1. Les violences conjugales dans leurs approches socioculturelles :

La violence envers les femmes est une réalité transnationale et transculturelle.
Elle est un phénomène en tant que tel puisqu’elle existe et devient de plus en plus répandue indépendamment des pays, des cultures, des classes sociales, des religions etc.

Le système patriarcal engendrant la domination masculine ne se traduit qu’en des violences envers les femmes, et de haine contre l’autre menaçant, cet autre qui est ici la femme. C’est une affirmation du pouvoir masculin, de l’exploitation de la femme par l’homme et du besoin de domination. Sans prise de conscience de ces réalités, aucune lutte contre la violence envers les femmes ne peut être réussie.

Les cultures ne font que se côtoyer : elles coexistent et pénètrent progressivement les modes de vie de ceux qui les véhiculent et il en ressort un métissage culturel considéré comme conflictuel pour les uns, riche et dynamique pour les autres.

Camilleri et Vinsonneau (1996) ont défini la culture comme un ensemble plus ou moins fortement lié des significations acquises, les plus persistantes et les plus partagées que les membres d’un groupe, de par leur affiliation à ce groupe, sont amenés à distribuer de façon prévalente sur les stimulus provenant de leur environnement et d’eux-mêmes, induisant vis-à-vis de ces stimulus des attitudes, des représentations et des comportements communs valorisés, dont ils tendent à assurer la reproduction par des voies non génétiques.

En cas de contact durable et prolongé, nous pouvons nous interroger sur les effets de la rencontre entre ces porteurs de cultures lorsque leurs valeurs et représentations du monde les opposent. Ces rencontres peuvent avoir des incidences sur les sentiments d’identité et d’appartenance, ou produire des remaniements identitaires chez les membres des groupes culturels en présence, ce qui peut resituer les rapports que peuvent entretenir les acteurs culturels entre eux comme rapports de domination ou de subordination.

‘«Les situations d’hétérogénéité culturelle augmentent et diversifient la production des stratégies de défense des minorités culturelles, c’est-à-dire des groupes se percevant comme habituellement menacés dans leur identité. La culture donne habituellement cohérence et équilibre à la formation identitaire. Lorsqu’il y a confrontation interculturelle, des crises identitaires peuvent se produire chez les membres des groupes en présence. Les groupes dotés de conditions socio-économiques défavorables sont sous l’emprise d’un rapport de force asymétrique avec l’autre groupe, majoritaire et dominant.» (Camilleri et al., 1990). ’

Les migrants dans les sociétés d’accueil vivent une situation d’acculturation, dans la mesure où ils assimilent «un certain nombre de traits culturels caractéristiques d’une autre population avec laquelle ils sont en contact» (Vinsonneau, 1996). Etudier les relations entre cultures telles que les vivent les acteurs sociaux n’est pas chose aisée, parce qu’il faut parvenir à mettre à jour leurs rapports invisibles et symboliques d’attachement ou de détachement, et relier ces rapports à l’histoire des groupes sociaux en présence. Cette dynamique identitaire implique un effort pour maintenir un Moi valorisé, la finalité de la stratégie devant être vécue comme positive. Par conséquent, l’individu occupe une place d’acteur social dans la relation interculturelle où il ne subit pas toujours de manière unilatérale des rapports de force. Lorsqu’il le peut ou lorsqu’il n’est pas complètement dépossédé de tout moyen ou de toute ressource, le sujet agit ; il le fait dans le but de se protéger ou de s’octroyer une identité valorisante.