3.1. Les études faites sur les violences conjugales au Canada faites par le CRIVIFF:

Le CRIVIFF (Thibautt, Chamberland, Levesque, 2003, in Criviff, rapport d’activités) est l’un des principaux centres existants au Canada et les objectifs du centre sont : acquérir une plus grande compréhension du phénomène de la violence familiale et de la violence faite aux femmes et contribuer au développement de modes d’intervention novateurs et efficaces dans le domaine de la prévention des violences exercées sur les femmes. « La violence est un exercice de pouvoir abusif par lequel un individu en position de force cherche à contrôler une autre personne en utilisant des moyens de différents ordres afin de la maintenir dans un état d’infériorité ou de l’obliger à adopter des comportements conformes à ses propres désirs. Cette définition n’inclut pas que des comportements individuels puisque la violence peut aussi s’exercer par des systèmes plus larges » (Thibautt, Chamberland, Levesque, 2003, in Criviff, rapport d’activités).

Protocole de dépistage systématique des femmes victimes de violence conjugale et guide d’intervention (Rinfret-Raynor, Turgeon, Joyal,1999, in Criviff, Protocole de dépistage systématique des femmes…) : Criviff présente la violence comme un moyen permettant à un individu de contrôler une autre personne. Au cœur de toutes les formes de violence est présente la notion du pouvoir. Dans notre société, la violence est un moyen, trop souvent efficace par lequel le pouvoir peut s’exercer et qui intentionnel et qui vise à détruire et à écraser la femme.

Prévenir la violence conjugale est donc empêcher son apparition ou limiter son évolution. L’objectif de cette prévention ou même intervention est d’identifier le plus efficacement possible les femmes qui sont victimes de violence et d’intervenir auprès d’elles en tenant compte de leur situation et de leurs besoins particuliers.

La violence conjugale demeure un sujet tabou pour les victimes comme pour les personnes qui en sont témoins, ce qui ne facilite pas son dépistage. Dans ce contexte social, il est peu aisé pour les femmes violentées de dévoiler la violence qu’elles subissent. De plus, la menace de violence étant toujours présente, ces femmes vivent dans la peur de leur partenaire. L’emprise psychologique du partenaire violent est aussi très forte et peut amener certaines femmes à croire, comme leur partenaire l’affirme, qu’elles provoquent sa violence. Certaines femmes ont peu de briser la famille, peur de perturber les enfants, peur des réactions de la famille élargie. D’où le rôle que joue les valeurs sociales en ce sujet ce qui pousse les femmes à se taire et n’abordent presque jamais la question de la violence conjugale.

Autour de la violence familiale, droit pénal et légitimité sociale, le Criviff a fait une étude (in Criviff, 1998, Violence et Intentionnalité…) et il a confirmé que la violence psychologique, en contexte conjugal, est un comportement spécifique intentionnel et répétitif qui s’exprime à travers différents canaux de communication (verbal, gestuel, regard…) de façon active ou passive, directe ou indirecte dans le but explicite d’atteindre une personne et de la blesser sur le plan émotionnel.

Il y a un rapprochement assez intéressant entre la violence psychologique et le harcèlement sexiste, raciste ou hétérosexiste. En effet, tout comme la violence psychologique, le harcèlement ne constitue pas une infraction ou un acte criminel. Mais, dans chacun des deux cas, si l’on réussit à prouver que la victime de ces comportements a subi des dommages, un recours en responsabilité civile sera possible dans le but d’obtenir réparation. Dans notre société, il faut à certaines occasions contrôler nos pulsions sexuelles, même si dans d’autres occasions, on peut y laisser libre cours. Ces normes sociales ambiantes influent grandement les points de vue juridiques et des sciences sociales. Quand un comportement de contrôle est jugé illégitime, en regard des normes ambiantes, on attribue alors très clairement la cause de ce comportement à l’agresseur et on sanctionne ce qu’on appelle alors un abus. Que des problèmes de santé mentale soient ou non invoqués, on pointe l’agresseur. La responsabilité et la culpabilité sont claires et les normes sont traduites sous forme de lois. Mais en l’absence de telles lois, un verdict de responsabilité n’et pas nécessairement suivi d’un verdict de culpabilité.

Du point de vue de la victime, il y a des jeunes femmes qui n’ont pas toujours conscience de leur victimisation actuelle. Parfois, elles ne la perçoivent pas, c’est-à-dire qu’elles ne la reconnaissent pas lorsqu’elles subissent des agressions, et ne les conçoivent pas violentes comme telles.

Du point de vue de l’agresseur, il se déresponsabilise et blâme la victime, ça reflète son instabilité et qu’il est incontrôlable spécialement quand il dit « la cause vient de moi, mais c’est incontrôlable » (in Criviff, 1998, Violence et Intentionnalité…).

En ce qui concerne la politique féministe (Poulin, Ross, in Criminologie, Dossier : Violences Familiales…) : un guide de recherche :

  • Tout féminisme suggère que les femmes sont exploitées, opprimées et dévaluées.
  • Toute recherche féministe donne pouvoir aux femmes et aide à transformer le système patriarcal.
  • Le but de la recherche féministe doit inclure la documentation, l’explication, la déconstruction et finalement l’élimination du patriarcat comme structure sociale.

Le projet fondamental de la recherche féministe vise à améliorer les conditions de vie des femmes. Les méthodes de recherches féministes doivent refléter l’expérience des femmes, et devraient être fondées sur les aspects concrets plutôt qu’abstraits de cette expérience.

Les féministes ont développé des approches alternatives à l’empirisme traditionnel. L’un des aspects de ces approches est de changer la notion d’objectivité qui a conduit à deux options : rejeter complètement la notion d’objectivité et la recherche empirique et réviser cette notion afin qu’elle reflète ce qu’est vraiment l’objectivité.

Malgré les différentes approches disponibles pour mener la recherche féministe, il existe un consensus au niveau de ses objectifs. Il se résume dans l’engagement consistant à éliminer le Patriarcat. Et donc des efforts pour mieux faire entendre et comprendre la victime, et donc des discours non seulement idéologiques et théoriques, mais aussi bien pratiques.

