Introduction

La puissance de la mondialisation ne permet aucun pays de se positionner en dehors du paysage de l'économie mondiale. La crise de 2008 a montré combien les pays et les secteurs économiques dépendent les uns des autres. Or les questions sociales telles que les bas revenus, le chômage et la pauvreté émergent après de fortes turbulences du marché financier et de l'économie. Sur le chemin de l’unification du marché mondial, on a aussi observé l'évolution des principes fondamentaux de l'organisation et de la division du travail. Cette dernière s’est transformée, passant du modèle tayloriste ou fordiste — avec de grandes firmes à l'intégration verticale — à des modèles requérant davantage de spécialisation et de flexibilité, tels le modèle japonais ou les districts italiens, jusqu’aux firmes multinationales où se sont affirmées ces dernières années les tendances à l’outsourcing ou à l’offshoring 1 . En bref, la division du travail dépasse le cadre de l’entreprise, qu’elle ait un niveau national ou international.

Une autre importante tendance de la nouvelle division du travail concerne les secteurs industriels des différents pays. Si les pays industrialisés s’orientent actuellement vers les industries haut de gamme, les pays en développement, pour leur part, accueillent des industries traditionnelles à haute intensité de main-d'oeuvre. Ce mouvement vers une nouvelle division du travail est net. Par ailleurs, l'agglomération industrielle, qui est apparue dans les pays industrialisés, devient aujourd'hui un phénomène majeur au sein des pays en développement sous des formes variées : zone industrielle, zone high-tech, parcs de fournisseurs, district industriel… Ces dynamiques sont entièrement compatibles avec le processus de restructuration de l'économie mondiale, laquelle connaît une nouvelle phase sous la dominance de la technologie de l'information. L’expansion des marchés mondiaux, de pair avec le transport et la télécommunication, va s’accélérant. L'entreprise peut facilement tirer avantage de coûts de main-d'oeuvre et de matières premières moins élevés dans d’autres pays. Mais son développement n’est pas strictement lié à des avantages conventionnels tels que la main-d'œuvre ou les ressources naturelles.

En effet, les avantages compétitifs se transforment peu à peu et prennent une autre direction, celle des zones industrielles que Michael E. Porter a nommées « clusters ». Dans le passé, les avantages étaient surtout fonction des ressources naturelles ou des coûts de production, mais avec l’introduction du cluster un autre aspect de l’avantage s’est affirmé. Il n'est pas aléatoire que Hollywood soit devenu le coeur de l'industrie cinématographique, Wall Street, un centre financier mondial, la Silicon Valley et la Route 128 des pôles de haute technologie, et le nord de l'Italie, le pôle de l’industrie des chaussures de haute qualité. La compétitivité dépend maintenant de la capacité d’innovation des firmes. Dans un cluster, la concurrence existe en parallèle avec la coopération. Bien qu’ils soient concurrents, les clusters coopèrent étroitement avec les centres de recherche.

Le cluster industriel, nous le savons, ne constitue que l’une des diverses formes d’agglomération industrielle observées dans le monde. Au Vietnam, en parallèle avec les zones industrielles créées et gérées par le Gouvernement, il existe également des villages de métiers où se concentrent des activités industrielles artisanales. Le développement de ces villages de métier vietnamiens connaît actuellement des contraintes majeures :

Le développement des districts artisanaux après la mise en place de la politique Doi Moi 3 et dans le cadre de la mondialisation soulève de nombreuses questions. Nous espérons que cette thèse contribuera à apporter une autre explication sur les diverses mutations des villages de métier au Vietnam.

Notes
1.

Externalisation et délocalisation.

2.

Investissement direct à l’étranger.

3.

Littéralement : changement et renouveau. Politique de libéralisation économique initiée en 1986. L' économie de marché a été autorisée puis encouragée par le Parti communiste vietnamien.