2. Violences conjugales au Liban, France et Canada : contexte, prévention et moyens de traitement :

La violence, forme de contrôle social des femmes, se fonde sur le principe de l’universalité de la subordination des femmes, subordination liée à leur rôle dans la reproduction et à la division sexuelle du travail ; l’assignation sexuée aux sphères privée et publique est un autre vecteur de cette violence.

Dans les sociétés les plus avancées, la violence est cachée et s’exerce de façon plus sournoise par des pressions psychologiques.

La construction de l’être social des sociétés occidentales, reposant en grande partie sur la responsabilité individuelle, engendre des formes de pathologie existentielles, des dépressions chroniques. Psychiatres, médecins et psychopathologues ont dévoilé les souffrances psychiques des femmes violentées ainsi que les processus de mise à l’écart, de déstabilisation ou d’harcèlement moral.

Un modèle psychopathologique unidimensionnel analyse les violences sexuelles comme résultant de comportements déviants propres à quelques individus dont l’histoire personnelle est gravement perturbée. Cette approche concerne, sans contexte, les violeurs, mais la violence ordinaire relève davantage d’une approche sociologique intégrant les rapports sociaux et les éléments biographiques personnels.

L’approche féministe des violences désavoue la tendance à l’individualisation et à la psychologisation du phénomène, sans renier pour autant l’importance des violences psychologiques, notamment dans le cadre conjugal. En tout état de cause, substituer au couple dominant/dominée le couple homme violent/femme victime révèle le passage d’un concept politique, la domination, à un concept à connotation psychologique, la violence.

Certes, le chiffrage des violences contre les femmes a permis leur reconnaissance en tant que phénomène de société, et fait émerger un nouvel objet sociologique. « Mais ce champ, naissant, souffre de l’absence de mots pour dire les divers maux qui le caractérisent : des plus banals, souvent déniés, aux plus tragiques dont la persistance est accablante.

D’autant plus que la distanciation propre à l’analyse sociologique se heurte parfois à des réalités bouleversantes. Loi du hasard, troublants aléas de la statistique : en France, au cours du premier trimestre 2005, quatre femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint, dans le seul département de Seine-Saint-Denis » (Jaspard, 2003, p. 112).