Une autre étude (Rondeau, Sirois, Jacques, Cantin, 2000, in Criviff, Les mécanismes de concertation intersectorielle…) faite par ce centre, analyse au début la problématique de la violence conjugale et a mis en évidence les principes et les politiques préventives et de même des politiques d’aide plutôt que des développements théoriques pour mieux assumer et pouvoir trouver un chemin vers la résolution de ce problème.

Dans ce cadre, cette étude a tenté de mettre en œuvre les manières dont les organisations possèdent pour pouvoir comprendre les facteurs déclenchants des violences conjugales.

Synthèse :

Notions prises ou non en compte dans la définition de la violence, selon les approches théoriques ou les champs disciplinaires :

Schéma n˚1: Définition de la violence selon les approches théoriques ou les champs disciplinaires. (Rondeau, Sirois, Jacques, Cantin, 2000,
Schéma n˚1: Définition de la violence selon les approches théoriques ou les champs disciplinaires. (Rondeau, Sirois, Jacques, Cantin, 2000, in Criviff, Les mécanismes de concertation intersectorielle…).

Concernant la violence dans la communauté militaire (Harison, in Criminologie, dossier, violences familiales…): la violence est toute contrainte indue appliquée à toute forme d’habitus ou de processus naturel pour en empêcher le développement ou le libre exercice.

Ce travail empirique relie la définition de la violence avec le sexisme culturel de la communauté militaire ainsi que les conséquences de l’empressement au combat sur les épouses de soldats.

Le point de vue d’épouse de militaire implique la situation d’une femme qui en épousant un homme se soumet en même temps au contrôle de l’institution militaire.

Les époux militaires sont très fiers d’eux-mêmes, ils auront acquis de nouvelles habiletés et une nouvelle appartenance, intégré ce nouveau style de vie. Pour cela, ils fusionnent travail et foyer en résidant dans les baraquements de la base militaire. Les femmes sont des catégories de personnes exclues. Comme toute organisation sexiste, la communauté militaire prend pour acquise la notion de patriarcat dans la bipolarité homme-femme, ainsi que l’idée de la différence fondamentale entre les hommes et les femmes.

Les femmes sont assimilées aux unités de leurs maris à travers la vie sociale qui les encourage à participer à un système social où le rang des épouses les unes par rapport aux autres reflète exactement le rang des hommes dans la structure militaire.

La plupart des femmes qui subissent des abus de la part de leur conjoint les décrivent comme obsédés par le contrôle. Ainsi, l’armée est l’une des institutions où les comportements de contrôle sont les plus valorisés. C’est également un lieu où un militaire perçu comme incapable de contrôler sa femme est menacé de perdre la face.

Toutes les épouses ne sont pas victimes de violence mais les efforts de l’armée induisent les femmes dans un faux système de sécurité. Elles croient que l’armée va toujours prendre soin d’elles et qu’elles appartiendront toujours à la famille militaire. Le mode de vie militaire empêche la plupart des épouses de gagner leur vie d’une manière appropriée à leurs capacités.

Autour du contrôle exercé sur la conjointe (Roy, Rondeau, in Criminologie, dossier, violences familiales…) : Plusieurs concepts sont associés à la notion de contrôle :

Autorité : en violence conjugale, l’homme se perçoive comme investi d’une autorité, elle lui permet d’obtenir autre que l’usage de la force nue, et donc avec une économie de dépenses, une attitude de soumission. Le supérieur domine, l’inférieur se soumet.

Pouvoir : de type coercitif, employer des sanctions négatives, exercer un impact sur les autres et utiliser la force.

Domination : rapport de déséquilibre entre les deux partenaires, le dominant exerce une influence coercitive sur le dominé.

Violence psychologique : menaces ouvertes ou voilées et une dégradation de l’autonomie de la femme dans sa relation avec son partenaire et dans tous les aspects de sa vie.

Contrôle : diriger les pensées, les émotions et les actions d’une autre personne. La façon d’atteindre cet intérieur chez la personne réside dans la connaissance la plus exacte possible des désirs, des sensations et des émotions de celle-ci, afin de la dominer. Donc le contrôle consiste en l’exercice par une personne d’une action d’influence coercitive intentionnelle sur une autre personne avec qui une relation d’intimité est ou a été vécue à un moment ou un autre.

Plusieurs études qui ont été faites ont révélé que la majorité des conjoints violents ont été témoins ou victimes de violence dans leur famille d’origine.

Plus l’abus psychologique et l’abus physique sont importants chez l’agresseur, plus la volonté de dominer et d’isoler la conjointe est élevée.

En agissant de façon physiquement ou psychologiquement violente ou en menaçant de le faire, l’agresseur cherche à influencer sa conjointe afin qu’elle se conforme à ses désirs ou besoins.

L’homme est supérieur à la femme et a ainsi autorité sur elle et les enfants. Pour imposer son autorité, il utilise un pouvoir coercitif sur sa conjointe et exerce le contrôle par divers moyens.

Abordons maintenant les mauvais traitements entre conjoints âgés (Gravel, Beaulieu et Lithwick, in Criminologie, dossier, violences familiales…) : Dans cette étude, ils abordent une dimension spécifique des mauvais traitements à l’égard des personnes âgées, celle des mauvais traitements entre conjoints âgés.

Ces mauvais traitements prennent plusieurs formes comme ceux physiques, psychologiques, financiers et négligence.

Il faut identifier les éléments qui influent sur la dynamique des mauvais traitements entre conjoints âgés. Il s’agit des antécédents de violence conjugale au sein du couple, de la perte d’autonomie du partenaire qui maltraite et de la perte d’autonomie du partenaire maltraité.

Ces éléments peuvent être résumé comme suit :

Lorsqu’il s’agit de femmes âgées victimes de violence conjugale, c’est la peur de vieillir seule. Les femmes qui sont aujourd’hui âgées se sont mariées dans une société plus sexiste et plus patriarcale que celle d’aujourd’hui, qui ne leur accordait que très peu de droits.

De même, plusieurs hommes ont de la difficulté à accepter leur perte d’autonomie physique. Leur incapacité de se tenir comme avant leur cause une perte d’autonomie, un complexe d’infériorité et une dépendance physique.

