4. Hétérogénéité culturelle et relation du couple :

Dans le cadre du couple, on porte l’attention sur la mixité culturelle. La relation du couple, quand elle est pathologique, s’inscrit dans un cadre psychologique. Les couples, sous prétexte de différence culturelle, font le choix d’un type d’emprise, parfois paternelle, souvent maternelle. Tout couple a besoin d’un espace intermédiaire qui prend la forme de l’interculturel pour le couple, interculturalité qui doit être créative et non autoritaire.

Le choix du conjoint au pays signifie, pour quelques filles, la soumission au choix des parents et aux intérêts du groupe ; mais, par ailleurs, il leur permettrait d’utiliser le cadre légal et institué du regroupement familial comme moyen d’émancipation. Le futur mari est obligé d’avoir une activité professionnelle à un salaire considérable et des conditions qui répondent aux critères du confort. Ces jeunes femmes accèdent donc à une autonomie et à une indépendance de leurs propres familles. Tout ceci est favorisé par la connaissance de la culture du pays, du système de valeurs de la société et de ses institutions. Majoritairement, les femmes demandeuses entendent préserver les acquis de la modernité, à savoir affirmer leur individualité et leur autonomie dans le couple.

Elles ont intériorisé le modèle de la femme indépendante des sociétés occidentales. Elles aspirent à une relation de couple où la communication et la transparence soient présentes, où elles puissent disposer d’une certaine liberté comme les jeunes femmes de leur génération, dans leur mode vestimentaire, dans l’exercice d’une activité professionnelle ou dans leurs loisirs.

Concernant l’éducation de leurs enfants, elles souhaitent plus d’égalité entre les filles et les garçons, mais certaines expriment leur attachement aux quelques modes traditionnels dans l’éducation des filles, souvent attachées aux valeurs de leurs sociétés d’origine, à noter ceux qui relèvent de l’honneur et de la sexualité. Elles balancent entre attachement aux valeurs du pays d’origine et la modernité, elles aspirent à construire un couple et une famille nucléaire, tout en gardant les relations étroites avec la famille étendue.

Elles aspirent à l’autonomie par l’exercice de l’activité professionnelle, mais elles donnent la priorité à la maternité et à tout ce qui est central dans leur culture. A travers le mariage chez les familles migratoires, nous voyons d’un coté un processus d’acculturation et de l’autre un conflit de valeurs parfois latent traduit par l’attachement continu aux valeurs du pays d’origine.

‘«Tout ce travail autour des récits de migration, de leur transmission intergénérationnelle et de leur traduction dans la création d’œuvre artistiques nous aide certes à faire des lectures plus attentives des conduites individuelles et du fonctionnement intra-familial ; mais il nous invite également à rendre plus adaptées les démarches entreprises par les politiques de prise en charge des différents parcours confrontés aux choix de la citoyenneté et de l’intégration. Il est utile de prendre acte de la variété des histoires individuelles et collectives pour ne pas confiner le sujet migrant dans les seuls registres imposés par la lecture des catégories d’appartenance stéréotypées et stigmatisantes. Il faut que les sociétés acceptent les réalités sociologiques, culturelles et psychologiques que chaque sujet, migrant ou pas, porte en lui comme autant de revendications de sa propre identité.» (Lahlou, 2003, p. 174). ’

Concernant le choix du conjoint chez les groupes immigrés, l’accord des deux partis, parents - enfants, va être plus ou moins longuement négocié. Du côté des parents, on voit se développer des stratégies pour amener les enfants à une union conforme à leurs normes matrimoniales, où l’honneur de la famille est engagé. D’où une série de négociations et de compromis qui vont permettre aux deux partis de manipuler la norme. Il convient toutefois de mentionner qu’il existe parfois dans certains groupes immigrés une crispation sur la coutume et corrélativement des pratiques plus traditionalistes que celles qui ont cours au pays.

Les marges de liberté conquises par ces jeunes femmes dans le chois du conjoint se manifestent à travers la possibilité de refuser le partenaire choisi par les parents. Le choix personnel est perçu comme une aventure qui comporte des risques. La perte d’attaches et de supports qu’entraînent les situations de rupture occasionnées par l’exercice d la liberté en matière d’alliance, est perçue comme trop coûteuse. Il reste que le mariage ne se résume pas à une affaire personnelle mais demande l’adhésion et la participation du groupe familial, c’est pourquoi, la frontière entre mariage libre et mariage imposé est difficile à tracer.