2.1.2 La production artisanale, activité secondaire complémentaire d’activités agricoles

Un autre mode de production artisanale est apparu très tôt en milieu rural. Les villageois ont développé une activité secondaire complétant les travaux agricolespour deux raisons principales : les agriculteurs profitaient ainsi de leur temps libre et des ressources abondantes disponibles dans leurs provinces. Les besoins en outils de travail constituaient une raison supplémentaire car ils voulaient réaliser des économies concernant les coûts de production. Cette production artisanale leur permettait de couvrir leurs propres besoins mais aussi d’apporter à leurs familles des revenus supplémentaires grâce à la vente des outils dont ils ne se servaient pas. Dans les premiers temps, la production artisanale n'était pas vraiment séparée des activités agricoles et n’était pas spécialisée. Ceci explique que plusieurs métiers artisanaux pouvaient coexister dans un village. Si la structure des métiers artisanaux n’a guère changé durant une longue période, le nombre des familles qui les exerçait a augmenté. Ces techniques de production artisanale ont perduré jusqu'au début du XIXe siècle, la production restant au niveau des familles. Les métiers qui ont attiré le plus grand nombre de travailleurs étaient ceux du textile, de la vannerie, des industries alimentaires, de la menuiserie, de la maçonnerie, de la couture... Les artisans mobilisaient souvent des personnes hors de leurs familles pour augmenter la quantité. Il y avait aussi des artisans indépendants qui se déplaçaient à la demande du client. De nombreux centres de métiers artisanaux se sont alors développés, notamment dans les plaines au Nord (Delta du Fleuve Rouge) et dans le Centre (autour des villes de Huê et Da Nang). Les centres de Huê ont pris forme au XIXe siècle, au moment où le pays affirmait son identité et où les campagnes de défrichage vers le Sud étaient accélérées.

Ce type de production artisanale dépendait de la disponibilité des agriculteurs et des matières premières sur place et la vannerie semble être le métier qui complétait au mieux les activités agricoles. Quatre raisons expliquent son développement :

  • les familles des zones rurales et urbaines avaient toutes besoin de ses produits ;
  • les techniques de la vannerie étaient simples et tout le monde pouvait les maîtriser facilement ;
  • les matières premières (bambou, osier, rotin, jonc, feuilles de palmier...) étaient facilement disponibles à la campagne ;
  • Les agriculteurs avaient du temps libre outre celui consacré aux activités agricoles.

L'évolution de la vannerie sous les Nguyen prouve qu’il ne s’agissait pas d’une simple activité exercée par les paysans durant leur temps libre mais qu'elle était devenue un métier secondaire. Ce métier a marqué de sa présence plusieurs provinces dans les plaines du Nord comme Ha Tay, Nam Dinh, Thai Binh... Il est à noter que si la répartition des tâches dans ce groupe de métiers portait nettement la caractéristique de l'artisanat, pour certains métiers, une certaine spécialisation a commencé. Prenons l'exemple de deux villages (Da Le et Bao La) situés dans la province de Thua Thien-Huê : la production artisanale est devenue leur activité principale. Et la production y était spécialisée en fonction des produits de telle façon qu'un hameau du village n'assurait pas tout le travail mais se concentrait sur certains produits déterminés.