Dans d’autres cas, c’est l’homme qui est l’aidant et qui maltraite sa conjointe. Celle-ci affaiblie physiquement, devient une cible encore plus vulnérable aux mauvais traitements. La diminution des capacités physiques modifie les interactions entre les partenaires. La perte d’autonomie force une inversion des rôles entre les conjoints.

Le comportement agressif du couple âgé peut être le prolongement d’une relation de couple où le conjoint faisait déjà usage de violence physique et psychologique.

Enfin, la question la plus difficile à poser, c’est que comment pouvons-nous agir face à ce phénomène, la question des interventions possibles pour aider ces femmes se pose. Etant donné leur âge et leurs valeurs, peut-être il faut intervenir d’une autre façon que celle des jeunes.

L’intervention vers la non-violence contre la femme demeure essentielle pour le Centre Femmes D’aujourd’hui (Blais, in Centre femmes d’aujourd’hui, document centre femmes…). Le centre conserve la même mission soit : Améliorer les conditions de vie des femmes et vise l’égalité entre les femmes et les hommes dans un esprit de justice sociale. Pour arriver à cette fin, il faut nécessairement améliorer las conditions féminines, prévenir la santé physique et mentale de la femme et exiger une éducation contre violence pour toute la population et favoriser la situation économique et sociale des femmes. L’intervention féministe c’est développer une nouvelle définition des problèmes vécus par les femmes, permettre aux femmes d’augmenter l’estime de soi, exprimer ses besoins, ses désirs et sa colère, prendre des décisions, le droit au plaisir, le changement social et travailler ensemble.

Et donc, il faut aider les femmes à prendre conscience des différents rôles sociaux, de même l’intervention féministe doit permettre aux femmes d’identifier leurs besoins, les exprimer, laisser une place à la colère des femmes et dépasser leur colère en les incitant à l’action, renforcer donc chez les femmes leur confiance en soi, leur autonomie. La reprise de contact avec le plaisir est un élément important de l’intervention féministe, de se considérer assez importantes pour s’occuper d’elles-mêmes et dépasser le simple niveau de réflexion et développer un sentiment de solidarité et d’entraide.

Pour que le projet éducatif des centres de femmes soit une véritable pratique d’intervention féministe, il est essentiel de développer les attitudes suivantes :

  • Partir de leur vécu quotidien.
  • Croire à leur capacité de s’affirmer et de s’organiser pour répondre à leurs besoins et améliorer leurs conditions de vie.
  • Egalité et justice sociale.
  • Favoriser une relation égalitaire.
  • Faire alliance avec les femmes.

Concernant la recherche d’aide des femmes victimes de violence conjugale (Rinfret-Raynor, Cantin, Fortin, in Criminologie, Dossier : Violences Familiales…): Pour maintenir la volonté d’offrir une aide appropriée, il est donc essentiel de comprendre la dynamique de recherche d’aide des victimes de violence conjugale. Les femmes violentées font largement appel aux ressources socio-sanitaires sans nécessairement dénoncer la violence subie. Ce qui peut avoir pour conséquence une intervention souvent non appropriée et même dangereuse puisqu’elle ne tient pas compte de l’origine réelle de nombreux problèmes.

Le sentiment de honte et de culpabilité contribue à la réticence des femmes à créer et à maintenir des contacts d’aide, est un obstacle à la recherche d’aide des femmes victimes de violence.

L’analyse féministe des causes et des fonctions sociales de la violence conjugale développée par ces groupes de femmes a permis de sortir ce problème de la sphère privée vers celle publique.

Très souvent, les femmes vont chercher de l’aide au moment où elles vivent un grand stress, mais elles abandonnent leurs démarches lorsque la situation de crise se résorbe.

Même dans le cas des attaques les plus violentes, les femmes sont plus susceptibles de rechercher de l’aide auprès de la famille et des proches avant de s’adresser aux professionnels.

La demande de l’aide de la femme auprès de ces institutions dépend des valeurs, ressources, position sociale et des responsabilités de cette femme.

Les enfants témoins ou victimes de la violence conjugale ? Question posée par Pâquet- Dechy dans son étude (Pâquet-Dechy, 1998, in Criviff, D’autres violences à Dire…). Les enfants qui sont exposés à la violence conjugale souffrent tous de cette exposition, et que, par conséquent, ils sont tous victimes de cette violence même si celle-ci n’est pas spécifiquement dirigée contre eux.

Les recherches démontrent que les enfants sont beaucoup plus au courant de la violence entre leurs parents que ce qu’on aurait cru ou qu’on aimerait croire. Ils écoutent les chicanes et les coups même lorsqu’ils sont endormis dans leurs chambres.

Les enfants peuvent être exposés à la violence conjugale de différentes façons : en la voyant, en l’entendant, en constatant les conséquences chez leur mère (blessures, crainte, pleurs…), en ressentant le climat de tension, de peur et d’incertitude qui règne dans la maison.

Etre forcé de voir un être qu’on aime se faire maltraiter et souffrir constitue une douleur psychologique profonde pour l’enfant. Une très grande souffrance personnelle vécue par l’enfant quand il y a de la violence conjugale dans sa maison.

A part la douleur et la souffrance psychologique ça va intervenir de même sur leur santé et leur comportement. Ils sentent la tension, l’appréhension et la menace, la peur et les conflits, terreur, anxiété, colère, insécurité, impuissance…

Plusieurs facteurs contribuent à rendre la situation plus difficile pour certains enfants : la sévérité, l’intensité et la fréquence de la violence ; la peur que leur mère soit blessée ou tuée ; la peur de perdre leur famille ; la peur d’être tués eux-mêmes… De même, le chantage affectif quand l’un des parents pousse l’enfant à prendre position contre l’autre parent. De même, ils peuvent subir de la violence psychologique ou physique de la part de leur père ou de leur mère. A ne pas oublier de même d’autres effets sur la santé (faible estime de soi, anxiété, troubles de sommeil…).

L’intervention se fait généralement avec celle faite sur les femmes victimes car en situation d’agression conjugale, les femmes qui quittent leur foyer pour aller en maison d’hébergement ont généralement tendance à amener leurs enfants avec elles.

