2. Les lois religieuses face à la violence exercée sur les femmes au Liban :

Au Liban, les lois religieuses et communautaires imposent aux familles leurs droits et obligations. Mais ces lois sont souvent injustes à l’égard de la femme vue l’absence d’un code civil en ce domaine. Mariage, divorce, garde des enfants… sont souvent liés aux normes de la communauté religieuse. En ce sens, leurs décisions sont perçues comme naturelles et sacrées et les femmes victimes n’ont aucun autre choix que d’avoir recours à ces tribunaux religieux.

Les lois communautaires sont discriminatoires à l’égard de la femme car elles se pratiquent différemment sur chaque femme relativement à la confession à laquelle elle appartient. Ces lois sont élaborées par les références religieuses et certainement les femmes n’ont pas participé en leur élaboration. La société libanaise est une société conservatrice et ces lois sont souvent légitimées socialement pour garder la conservation. Mais conservation ne veut pas dire tradition, car quelques traditions font un poids qui entravent le développement de la société libanaise, et parmi ces traditions toutes formes de violences familiales considérées toujours comme affaire privée et une des obligations du mari ou du père. On a voulu toujours considéré la violence familiale comme une situation individuelle et exceptionnelle mais il s’est apparu qu’elle est très répandue et elle s’est devenue un phénomène qui nécessite un traitement et des politiques de lutte.

Les politiques de lutte demandées doivent être défendues par toutes les organisations libanaises, toute l’élite intellectuelle et tout ceux qui sont concernés. La démarche à suivre doit commencer par une clarté de la volonté politique traduite par des lois civiles et un cadre juridique civil et en promulguant une loi qui pénalise la violence envers les femmes et qui assurent leur protection. Puis, il faut appliquer la constitution et toutes sortes de décrets internationaux qui s’opposent souvent à toutes lois religieuses et normes communautaires appliquées dans les tribunaux religieux au Liban et qui fortifient et défendent souvent les actes de violences conjugales et de penser à construire des maisons d’hébergement publiques pour les femmes violentées, chose qui est tellement absente au Liban.

Il faut appliquer tous les principes des droits de l’homme, un code civil du statut personnel, ainsi que des lois qui contiennent des mesures pratiques afin de protéger les victimes de la violence familiale. De même, il faut développer le travail des tribunaux civils pour en contenir aussi la protection de la famille et de ses membres et construire un tribunal spécialisé pour les problèmes familiaux et qui peut coordonner ses travaux avec les tribunaux religieux pour arriver à définir un concept unifié de la violence et de ses conséquences destructrices au niveau de la famille et de la société.

La participation de la société civile demeure primordiale pour réaliser l’égalité entre l’homme et la femme. Tous ces vœux cités ci-dessus ne peuvent être réalisées sans la participation de toutes les associations et les ONG libanaises.

Au Liban, ce n’est pas une minorité qui considère que c’est déjà le temps de réformer plusieurs lois religieuses ou communautaires discriminatoires à l’égard de la femme. Des forces intellectuelles, politiques et sociales tendent à renouveler les lois et les pratiques régissantes au Liban concernant le mariage, le divorce et la garde des enfants.

Promulguer des lois civiles et appliquer le mariage civil ne sont pas une révolte contre les hommes religieux ou la religion. Ce n’est qu’une première étape d’un long chemin qui tend à réaliser l’égalité entre les deux sexes et la protection de la famille.

C’est par ce discours, supposé être neutre et équitable envers l’homme et la femme, qu’on termine souvent au Liban la conversation sur la violence qu’exerce l’homme contre sa femme, quelque soit notre appartenance sexuelle, sociale, éducative ou professionnelle. Ce discours voulu être impartial, objectif, dont son but est de ne pas remettre toutes les causes de toutes sortes de discrimination comme déclenchées par les hommes, ni de donner la supériorité aux femmes sur les hommes, mais d’établir la règne de l’égalité entre ces deux sexes devant la loi, devant la religion, dans la famille comme au travail, donc au privé comme au public.

Il y a des gens qui peuvent nier le phénomène ou le minimiser. D’autres trouvent des excuses pour l`homme. Certains propos peuvent aller plus loin en dictant, ils prennent position et nomment le fautif : la femme. Parallèlement, et comme pour confirmer ce qui est dit, la femme violentée ne se défend pas chez les autorités légales ou très rarement.

Elle va jusqu’a participer elle-même à la reproduction d`une culture de domination masculine à l’outrance, par son comportement de dominée dans sa vie privée, en tant qu’épouse, mère ou fille, mais aussi lors de son travail et sa participation à la vie publique.

Ainsi, ceux qui défendant la condition féminine deviennent les défenseurs d`une cause qui n’existe que dans leur imaginaire, et plus on devient plus instruite plus qu’on refuse de parler du « privé », l’intime se développera alors aux dépends de la libération.