droits de l’Homme particulièrement dans les programmes scolaires ; se concentrer sur le rôle des médias dans le traumatisme à la société toutes les causes et les conséquences de la violence domestique ; encourager les recherches qui étudient tous genres de violence à l’égard des femmes, causes, formes et conséquences, et publier les résultats de toutes ces recherches.» (in Sur le thème de la violence contre la femme…Escwa, 2000). ’

La protection judiciaire est insuffisante face à cette violation des droits fondamentaux des femmes. La violence contre les femmes doit être punie et les victimes doivent être protégées.

Une plus grande prise de conscience internationale est nécessaire. La violence au foyer relève de la responsabilité des gouvernements qui doivent comprendre les dommages endurés par la famille et la société. Les gouvernements ont la responsabilité de fournir aux femmes un système d’aide juridique et sociale. L’analyse sur la parité doit être incluse dans l’élaboration des règlements. Les gouvernements ont la responsabilité de rompre le silence et de sensibiliser la société à ce fléau.

Il est également nécessaire d’augmenter les pouvoirs d’intervention des services sociaux et de disposer des programmes à l’intention de ceux qui sont les auteurs de cette violence.