Il faut que les enfants soit disposés à ce type d’aide car ils ont besoin d’approfondir leur vécu face à la violence, de développer leur système personnel de soutien, d’augmenter leur estime de soi…De même, il peut y avoir une transmission intergénérationnelle de la violence conjugale. Les recherches indiquent qu’un garçon témoin de la violence de son père envers sa mère risque trois fois plus d’être lui-même violent qu’un garçon qui n’a pas vécu cette expérience.

Une autre recherche a étudié la question des enfants témoins de violence conjugale. (Fortin, Cyr, Lachance, 2000, in Criviff, Les enfants témoins de violence conjugale…). Cette recherche vise trois objectifs :

  • Déterminer la nature et l’importance des troubles observés selon le sexe de l’enfant et son expérience de violence.
  • Vérifier si l’intensité des troubles observés est moindre en présence des facteurs de protection.
  • Vérifier si l’effet si l’effet des facteurs de protection est le même selon le sexe de l’enfant et son expérience de violence.

De même, cette recherche va prouver que ces enfants manifesteront plus de troubles d’ordre comportemental, psychologique et physique que les enfants sans expérience de violence, de même que les troubles observés seront plus nombreux chez les enfants la fois victimes et témoins que chez les enfants uniquement témoins.

L’étude a révélé peu de différences dans les difficultés d’adaptation des garçons et des filles exposés à la violence conjugale si ce n’est sur le plan des conduites délinquantes. De même, le retrait de l’enfant des situations de violence conjugale, tout comme l’intervention directe dans la situation, pouvaient avoir des conséquences néfastes pour l’enfant. La première réaction pouvait provoquer de la culpabilité, l’enfant se blâmant pour ne pas avoir tenté d’aider ses parents, et la seconde pouvait être source de peur et d’extrême anxiété.

Enfin, il est certain que les enfants témoins de violence conjugale recrutés dans leur milieu familial sont susceptibles de présenter des difficultés d’adaptation parfois comparables mais souvent plus importantes que celles affichées par les enfants résidant dans les maisons d’hébergement. Il se il se pouvait également que la contribution des facteurs de production ne soit pas forcément la même selon le contexte de vie de l’enfant. Plus que la majorité des enfants exposés à la violence conjugale vivent dans leur milieu naturel. Ainsi, la violence conjugale ajoute aux difficultés d’adaptation qui peuvent caractériser les enfants issus de familles porteuses de différents problèmes. L’enfant exposé à la violence conjugale pourrait manifester davantage de détresse s’il est également victime de violence parentale. La prévention vient en premier lieu de l’école et des divers intervenants en matière de violence familiale.

Concernant la justification de la violence envers l’enfant (Fortin, 1995, in Criviff, Journal International de Psychologie, Développement d’une mesure de la justification…): Dans les recherches sur la violence envers l’enfant, le concept de justification est évoqué mais toujours peu étudiée, ainsi la définition est « la justification de la violence conjugale est comme le système de croyances, d’attitudes et d’attributions qui excusent chez un conjoint le recours à la violence en fournissant des explications en apparence logiques et rationnelles » (Fortin, 1995, in Criviff, Journal International de Psychologie, Développement d’une mesure de la justification…).

Donc, la justification de la violence envers l’enfant nous comporte une notion que selon les croyances certaines formes de violences sont tolérées, de même des explications qui déresponsabilisent l’agresseur.

Mesure de la justification de la violence envers l’enfant : cette mesure évalue une conception restreinte de la violence faite à l’enfant, à une tolérance et à une attribution biaisée face à cette violence.

En ce qui concerne la conception de la violence, elle est limitée aux seules agressions physiques qui laissent des marques semble encore répandue dans notre société. Plusieurs actes et agressions physiques sont considérés seulement par les parents comme des punitions corporelles comme gifler ou taper un enfant à l’école. Mais avec la définition large de la violence psychologique, la mesure de la conception de la violence envers l’enfant a été développée.

Concernant la tolérance envers la violence, elle se reflète dans l’adhésion plus ou moins forte à un ensemble de mythes qui ont pour effet de banaliser la violence et de la rendre cognitivement acceptable, voire désirable. L’utilisation de la force physique au nom de la discipline et de l’éducation est largement répandue. Dans l’éducation des enfants, la tolérance envers la violence est associée à la pédagogie qui maintient que l’enfant est agressif, asocial et mauvais ainsi taper, gifler ou frapper un enfant sera considéré pour son bien.

En ce qui concerne l’attribution de la violence : l’analyse des théories de l’attribution dans la genèse potentielle des conduites coercitives montre que les inférences parentales quant au niveau de contrôle imposé à l’enfant sont déterminantes quand il s’agit de le punir. Ces attributions causales ne seraient pas directement liées à la punition, mais affecteraient davantage l’attribution de la responsabilité et du blâme, lesquels détermineraient à leur tour la punition. Ces attributions peuvent être biaisées par les croyances parentales ainsi les comportements agressifs de l’enfant seront considérés comme une attaque personnelle contre le parent.

Les facteurs d’attribution distinguent deux types d’explication : celles qui blâment l’enfant, signifiant par là que le parent est innocenté bien que responsable d’un acte volontaire et celles qui attribuent l’origine de la violence à des réactions incontrôlables pour lesquelles le parent ne peut être jugé responsable.

Finalement, malgré la justification de la violence, il faut développer des programmes de prévention de la violence envers l’enfant, il s’agit de diminuer les facteurs de risque de violence liés aux influences culturelles et d’augmenter les facteurs de protection pour rendre conscience les personnes à nommer la violence et la reconnaître lorsqu’elles l’exercent.

Sur le même sujet, une autre étude a analysé les facteurs de protection des enfants témoins de violence conjugale (Fortin, Trabesli, Dupuis, 2002, in Criviff, Les enfants témoins de violence conjugale…): cette recherche porte sur des femmes et des enfants vivant dans leur communauté plutôt que dans des maisons d’hébergement. Tous les enfants ne sont pas affectés de la même manière ni avec la même intensité par la violence à laquelle ils sont exposés pour cela il existe plusieurs facteurs de protection.

Les facteurs de protection personnels sont comme le sentiment de compétence de l’enfant physique et sociale, estime de soi et les stratégies d’adaptation utilisées par l’enfant pour faire face à la violence.

Les facteurs de protection intrafamiliaux comme les caractéristiques des parents, l’état stress de la mère et les stratégies d’adaptation de la mère pour faire face à la violence, de même la nature de la relation parent-enfant.

