2.4. Violences conjugales au Liban, France et Canada, rôle des associations :

L’efficacité des associations est à son tour relative dans chacune des sociétés étudiées, comme on l’a vu durant notre analyse et de tout ce qui a précédé, elle est beaucoup plus qu’acceptable en France et au Canada, et minimale au Liban.

Sous l’impulsion des ministères successifs chargés des droits des femmes, l’Etat s’est engagé dans la lutte contre les violences conjugales, avec la collaboration d’autres ministères notamment dans les pays développés, cette politique s’articule autour de différents axes comme la sensibilisation de la population et la formation des intervenants, l’aide aux victimes, l’Etat intervient en aidant les associations et la répression de la violence conjugale.

Pour aider une femme qui subit de la violence, il faut avant tout éviter de juger ou de culpabiliser, et lui rappeler que la loi sanctionne ce type d’agissement. Il faut évaluer la maltraitance en tenant compte du fait que, même dans des cas de violences avérées, les femmes cherchent des excuses à leur agresseur et minimisent la gravité de ses actes, et assurer la sécurité de la victime et de ses enfants, en l’orientant vers des associations spécialisées et autres lieux de soutien. Il faut ensuite chercher un soutien psychologique, pour lui permettre de sortir de l’emprise.

L’homme ne s’autorise cette violence que parce qu’il pense que sa femme ne réagira pas, une situation abusive s’aggrave toujours avec le temps, il faut donc intervenir de l’extérieur pour l’interrompre. Mais les femmes hésitent à porter plainte, elles ne le font pas car pour elles cela va augmenter la violence du partenaire, piégées par la culpabilité, celles-ci finissent par céder dans plus de la moitié des cas. Tant qu’elles vivent au domicile conjugal, elles ont peur de dénoncer ce qu’elles subissent, il est dommage qu’à ce moment-là les femmes ne prennent pas conseil pour connaître leurs droits.

Même s’il existe des textes, il est encore difficile pour une femme victime de violence de déposer une plainte à la police et d’envisager que cette plainte sera suivie de mesures judiciaires efficaces, aussi, des recommandations ont été faites pour aider les femmes.

Face à cette profusion de mesures, il ne devrait pas y avoir un droit distinct pour les hommes et pour les femmes, le droit doit être le même pour tous. Bien sûr, la criminalité n’a pas de sexe, mais on peut reconnaître que, s’il faut des mesures spécifiques pour les femmes victimes de violence conjugale, ce n’est pas parce qu’elles sont femmes mais parce qu’elles sont plus souvent victimes.

Il est important d’imposer une solution judiciaire dès lors qu’il existe une violence physique, et de la proposer lorsqu’une personne se plaint de violence psychologique. Pour obtenir un divorce, il faut que les violences physiques soient suffisamment graves pour rendre le maintien de la vie commune impossible.

En cas de plainte pour violence conjugale, les juges peuvent être tentés de proposer une médiation, mais le danger de cette dernière est de banaliser la violence et de la ramener à un simple conflit de couple, on rapproche les deux conjoints en demandant à chacun de faire un pas vers l’autre, or, dans la violence conjugale, les deux parties ne sont pas égales, la relation est asymétrique, il y a un d’un côté, un conjoint abusif et, de l’autre, une femme qui porte seule la culpabilité de l’échec de la relation.

On cherchera à évaluer la dangerosité du conjoint violent en cas de violence physique, mais lorsqu’il s’agit de violence psychologique, cela nécessite l’expertise d’un professionnel sachant repérer la manipulation. Certains experts ne prennent en compte que les pathologies psychiatriques évidentes, or les individus violents ne présentent que rarement une maladie mentale, les personnes violentes nient toujours les faits et les plus habiles d’entre elles, les pervers narcissiques savent donner d’eux une apparence irréprochable, tout en chargeant le conjoint.

Il est vrai que des violences peuvent être alléguées sans être fondées au moment d’un divorce, lorsqu’une femme a été victime de violence dans son couple, elle peut demander si l’homme, qui a eu ce comportement avec elle, ne risque pas d’être dangereux pour ses enfants.

Les femmes victimes sont souvent déçues des décisions de justice car elles savent que, quelle que soit la gravité de ce qu’elles ont subi, la sanction sera rarement en proportion. A moins qu’elle ne soit très flagrante, ce qui est rare quand des procédés pervers sont utilisés, les juges tiennent rarement compte de la violence psychologique, pourtant, les victimes ne peuvent panser leurs blessures qu’une fois qu’elles sont reconnues comme victimes et que l’agression a été sanctionnée.

En principe, une victime doit présenter des preuves, or, les femmes sont maltraitées dans l’intimité du couple et de la famille, et malgré la gravité de ce qu’elles subissent, elles sont incapables de quitter le foyer, le sens commun ne suffit pas à comprendre d’emblée ce qu’elles ont vécu et pourquoi elles réagissent comme elles le font. Il n’est pas question de porter devant la justice des affaires qui peuvent être traitées autrement, mais il est important d’écouter toutes les plaintes car nous avons vu que les femmes sous emprise se défendent mal, elles ont donc besoin de soutien pour réagir et refuser la violence.