2.3. Attitudes envers les femmes violentées dans ces différentes sociétés :

Chaque entourage a sa propre attitude de même dans sa réaction vis-à-vis de la violence exercée sur les femmes et ceci est clairement apparent dans notre description de l’approche socioculturelle de chacune des sociétés étudiées que ce soit Liban, France ou Canada.

Comme c’est le cas pour les personnes prises dans des sectes, c’est souvent la famille ou les amis proches qui s’inquiètent en premier de la métamorphose manifeste de la victime, mais ils sont désemparés et ne savent pas quelle conduite tenir. Ceux qui voudraient aider ne comprennent pas l’escalade de la violence, ils aimeraient que les femmes réagissent avec plus de force, pour ne pas laisser faire, si la victime ne réagit pas, on pense qu’elle a ses raisons et il arrive aussi que l’entourage rende la femme responsable.

Les femmes victimes sont très sensibles aux réactions de leur entourage, or, elles rencontrent souvent de la commisération, de la gêne, du rejet ou de la culpabilisation, attitudes négatives qui renforcent leur difficulté à dénoncer les faits. Une violence entre mari et femme est encore trop souvent considérée comme une affaire privée.

Pour repérer qu’une femme est violentée régulièrement, il faut être fin observateur ; noter qu’elle est devenue apathique, renfermée, déprimée et toujours nerveuse en présence de son partenaire ; remarquer que l’homme devient de plus en plus contrôlant ou critiquant.

Il faut alors tenter de parler à cette femme, l’écouter sans juger et en cas de besoin l’inciter à contacter quelqu’un ou des personnes extérieures comme assistante sociale, associations… Observer le comportement de l’homme lui-même ne permet pas de comprendre la situation car l’entourage ne remarque pas la montée de la tension qui précède l’acte de violence.

Il est rare que l’agresseur expose publiquement son comportement et, généralement, les personnes qui auraient pu aider la femme ont été écartées, il ne faut pas oublier que, dans la mise en place de la violence, la femme est isolée de ses amis, de sa famille, de tous ceux qui pourraient l’amener à réagir.

La violence conjugale reste un phénomène très sous-estimé, y compris par les professionnels de santé. Quand les femmes violentées consultent, elles ne précisent pas l’origine de leurs troubles, il faudrait donc que les professionnels de santé apprennent à repérer des indices de violence conjugale. Mais, d’une part, ils ne sont pas suffisamment formés et, d’autre part, ils craignent souvent d’offenser leurs patientes, en posant des questions trop directes. Seuls les médecins sensibilisés à cette problématique savent établir un diagnostic et malheureusement, certains continuent à penser qu’il s’agit d’une affaire privée et d’autres sont encore influencés par les idées reçues sur les femmes.

Une femme victime de violence est perturbée par ce qu’elle vit, aussi il faut veiller à ne pas la transformer en malade mentale, il est important de la rassurer et de lui dire que ce n’est pas elle qui a un problème, mais son partenaire.

Etablir des instruments de dépistage implique que les professionnels en lien avec les associations puissent travailler en réseau pour établir un suivi de la personne victime.