Le soutien social est le plus fréquent des facteurs de protection extrafamiliaux.

Il est de même important d’évaluer l’ordre psychologique de l’enfant (anxiété et dépression) et non seulement de la mère.

Ainsi, les enfants exposés à la violence révèlent des sentiments de dépression et d’anxiété beaucoup plus que les enfants non exposés à cette violence. Ils prouvent de même des difficultés d’adaptation.

Les enfants qui interviennent directement pour faire cesser la violence présentent davantage de symptômes dépressifs que ceux qui n’interviennent pas mais ce lien reste très modéré. Plus l’enfant évalue négativement sa mère, c’est-à-dire plus il juge fréquentes les conduites maternelles de contrôle ou d’apparente indifférence, plus il présente des symptômes anxieux et dépressifs.

Enfin, il est important qu’il y ait des frontières claires entre la mère et l’enfant pour que la mère n’influence pas négativement à travers ces conduites le comportement de son enfant. Pour cela, il est important d’agir et d’intervenir auprès des mères à cause de l’importance de la relation mère-enfant.

Abordons aussi la situation de l’enfant en contexte de violence conjugale, étude faite par Fortin, intitulée « L’enfant en contexte de violence conjugale : témoin ou victime ? » (Fortin, 1998, in La revue internationale de l’éducation familiale, l’enfant en contexte de violence…). L’analyse des enfants témoins de la violence conjugale va de pair avec les mauvais traitements psychologiques envers l’enfant. Le fait d’être témoin de violence conjugale est dans cette perspective considérée comme une forme indirecte de violence psychologique. Certains enfants, vivant dans des contextes de violence conjugale, sont sans doute, stricto sensu, des témoins de violence même s’ils ne sont pas reconnus comme tels par les parents, alors que d’autres sont vraisemblablement affectés par la présence de relations conjugales violentes même s’ils ne sont pas, à proprement parler, des témoins.

Il n’est pas du tout facile de savoir l’ampleur de ce phénomène mais les résultats indiquent qu’un enfant sur deux pourrait être présent au cours des scènes de violence conjugale. Les enfants les plus jeunes seraient les plus à risques d’être exposés, la violence conjugale étant généralement plus élevée chez les jeunes couples. En outre, les enfants en bas âge sont plus susceptibles que les plus âgés d’être à la maison auprès des parents. Par ailleurs, un nombre non négligeable d’enfants apparaissent directement impliqués dans la situation.

La violence conjugale résulte plusieurs conséquences pour l’enfant, ces enfants manifestent des troubles externes comme agressivité, hyperactivité, délinquance, désobéissance, mensonge, destruction des objets…et des troubles internes comme dépression, anxiété, inquiétude, tristesse et malheur.

A l’adolescence, les enfants témoins de violence conjugale se caractériseraient par l’hostilité, l’agression, la projection du blâme sur autrui, l’anxiété et les comportements suicidaires. Les garçons auraient tendance à s’identifier au père et devenir violents et abusifs envers les femmes. Les filles pourraient développer une méfiance extrême envers les hommes et des attitudes négatives envers le mariage. Elles seraient aussi plus à risque de vivre des relations intimes violentes. Parmi les causes susceptibles d’être confondues avec la présence de violence conjugale, se trouve la présence de la violence du parent envers l’enfant. Les enfants témoins proviennent souvent de familles où les parents exercent de la violence envers l’enfant.

Intervention auprès des hommes violents et dominants, un pas vers la non-violence (Vézina, 2003, in G.A.P.I. un pas vers la non-violence…) : L’objectif de cette institution est d’inciter les hommes ayant des comportements violents et contrôlants à l’égard de leur partenaire à inciter des changements de comportements et d’attitudes envers cette dernière, et donc de réduire la violence conjugale et familiale. « Nous sommes appelés à travers des activités de sensibilisation, de formation, de conscientisation et de prévention, à contribuer au mouvement social visant la mise en place d’une société véhiculant des valeurs de non-violence (tolérance zéro) et d’égalité entre les sexes » (Vézina, 2003, in G.A.P.I. un pas vers la non-violence…).

Et donc pour atteindre cet objectif, il faut aider les hommes violents à éliminer leurs comportements violents, les traiter, les sensibiliser au problème, et rendre conscience la population de refondre ces valeurs sociales de domination et de violence et établir des rapports égalitaires entre hommes et femmes.

‘« Nous définissons la violence conjugale comme étant un contrôle exercé par une personne auprès d’une autre personne dans une relation conjugale. La relation conjugale est une relation entre deux personnes qui vivent une union affective nonobstant l’orientation sexuelle. La violence est construite (apprise) socialement (valeurs véhiculés) et choisie individuellement. La violence est un problème social et la violence conjugale en est une manifestation largement répandue. Les valeurs de domination et de compétition véhiculées par la société patriarcale et stéréotypée sont considérées comme un facteur prédominant dans l’apprentissage et la transmission de la violence, notamment dans un rapport de contrôle des hommes envers les femmes » (Vézina, 2003, in G.A.P.I. un pas vers la non-violence…).’

Le traitement peut se faire à travers une reconnaissance de comportements violents, motiver les participants, accepter les règles de groupes et être capables de fonctionner avec. Des rencontres seront faites de même avec des hommes qui ont terminé leur suivi et c’est dans le but d’évaluer l’évolution de la violence depuis la fin de leur démarche, les sensibiliser une fois de plus aux principales notions qui les aideront à prévenir de nouvelles récidives et leur permettre de reprendre contact avec les moyens qu’ils se sont donnés pendant leur démarche.

De même, dans le cadre de l’intervention auprès des hommes violents, on évoque les données d’une autre étude (D. Turcotte, Dulac, Lindsuy, Rondeau, P. Turcotte, 2002, in Criviff, Les trajectoires de demande d’aide…) visant les trajectoires de demande d’aide des hommes en difficulté. Cette recherche vise à intervenir pour aider les hommes violents pour en pouvoir se débarrasser de leur violence ainsi plusieurs difficultés font obstacles à la réalisation de cette fin. Selon cette étude, les conjoints violents présentent plusieurs caractéristiques qui sont considérées comme des obstacles à l’engagement dans un processus d’aide : négation de leur problème, site de contrôle externe, conception stéréotypée des rôles de l’homme et de la femme. En outre, plusieurs vivent dans un entourage qui tolère, voire qui encourage la violence.

