2.2. L’impact de la violence conjugale sur la santé des femmes et des enfants:

La violence conjugale porte ses effets sur la santé des enfants, nous observons que les enfants dont les mères sont victimes de violences conjugales présentent les mêmes symptômes que les enfants qui sont eux-mêmes violentés. Ces enfants sont en effet sujets à des troubles du comportement, des troubles psychologiques et somatiques, des difficultés scolaires. Ils peuvent également manifester à leur tour des comportements violents.

De même, ses effets sur la santé des femmes ne sont pas minimes, ils peuvent aller des lésions traumatiques, il s’agit là des phénomènes les plus visibles, ces lésions traumatiques sont de tout type et vont des brûlures aux lacérations, en passant par les hématomes. Ces lésions multiples touchent plutôt les parties du corps cachées, comme le tronc, les jambes et le cuir chevelu. Le visage et les mains sont moins fréquemment touchés, dans la mesure où l’agresseur fait en sorte que les traces des coups ne soient pas vues par les personnes non concernées. Aux impacts psychologiques, vivre dans un état de tension et de peur permanente induit des impacts très marqués sur la santé des femmes violentées.

Ainsi, toutes les femmes victimes de pressions, d’injures et de violences conjugales ressentent des troubles émotionnels comme la colère, le sentiment de honte, de culpabilité, d’impuissance ou de dévalorisation.

De plus, ces femmes sont sujettes à des anxiétés et des états de panique qui peuvent également se traduire par des troubles psychosomatiques : douleurs pelviennes, asthénie, engourdissements, palpitations, difficultés à respirer.

Par ailleurs, ces femmes peuvent souffrir de troubles cognitifs, qui se traduisent par des difficultés à se concentrer et des pertes de mémoire. Ceci leur est d’autant plus dommageable qu’elles perdent ainsi leurs moyens lors des démarches administratives qu’elles effectuent pour sortir du cercle vicieux de la violence.

Ces femmes sont fréquemment affectées par des états dépressifs, qui peuvent conduire à des idées et des tentatives de suicide, parfois malheureusement réussies.

Nous observons également des syndromes de stress post-traumatique, lesquels sont présents chez une femme sur deux en cas de violences conjugales.

Ces syndromes agissent de manière violente, l’impact est donc majeur, les manifestations sont des états de stress avec anxiété et une ré-expérience des évènements de trauma.

En outre, la présence de troubles psychotiques, ces femmes abusent souvent de certaines substances, comme le tabac, l’alcool, les drogues et médicaments antalgiques, les anxiolytiques et les hypnotiques.

Dans l’enquête de l’ENVEFF, nous pouvons observer que 43 % des femmes ayant subi des violences ont dû affronter des situations de détresse psychologique, contre 10 % pour les autres femmes. En outre, 25 % de celles-ci présentent un niveau élevé de stress post-traumatique, 5 % ont effectué des tentatives de suicide et 20 % consultent un spécialiste de santé mentale, contre 6 % pour les autres femmes.

La violence envers les femmes peut aller jusqu’à l’homicide. L’Institut médico-légal de Paris a effectué une enquête sur 652 homicides commis envers les femmes, dont les résultats sont les suivants : 50 % des homicides sont le fait du mari ou du partenaire.

Les femmes enceintes sont également victimes de violences conjugales psychologiques, physiques ou sexuelles. Les risques sont importants, qu’il s’agisse des lésions traumatiques, des hémorragies, des ruptures utérines, des décollements rétro-placentaires, des fausses couches spontanées ou des menaces d’accouchements prématurés.

Pour d’autres agressions, comme les insultes, le dénigrement, le mépris, les actions de contrôle et les autres pressions psychologiques, c’est la répétition de faits apparemment anodins quand ils sont pris isolément qui finit par engendrer une situation d’emprise sur la personne. C’est pourquoi, il faut recourir à des indicateurs combinant le nombre, la nature des faits cités et leur fréquence pour obtenir une mesure graduée des violences.

Ainsi dans la vie de couple ou au travail, le degré maximal de contrainte psychologique, le « harcèlement moral », est constitué d’actes insidieux, de paroles humiliantes, qui sont répétés.