4.3.4 Accessibilité au crédit et à l’information

De nombreuses études ont relevé les difficultés que rencontrent les petites et moyennes entreprises (PME) dans l’accès aux capitaux (Webster L. et Taussig M., 1999)¹³⁶. La production des villages de métier étant rarement d’un grand volume, les ateliers de production ont souvent du mal à accéder à des sources de capitaux : 62,1 % des fabricants interrogés dans le cadre de l’enquête JICA-MARD ont approuvé cette dernière proposition, et 20 % pensent qu'il s'agit d'une contrainte d'extrême importance. Seuls 18,5 % des fabricants ont déclaré qu'ils ne connaissaient pas ce problème.

92 % des ateliers des villages fabriquant des produits laqués rencontrent des difficultés financières, le taux le plus élevé parmi tous les métiers. Ce taux est d'au moins 60 % pour les autres métiers. Chu Tien Quang (2003) a aussi remarqué que la plupart des fabricants/commerçants de produits artisanaux à la campagne vivent sur leurs propres capitaux, les crédits ne représentant qu’une part modique dans la structure de leurs capitaux. Le MARD (2000) a estimé que seuls 10 % des fabricants de produits artisanaux pouvaient accéder aux crédits d'État ; les 90 % restant demandent souvent une assistance financière à des banques privées. Cette situation résulte aussi de la complexité des formalités à accomplir : demander un emprunt exige un temps considérable (Chu Tien Quang, 2003 ; JICA-MARD, 2004). Par manque de capitaux, les ateliers de production des villages de métier ont du mal à développer leurs activités et améliorer la qualité des produits.

Source : enquête JICA-MARD 2004

La compétitivité des fabricants/commerçants de produits artisanaux dépend aussi de l’accessibilité à l'information. Les villages de métier mais aussi les PME en général ont du mal à accéder à des informations actualisées, notamment à des informations concernant les politiques de l’État. Dans un contexte où les associations de métier n’ont pas encore les moyens de réaliser leur mission et où le contact entre entreprises et organes compétents n'est pas régulier, il est facile à comprendre le fait que 62 % des fabricants/commerçants de produits artisanaux pensent que l'accès à l'information n'est pas facile, ou très difficile (22,9 %). Cette difficulté n'épargne aucun métier, les fabricants de produits en souchet et de produits laqués étant les moins renseignés.

Face à cette situation, les entreprises sont obligées de se débrouiller pour avoir les informations nécessaires à leurs activités. Diverses stratégies de recherche sont appliquées, et seul un petit nombre d’entreprises ne fait rien pour avoir des informations : elles ne cherchent pas d'information sur les modèles de produits (1,8 %), sur le prix (4,6 %) ou sur la qualité des produits (6,5%). Le Vietnam est actuellement en voie d'intégration dans l'économie mondiale, si les entreprises ne cherchent pas à s'adapter à la nouvelle situation, elles seront très rapidement marginalisées. La plupart des fabricants/commerçants de produits artisanaux mobilisent des sources d'information diverses. Ils sont nombreux à rechercher eux-mêmes l'information (37,3 % pour le modèle, 43,3 % pour le prix et 28,5 % pour la qualité).

Source : enquête JICA-MARD 2004

Selon le tableau ci-dessus, les fabricants/commerçants de produits artisanaux recherchent les informations eux-mêmes et recourent à des sources d'information diverses, les mass-médias, les PME, les entreprises publiques, et font même appel à des sources n'ayant pas de lien avec leurs activités comme des ONG, des touristes... Quant au niveau d'utilisation des sources d'information, 27,8 % des fabricants/commerçants reçoivent des PME de leurs provinces des informations sur le modèle, 36,7 % sur le prix et 32,5 % sur la qualité des produits. Les mass-médias sont aussi une source importante : 22,2 % des fabricants/commerçants suivent leurs informations sur le modèle et 18 % sur la qualité des produits. Peu de fabricants/commerçants trouvent par ce moyen des informations sur le prix (4,8 %).

L'accès à l’information dans les villages de métier est limité, d’abord en raison des recherches « effectuées par les fabricants/commerçants eux-mêmes » et ensuite à cause de la mauvaise répartition des tâches entre les organismes compétents. Le JICA et le MARD (2004) soulignent trois sortes de difficultés :

• Il n'existe pas d’administration centrale chargée de la gestion des villages de métier. Les ministères et les branches de l'économie, responsables des entreprises dans leurs domaines respectifs, ne coordonnent pas leurs activités et ne partagent pas entre eux les informations sur les métiers artisanaux.
• Les organismes compétents empiètent parfois l'un sur l'autre : ainsi quand la gestion des villages de métiers relève du Service de l'Industrie d'une province et du Service de l'Agriculture et du Développement rural d'une autre province.
• L'Association des coopératives du Vietnam et la Chambre de Commerce et d'Industrie du Vietnam ont mené des actions en faveur des PME, des coopératives et des ateliers de productions en zone rurale, mais leurs activités ne sont pas coordonnées de façon stricte et efficace.

Outre les raisons citées, d'autres éléments socio-culturels des entreprises en milieu rural en peuvent jouer un rôle. Ces entreprises sont moins actives dans la recherche des informations que celles situées à proximité des zones urbaines et des grandes villes.