Cette recherche a plusieurs objectifs comme savoir les circonstances qui ont poussé ces hommes à demander de l’aide et voir les obstacles qui font face à cette recherche d’aide.

Il est essentiel d’intervenir auprès des hommes violents car en plus qu’ils ont été violents envers leurs ex-femmes, ils peuvent de même le devenir envers une nouvelle conjointe. Plusieurs critères jouent leur rôle dans la recherche d’aide. Des caractéristiques comme le sexe, la classe sociale et l’appartenance culturelle sont associées à la fréquence d’utilisation des services d’aide. En revanche, les hommes consultent plus tardivement, c’est-à-dire lorsque les problèmes se sont aggravés, ce qui entraîne une démarche plus stigmatisante et des coûts de traitement plus élevés.

De même, il y a une recherche d’aide abordée dans une perspective interactionniste. « Selon la perspective interactionniste, une conduite n’est jamais totalement prévisible, ni entièrement déterminée par les caractéristiques de la personne ou de l’environnement. Pour comprendre les comportements, il faut partir de l’analyse que fait la personne de la situation dans laquelle elle se trouve, des objectifs qu’elle poursuit, des possibilités qui s’offrent à elle et des contraintes avec lesquelles elle doit composer » (D. Turcotte, Dulac, Lindsuy, Rondeau, P. Turcotte, 2002, in Criviff, Les trajectoires de demande d’aide…).

Les conjoints violents sont dépendants, jaloux, ont une faible estime d’eux-mêmes, rejettent le blâme sur les victimes, ne respectent pas les normes sociales et ont une conception rigide et stéréotypée des rôles de l’homme et de la femme.

Modèle initial pour l’étude des trajectoires de demande d’aide :

Schéma n˚2: Modèle initial pour l’étude des trajectoires de demande d’aide (D. Turcotte, Dulac, Lindsuy, Rondeau, P. Turcotte, 2002,
Schéma n˚2: Modèle initial pour l’étude des trajectoires de demande d’aide (D. Turcotte, Dulac, Lindsuy, Rondeau, P. Turcotte, 2002, in Criviff, Les trajectoires de demande d’aide…).

La méthode de cette recherche a consisté à faire une description comparée des trajectoires de recherche d’aide suivies par des hommes confrontés à des problèmes de toxicomanie ou d’alcoolisme, sont des hommes qui exercent d’actes violents envers leurs conjointes et leurs familles.

Il s’est révélé qu’ils présentent un sentiment de solitude, de honte, dépression… « ils sont inquiets face au déroulement de l’intervention, craignent d’être confrontés à un nouvel échec, ont des réticences à parler de leur vie intime, ont peur d’être jugés ou étiquetés et sont insécurisés face à un contexte où ils n’auront pas le contrôle » (D. Turcotte, Dulac, Lindsuy, Rondeau, P. Turcotte, 2002, in Criviff, Les trajectoires de demande d’aide…).

De même, on trouve chez d’autres un désir de mieux se connaître, de connaître quels sont ses comportements inadéquats, ils veulent en arriver rapidement, après avoir nommé le problème, à la recherche de solutions.

Enfin, il faut noter qu’il est essentiel de développer davantage de services pour les hommes et les généraliser sur tous les plans économique, géographique et culturel pour que les hommes trouvent l’aide avant d’avoir perturbé totalement leur entourage et avant que la cure devienne totalement difficile.

De même, à propos de l’intervention et d’aide des hommes en problèmes, entre les services et les hommes: un pont à bâtir (Rondeau, Hernandez, 2003, in Criviff, Entre les services et les hommes…). L’objet d’étude de cette recherche est les réalités des hommes comme problème social et politique.

Etablir un pont entre les hommes et les services c’est parlé de la réponse sociale aux besoins des hommes. D’autre part, l’intervention auprès des hommes a lieu car ils sont égaux aux femmes, ils vivent beaucoup de problèmes sociaux, économiques, familiaux… Un nombre grandissant de femmes ont accédé à des emplois rémunérés et de plus en plus choisissent des emplois traditionnellement occupés par des hommes. La situation est cependant très différente pour les hommes qui choisissent d’exercer des professions traditionnellement réservées aux femmes puisqu’ils doivent composer avec un statut et un salaire moindres que celui des hommes qui choisissent d’occuper une profession traditionnelle. Les hommes ont effectivement de grands besoins. Ce sont eux qui enregistrent le plus de malaises, le plus de difficultés et à bien des égards présentent le plus de vulnérabilités aux plans de la santé et du comportement. Cela, il faut le dire et l’affirmer sans réserve. La réalité est que lorsqu’on compare les choses en ce qui concerne les besoins, les homme sont, plus que les femmes, en situation de difficulté aux plans de la santé physique (ils meurent plus jeunes et sont en moins en bonne santé), de la santé mentale (suicide) et du comportement (alcoolisme, toxicomanie).

Les programmes sont pour les conjoints violents, pour les pères incestueux, les jeunes délinquants, les jeunes avec troubles de comportement…

Toutefois, la première règle est de vouloir, la seconde est d’agir pour rejoindre l’homme, la troisième c’est de l’accueillir, le respecter et travailler à tisser un lien d’intimité et de confiance. Reconnaître l’existence des difficultés et chercher à accueillir l’homme ne signifie pas qu’on cautionne des comportements répréhensibles ou violents, ou qu’on le déresponsabilise des gestes qu’il a posés. Non, on le traite en être humain. Si on peut le rejoindre dans sa douleur, sa fragilité, sa souffrance, on peut l’amener plus facilement à reconnaître ce qu’il a fait.

L’homme demande ces services car il en a un besoin réel ainsi il faut répondre aux besoins des hommes et il faut que cette réponse soit adaptée.

Les conjoints violents présentent plusieurs caractéristiques qui sont considérées comme des obstacles à l’engagement dans un processus d’aide : négation de leur problème, site de contrôle externe, conception stéréotypée des rôles de l’homme et de la femme. En outre, plusieurs vivent dans un entourage qui tolère, voire qui encourage la violence.

