1. Violences conjugales et travail institutionnel en France :

En France et depuis l’année 1970, les courants féministes ont commencé par évoquer activement la question des violences exercées envers les femmes, et suite à leur pression l’Etat a réalisé l’existence de ce problème et l’a apporté des réponses au plan juridique.

Depuis lors, les pouvoirs publics mènent des actions plus soutenues en faveur des femmes victimes de violence, qui se sont traduites entre autres par les nouvelles propositions inscrites dans la loi de juin 2000 « renforçant la protection de la présomption d’innocence et les droits des victimes ».

Au cours de la décennie, sous la pression des mouvements féministes, l’influence des O.N.G. dans la vie politique s’accroît ainsi que la part des femmes dans les institutions nationales et internationales. Ce mouvement favorise grandement le processus de reconnaissance des violences contre les femmes ; l’année 1993 apparaît comme une année stratégique. Définitions, classifications, préconisations, plan d’action émanent des déclarations et recommandations des différentes instances transnationales : Nations Unies, Conseil de l’Europe. Nombre de textes internationaux parlent de violences sexistes, c’est l’intentionnalité de discrimination qui qualifie l’acte. Les violences sexistes sont officiellement reconnues comme atteinte aux droits essentiels des femmes.

De plus en plus, on observe une nécessité des Etats de cerner l’ampleur de ce problème mais le faible nombre de chiffres et enquêtes existantes en ce domaine font un obstacle contre toute décision publique en matière d’aide aux victimes et surtout de prévention.

Chaque administration compilait les statistiques de son activité, mais l’ampleur globale du phénomène restait méconnue, les chiffres ne sont pas acquis en France qu’à travers une démarche des femmes auprès des institutions.

Plusieurs instances officielles et organisations non gouvernementales et autres associations ont tenté d’étudier le phénomène de violences conjugales en France. Elles ont réalisé beaucoup de statistiques et les ont analysé. Elles ont aussi essayé de pouvoir cerner ce problème et d’identifier ses impacts sur le plan physique, psychologique, mental et relationnel sur les femmes et les enfants et sur le vécu de la famille en général.

Appliquer de telles études et effectuer de telles statistiques demeure une tâche très difficile, mais d’un autre côté, elle reflète le degré de prise de conscience de la société de ce problème et de ses répercussions néfastes. Ce travail institutionnel a déjà commencé en France mais sans doute, a besoin d’être continuel et toujours réformé selon les nouveaux aspects et mécanismes manifestant le problème de violences conjugales et qui le rendent variable selon le temps et l’espace.

‘« Où en sont aujourd’hui en France les relations entre hommes et femmes ? Autour de cette question circulent les idées reçues les plus contradictoires… Un divorce sur trois mariages, un sur deux dans les grandes villes, et ce qu’on appelle la monogamie sérielle, c’est-à-dire le remariage des divorcés (25% des mariages impliquent au moins un divorcé), avec leurs conséquences, les familles recomposées, permettent d’avancer que l’idée de mariage d’amour ne se porte pas si mal… Ainsi 6,4% des couples mariés en 1991 ont divorcé quatre ans plus tard). Et les femmes… Dans les trois quarts des cas, demandent le divorce…La situation économique des femmes et leur autonomie plus ou moins grande, le nombre des enfants dont elles ont en général la charge en cas de divorce, la possibilité pour elles de contrôler plus ou moins librement et efficacement leur fécondité, tous ces éléments contribuent à modifier le paysage social dans lequel s’inscrit le crime passionnel …L’égalité plus ou moins accomplie des hommes et des femmes ne peut que retentir sur le nombre et les raisons des crimes passionnels.» (Houel et al., p. 11,12,13,14). ’

Quelle que soit la source, la statistique administrative souffre du faible recours des victimes aux autorités. Les associations connaissent bien les situations de violence vécues par les personnes qui se sont adressées à elles, mais on ignore ce qui se passe dans l’ensemble de la population. Les enquêtes de victimisation ne permettent pas d’analyser la spécificité de la violence conjugale. La réalisation d’une enquête en population générale s’avère donc indispensable pour prendre la mesure réelle du phénomène et apporter une information utile à un meilleur traitement social de cette question. Stéréotypes et préjugés appuient tout débat sur la question de violences conjugales.