2.1.3 Les villages et quartiers spécialisés dans un métier

À côté des ateliers de production de l'État, il existait des villages et des quartiers urbains spécialisés dans un métier. Ils se trouvaient pour la plupart dans des zones constituant le centre politique d'une province, d'une région ou du pays. Lorsque ce centre prenait forme, employés de l'État, artisans et commerçants affluaient des quatre coins du pays pour répondre aux besoins croissants en produits de consommation. Des groupes d’artisans exerçant des métiers différents émigraient vers la ville pour développer leurs activités.

Malgré la naissance de ces nouvelles zones urbaines, et bien que cette ville ait perdu son statut de capitale, les industries artisanales ont continué de se développer dans les quartiers spécialisés de Thang Long (Hanoï) : ses habitants pratiquaient divers métiers artisanaux tels que le textile, la papeterie, la fonderie de bronze et l’orfèvrerie. D'autres métiers comme l'incrustation de nacre, la fabrication de tambours, de parasols, d'éventails en papier... ont progressé au XIXe siècle. Certains de ces métiers nés tardivement se sont développés au point de devenir vers la fin du siècle les activités artisanales principales de Hanoï.

La situation était différente à Huê, la capitale des Nguyen : elle accueillait surtout les ateliers artisanaux de l'État. Les meilleurs artisans du pays y travaillaient au seul bénéfice de la Cour royale. Les quartiers de métiers traditionnels n'existaient donc pas à Huê : les artisans ne se regroupaient pas et travaillaient de façon indépendante à l'intérieur et l'extérieur de la ville. Dans le Sud, Gia Dinh (le futur Saïgon et Hô Chi Minh Ville) est devenu un centre commercial où les modes de production artisanale se sont multipliés. Grenier à riz du pays, le Sud du Vietnam a vu naître de nouveaux métiers comme le moulinage et le traitement du riz à côté des métiers traditionnels comme le textile.