Les hommes ont des attentes face au processus d’aide qui peuvent être classées en deux catégories : les attentes cognitives et celles comportementales.

Parmi les attentes cognitives, on retrouve le désir pour l’homme de mieux se connaître, de connaître quels sont ses comportements inadéquats et qu’est ce qui le pousse à agir de cette façon. Les attentes comportementales sont davantage en lien avec les actions à entreprendre et les changements à apporter pour modifier la situation dans laquelle se trouvent les hommes.

L’aide vise de même les pères qui ont des problèmes liés au divorce. Si certains hommes sont violents, la grande majorité ne l’est pas. Mais les hommes ne sont pas non plus des anges, ils ont chacun leurs faiblesses. Et il en est de même des femmes. Au cours d’une séparation, les deux conjoints voient les choses différemment et les émotions vécues, le stress aidant, tendent à court circuit leur capacité d’écoute, de communication et de compromis en fonction de leurs enfants.

Enfin, face aux problèmes vécus par les hommes il faut reconnaître leurs besoins et intervenir auprès des conjoints violents et sur la condition masculine et sensibiliser la population dans le but de normaliser la demande d’aide des hommes.

Des programmes intensifs de traitement pour les conjoints violents demeurent essentiels (Rondeau, Brodeur, Boisvert, Forney, 2002, in Evaluation du programme intensif de traitement…), ces organismes ont pour mission de faire cesser la violence, de prévenir les comportements violents, de responsabiliser l’homme aux prises avec ces difficultés et de l’accompagner dans un processus de changement. De même, ils tentent de répondre, à des besoins de protection et de sécurité des femmes.

Au départ, dans le domaine de la violence conjugale, les services étaient orientés exclusivement vers les femmes victimes. Toutefois, plusieurs femmes refusaient de quitter leur conjoint ou décidaient de retourner auprès de celui-ci après une courte séparation. C’est dans ce contexte que les services destinés aux hommes ont vu le jour. Il y a plusieurs programmes destinés aux conjoints violents comme le modèle proféministe qui consiste à porter sur l’exercice abusif du pouvoir et du contrôle par l’homme. Le modèle préconise la confrontation des attitudes sexistes et des rôles sexuels stéréotypés. Comme la violence est un moyen de maintenir le contrôle, ce modèle permet aux hommes de maintenir les avantages dont ils jouissent au détriment des femmes et ce travail consiste à changer leurs perceptions et à promouvoir l’acceptation de nouvelles valeurs, connaissances et conduites.

De même, il y a le modèle cognitivo-comportemental qui se base sur ce que «tout comportement social ce qui inclut la violence, est essentiellement un comportement appris. Conséquemment, il est possible de désapprendre cet apprentissage et de le remplacer par un comportement socialement plus acceptable» (Rondeau, Brodeur, Boisvert, Forney, 2002, in Evaluation du programme intensif de traitement…, p.13). Donc, il faut gérer la colère qui est à la base de l’agression à travers des lectures dirigées, jeux de rôle, exercices et méthodes de contrôle de la colère et la relaxation.

Aussi, il y a le modèle d’entraide qui «mise davantage sur l’éveil de la conscience et le soutien plutôt que sur un modèle comportemental» (Rondeau, Brodeur, Boisvert, Forney, 2002, in Evaluation du programme intensif de traitement…, p.14). Donc, c’est le fait de soutenir et confronter l’homme pour restructurer ses attitudes et ses comportements. De même, il y a l’éclectisme «le contenu de la thérapie est inspiré des analyses féministes de la violence conjugale, alors que les méthodes d’intervention sont empruntées au modèle cognitivo-comportemental» (Rondeau, Brodeur, Boisvert, Forney, 2002, in Evaluation du programme intensif de traitement…, p.15). Certainement, il y a une difficulté que les hommes s’engageraient à ce type de programme car il est facile pour eux de porter le blâme sur les autres pour leurs agissements violents. De même, il faut que les programmes et les intervenants soient compatibles avec la taille des clientèles et la nature et le caractère des hommes et la qualité des services offerts pour empêcher leur abandon.

Comme évaluation des programmes destinés à combattre la violence il y a le programme de prévention de la violence d’orientation cognitivo-comportementale, s’inspire du modèle d’apprentissage social considérant que la violence est un comportement appris et internalisé par le « modeling » et le renforcement. Ainsi, les participants sont encouragés à examiner leurs expériences d’apprentissage et à identifier les éléments qui renforcent leur utilisation de la violence.

Quelle que soit la nature de la violence faite par l’homme, pour assurer la réussite du programme qui lui offert il faut qu’il soit motivé au changement. En effet, les individus changent le jour où eux décident de changer.

L’étude présente porte sur les points de vue des femmes et des hommes sur les services utilisés en matière de violence conjugale (Rinfret-Raynor, 2001, in Points de vue des femmes et des hommes…). La présente recherche vise à interroger des femmes violentées et des conjoints violents en contact avec diverses ressources afin de recueillir leurs points de vue sur l’orientation des interventions reçues dans ces divers services, la cohérence de ces interventions les unes par rapport aux autres, leur complémentarité et leurs effets sur la cessation de la violence et sur le cheminement des individus. Les femmes fréquentent beaucoup plus les services sociaux que les hommes et c’est pour plusieurs facteurs culturels, sociaux et individuels, notamment la socialisation masculine. Les études consultées nous permettent de distinguer entre les effets perçus de l’intervention par rapport au cheminement personnel et les effets par rapport à la cessation de la violence. Ces études ont généralement fait appel davantage aux femmes violentées qu’aux conjoints violents et ont la plupart du temps interrogé les personnes à partir d’une ressource.

L’intervention a été faite auprès des femmes victimes et des hommes violents. « Plus la femme est autonome dans son cheminement personnel, son cheminement de prise en charge et de contrôle, plus l’impact de son séjour sera grand sur la cessation de la violence » (Rinfret-Raynor, 2001, in Points de vue des femmes et des hommes…, p.12). Les femmes rechercheraient davantage une aide professionnelle pour faire face à la violence lorsqu’elles ne se sentent pas responsables de celle-ci.

