2.6. Prévention et actions de sensibilisation : une nécessité et un vœu incessant au Liban, en France et au Canada:

Pour faire avancer la cause de l’égalité, il faut d’abord, assurément, prendre la mesure des inégalités, rendre visibles leurs causes et leurs effets, comprendre le degré de leur enracinement et les implications de leur persistance.

Plusieurs pays commencent à traiter le problème de la violence conjugale d’une façon sérieuse, ils l’évoquent de l’ordre du public alors qu’ils l’ont considéré pour toujours comme affaire privée. Plusieurs forces et groupes de pression apparaissent dans ces pays pour recommander des lois qui luttent contre toutes formes de violences commises dans le couple afin de réduire ses conséquences néfastes et pour assurer la protection de la famille.

Criminaliser la violence conjugale est devenue une nécessité dans plusieurs pays occidentaux, appliquer les lois s’avère donc nécessaire pour protéger les femmes victimes et pour punir les hommes violents. Les efforts se poursuivent dans plusieurs pays notamment européens pour déclarer de nouvelles lois et pour mentionner les droits des victimes et les obligations de leurs conjoints.

Malheureusement et malgré que la violence conjugale est un phénomène répandu dans toutes les sociétés, mais pourtant plusieurs pays se trouvent toujours indifférents face à ce problème ou ne sanctionnent que quelques aspects de cette violence.

Dans plusieurs cas, le divorce ou la séparation ne sont pas la bonne solution pour les femmes victimes. Quelques femmes souhaitent cesser la violence et non le mariage, et ceci pour plusieurs causes, soit pour des raisons familiales et sociales puisque le divorce reste dans plusieurs sociétés inacceptable, soit pour des raisons économiques car elles ne savent où aller, soit pour ne pas dissocier la famille et pour garder ses enfants.

Dans d’autres pays, notamment arabes, la femme n’a pas même le droit de demander le divorce, elle ne peut l’accéder sans le support de son père, de son frère ou de son oncle… elle a toujours besoin de légitimer socialement sa démarche, même si elle est instruite ou indépendante économiquement.

Si la femme a refusé le recours aux institutions juridiques, le rôle de la police devient donc indispensable. La police peut jouer un rôle essentiel en ce domaine, elle peut arrêter l’époux violent par force, surveiller ses actes et recevoir les plaintes des victimes.

Mais le rôle de la police se diffère aussi selon les pays, s’il est acceptable dans quelques pays, il reste toujours absent dans d’autres, spécialement dans les pays qui considèrent toujours la violence familiale comme affaire privée comme au Liban. La police reste toujours indifférente dans plusieurs cas de violence domestique, s’attache beaucoup plus aux d’autres formes de violences, n’accordent pas d’aides aux femmes victimes, ni d’attention à leurs appels successifs.

Les obstacles rencontrés en ce domaine se surajoutent quand la police considère toujours les problèmes familiaux comme privés, ou quand elle suppose que la femme a déclenché le problème et qui a suscité une réaction violente de la part de son mari ou finalement quand elle ne joue que le rôle d’un médiateur et qui n’a comme devoir que d’établir la réconciliation.

L’absence de formation de la police et leur faible intervention risque davantage d’aggraver le problème de violence familiale et ses conséquences néfastes su les femmes et les enfants. Pour cela plusieurs réformes doivent s’établir en ce domaine : Etablir une formation pour tous les policiers et les renforcer par tous les moyens pour pouvoir contrôler et maîtriser toutes situations de violence domestique, les sensibiliser aux dangers de ses actes violents et les convaincre que sans leur intervention, les risques sur la famille deviennent de plus en plus dangereuses, fortifier leur rôle dans l’intervention, améliorer la réception des appels téléphoniques en quantité et en qualité, surveiller et écouter les femmes et les enfants victimes et collaborer avec tout autre agent ou organisation afin de cerner l’ampleur de ce phénomène, profiter de leur expérience en ce domaine et coordonner leurs efforts avec les hôpitaux et les écoles.

Canada a développé ses efforts dans l’intervention que ce soit au niveau organisationnel, policier ou législatif, elle a amélioré ces centres d’écoute et l’analyse et le suivi des dossiers accueillis par les policiers, et elle a assuré des lignes téléphoniques consacrées aux enfants pour les accorder toute aide. Dans le domaine des solutions offertes aux victimes, ce pays tient de plus en plus compte des besoins des enfants et des femmes victimes et de la protection de leurs droits.

Accorder l’aide aux victimes peut se réaliser par plusieurs moyens, elle commence par l’application des lois et la réforme continue d’un cadre juridique suscitant la lutte contre toute acte de violence familiale et la protection des membres de la famille.

Etablir une formation professionnelle pour tous ceux qui travaillent en ce domaine et consacrer des budgets pour pouvoir satisfaire tous les besoins socio-économiques de la famille pour les années à venir.