Auprès des hommes violents : les conjoints réagissent à la première intervention policière de façon pseudo-rationnelle, c’est-à-dire qu’ils considèrent normal que les policiers se présentent chez eux à la suite d’un appel de leur femme et voit le rôle du policier comme en étant un de conseiller. La deuxième intervention représente un tournant majeur dans la perception qu’ont les hommes de l’intervention policière : du rationnel, on passe au choc parce que l’intervention parait inattendue et irrationnelle puisque le conjoint est maintenant considéré comme un suspect.

De même les études ont porté sur les points de vue des femmes sur l’efficacité de l’intervention des services offerts aux hommes. Les femmes attribuent au programme certains des changements d’attitudes et de comportements du conjoint. Une diminution de la violence est généralement rapportée par les femmes, mais la peur persiste chez la majorité des conjointes.

Les femmes recherchent l’aide selon sa réalité personnelle et sociale et à travers son contexte économique et socioculturel et par la réponse du milieu. Ainsi, les hommes ont besoin d’écoute attentive, de confidentialité et de l’anonymat, de même que d’avoir une place pour exprimer la souffrance.

Il y a eu nécessité d’intervenir auprès du sujet de la violence conjugale et d’aider les femmes victimes et les hommes violents car ce problème ne relève plus de la sphère privée mais il est devenu une problématique d’ordre social. L’identification de la violence conjugale ainsi que la déculpabilisation de la victime relativement à celle-ci par l’aidant et l’aidée devient une condition sine qua non à la sécurité physique et émotionnelle de la victime.

Au plan du cheminement entrepris par ces femmes pour extraire la violence conjugale de leur vie, les maisons d’hébergement fournissent accompagnement, soutien et suivi.

L’élément crucial du séjour en maison d’hébergement est la mise en relation de cette compréhension phénoménologique de leur situation de violence conjugale avec celle de d’autres femmes qui subissent la même violence qu’elles. C’est seulement à partir de cette condition, soit la mise en commun de leur compréhension de cette souffrance, qu’un sentiment de contrôle sur leur vie et sur les décisions prises socialement pourra émerger, soit l’empowerment individuel et social qui conduit à une entraide collective.

Les hommes consultant les services sociaux ont une trajectoire assez différente de celle des femmes, non seulement en considérant le nombre moyen d’organismes et d’intervenant-es rencontré-es, mais aussi en tenant compte de la nature des motivations de consultation. La plupart des hommes de cette étude mentionnant avoir développé un lien instrumental avec les membres de leur famille, collègues de travail et voisins…ainsi, la souffrance de certains hommes n’est pas tant liée aux effets de la violence conjugale dans leur vie, mais plutôt à la crainte de vivre séparés de leur conjointe.

Interventions et aides pour les femmes (Falardeau, 2003, in Rapport d’activités, La maison des femmes…): Il faut offrir des interventions de qualité qui répondent aux besoins des femmes et enfants. « Nous demeurons conscientes que la violence à laquelle ils sont exposés cause des séquelles parfois importantes. Nous continuons donc de répondre à leurs besoins, en leur offrant le support nécessaire par des interventions adaptées à leur réalité, il est possible d’organiser des rencontres familiales structurées qui s’avèrent très adiantes, autant pour les enfants que les mères » (Falardeau, 2003, in Rapport d’activités, La maison des femmes…, p. 35). Ce qui leur permet de s’exprimer sur ce qu’ils vivent. A ce niveau ils se sentent importants et écourtés.

Les femmes qui ont recours à ces services reçoivent écoute et support, elles peuvent connaître et exercer leurs droits. Elles s’interrogent avec d’autres femmes sur les causes de la violence, de créer une solidarité entre elles, de réagir collectivement pour un mieux-être et finalement de tendre vers l’autonomie. Plusieurs services ont été offerts comme l’intervention individuelle, informelle, de groupe, auprès des enfants, activités culturelles et éducatives et de même information, sensibilisation et formation et finalement des rencontres avec les institutions scolaires et avec les médias.

Les personnes violentes étaient des enfants agressifs en bas âge, d’où l’importance de s’attarder à ce phénomène dès le jeune âge de l’enfant, sujet d’étude sous le titre : La prévention de la violence à l’école primaire par la promotion des comportements pacifiques (Turcotte, Lamonde, Lindsay, 2002, in Criviff, La prévention de la violence à l’école primaire…). La violence est une réalité sociale présente de même en milieu scolaire et elle se manifeste sous différentes formes, elles peuvent aller des simples problèmes de discipline (désobéissance, taquineries), à des agressions physiques, en passant par les menaces verbales, physiques et vandalisme. La violence verbale serait la forme de violence la plus répandue dans les écoles et se manifesterait par des paroles blessantes, des menaces, du chantage et des cris. Mais, il existe également d’autres formes de violence ; la discrimination, qui est exercée par des élèves sur d’autres en fonction de l’origine ethnique ou sociale, du sexe ou du style vestimentaire en est un exemple. Les élèves qui sont touchés par la discrimination se sentent exclus et rejetés et leur estime d’eux-mêmes est affectée.

Plus l’enfant vieillit, plus les comportements violents deviennent sérieux. On parle alors d’agression, de conflit, de délinquance, de criminalité…

Ce genre de violence a plusieurs conséquences sur l’enfant comme le rejet de son groupe de pairs, anxiété, tristesse et stress. Les jeunes ne deviennent pas violents du jour au lendemain, les adolescents violents étaient des enfants agressifs en bas âge, d’où l’importance de s’attarder à ce phénomène dès le jeune âge de l’enfant.

Plusieurs facteurs sont associés à la violence comme individuels, familiaux et environnementaux. Si l’enfant est exposé à un bon nombre de ces facteurs il y a plus de risque d’être violent.

L’école joue un très grand rôle dans la prévention contre ce phénomène et c’est en agissant sur la diminution des facteurs de risques et l’augmentation des facteurs de protection. Certaines actions peuvent être réalisées en milieu scolaire, notamment en développant une plus grande sensibilité aux effets destructeurs de la violence et en favorisant l’apprentissage de modalités pro sociales de résolution de conflit. C’est pour ces raisons qu’il est important d’intervenir précocement, dans les écoles primaires, en mettant sur pied des programmes de prévention de la violence et de promotion des comportements agressifs.