Supporter les organisations non gouvernementales et les inciter à coordonner leurs efforts pour faire réussir la prise de conscience sociale de ce phénomène et assurer des maisons d’hébergement ou des escales prêtes à accueillir les femmes et les enfants privés de leur domicile.

Ces maisons d’hébergement aident aussi activement les femmes violentées, les rendent en sécurité et indépendante, se sont des escales afin qu’elles procurent des foyers propres à elles.

France et Canada assurent ces types d’hébergement, même s’ils restent toujours insuffisants dans ces deux pays, ce service reste toujours absent au Liban.

Quitter le conjoint est une affaire difficile, pour cela les femmes ont besoin non seulement d’un foyer mais aussi de services éducatifs pour leurs enfants, d’aides financières, des services sanitaires pour elles et leurs enfants, d’aides psychologiques et thérapeutiques.

Lutter contre les violences conjugales commence par lutter contre ces causes, pour cela le travail formatif et psychothérapeutique doit commencer aussi avec les hommes violents pour pouvoir leur libéraliser de leurs attitudes violentes, et donc des efforts d’orientation et de sensibilisation des jeunes doivent être aussi procurés pour changer leurs conceptions parfois archaïques concernant les femmes et pour les transférer les directives vers une meilleure vie en couple.

Si on commence par considérer la violence conjugale comme un problème social, le traitement devient beaucoup plus efficace. Il faut traiter ce phénomène de cette façon car il est le résultat d’une inégalité et des rapports de force et de domination inégalitaires entre les deux sexes.

Limiter l’ampleur de ce phénomène ne se réalise qu’à travers des programmes éducatifs et formatifs et d’autres thérapeutiques.

Dépasser tout stéréotypes et préjugés discriminatoires à l’égard de la femme est condition nécessaire pour que l’homme se libère de ses attitudes violentes, et ceci est le but de la formation éducative et relationnelle.

Ainsi pour la thérapie, des attitudes comme la défense et le déni du problème peuvent être des obstacles face à la réussite d’un tel traitement, les hommes violents doivent se sentir responsables de leurs actes et prendre conscience de leurs problèmes et ceci fut le devoir des thérapeutes professionnels et spécialisées pour les aider à se libérer de leurs comportements agressifs.

La thérapie peut se faire soit d’une façon individuelle, soit en groupe, ce dernier et en sa dynamique peut encourager les hommes en question à faire sortir leurs problèmes, à en discuter et à en échanger leurs expériences.

A partir de cette comparaison entre ces trois sociétés nous avons pu confirmer nos hypothèses de travail déjà citées dans la première partie dans le sens que l’homme dans la société libanaise qui présente toujours des aspects traditionnels, garde toujours ses complexes socio-affectifs, violente toujours sa femme au nom de la religion et de la culture et de son éducation héritée, et qu’à travers toutes les études évoquées et les cas étudiés on a pu remarquer que le Liban, et malgré tous ses aspects modernes ne connaît pas une véritable égalité entre ses hommes et ses femmes.

Le Liban souffre des lois inéquitables et discriminatoires à l’égard des femmes qui ne les reconnaissent pas comme égales aux hommes, ce qui limite leur sécurité dans leurs vies privées et publiques, alors qu’en France et au Canada, le cas soit le contraire, là où les lois et le tiers social sont en principe en faveur de la femme.

L’héritage familial, la reproduction sociale et les stéréotypes traditionnels règnent toujours dans la société libanaise, la violence est intergénérationnelle, transmise de père en fils comme source de pouvoir, tout ceci à cause de ce système de patriarcat bien ancré dans la société et dans le système culturel libanais.

Que ce soit au Liban, en France ou au Canada, et même si c’est à des degrés différents, l’intervention s’avère nécessaire, pour défendre la femme, à ne pas partir, à se révolter afin d’anéantir la maltraitance et la violence.

La violence se différencie parfaitement selon les représentations culturelles de ces trois sociétés, la notion la culture, des mœurs, des normes, des pratiques discriminatoires et des exigences patriarcales ne sont pas légitimés qu’à travers un accord collectif.

Les conséquences de ces violences sur le plan social et psychologique et les effets de ces mécanismes culturels sont souvent relatifs à chaque société.

Le mécanisme psychique qui permet la prise de conscience de la violence reste obscur et indéterminé, c’est la culture qui le détermine et non pas ses manifestations apparentes.

Les violences conjugales font un problème social beaucoup plus que familial, d’ordre public beaucoup plus que privé, elles sont les résultats des inégalités sexuelles et en même temps ses conséquences, et c’est avec les efforts de l’Etat, des organisations non gouvernementales, des institutions juridiques, des écoles, des forces religieuses, des médias, des thérapeutes et de toute autre partie concernée qu’on peut accéder à lutter contre et à minimiser ses conséquences.

Nous avons vu comment les sociétés occidentales notamment française et canadienne peuvent jouer un rôle prépondérant dans l'atténuation des inégalités, l'appropriation des femmes dans ces sociétés, la prévention de la violence dont elles sont victimes ; que ces efforts commencent au Liban…