5. Les politiques étatiques relatives au développement des villages artisanaux

Actuellement, divers ministères sont chargés – dans leur champ de compétence – de la gestion publique des activités de production dans les zones rurales. Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural place l’extension de ces activités dans son programme d’industrialisation des milieux ruraux et de lutte contre la misère. Le ministère du Plan et de l’Investissement privilégie la question du développement des PME. Le ministère de l’Industrie a mis en place des programmes de développement industriel des localités et a créé en son sein, en juillet 2003, la Direction de l’Industrie locale. Le ministère du Commerce s’intéresse au développement des échanges commerciaux des produits d'artisanat. La préservation des valeurs traditionnelles des villages est une des missions du ministère de la Culture et de l’Information. Il existe une coordination entre les ministères pour la réalisation des programmes de développement des activités de production dans les zones rurales. Mais aucun ministère n’assume le rôle de régulateur principal de l’activité artisanale. Le tableau récapitulatif ci-dessous résume les rôles respectifs des ministères et administrations concernés par le développement des activités de production dans les zones rurales.

Tableau 2.2 : Les acteurs clés dans le développement rural
Les acteurs Missions de développement des activités de production dans les zones rurales Actions essentielles
Ministère de l’Agriculture et du Développement rural Elaborer des plans d’alimentation de la production et de développement rural dans une perspective d’industrialisation et de modernisation. Réaliser des politiques relatives aux activités non agricoles et aux villages artisanaux via son Département de la transformation des produits agricoles et forestiers et de la production de sel. Proposer des plans, projets et politiques liés au développement du secteur non agricole. Guider les autorités locales pour la mise en œuvre des plans. Fixer les critères de fabrication des produits artisanaux traditionnels et réaliser des politiques incitatives.
Ministère du Plan et de d'investissement Développer les PME, y compris celles opérant dans l’activité artisanale, par le biais de son Département du développement des PME. Appui aux PME dans leurs activités d’investissement, de production, de marketing, de renforcement de la compétitivité, d’exportation. Information et conseil sur les produits à développer et dans le domaine des ressources humaines.
Ministère de l’Industrie La Direction de l’industrie locale développe des politiques relatives aux activités de production dans leszones rurales. Développer et gérer les activités artisanales et les zonesindustrielles.
Ministère de la Culture et de l’Information Développer, par l’intermédiaire de la Direction des Beaux-arts et de la Photographie, des produits artisanaux fabriqués dans le respect des valeurs traditionnelles Réaliser des travaux de recherche, des publications et organiser des expositions et des conférences.
Ministère du Commerce Inciter à l’exportation des produits ( agricoles et artisanaux). Le VIETRADE (Département de la Promotion Commerciale) relève de ce ministère. Il compte actuellement 41 projets d’exportation avec 41 bureaux de représentation à l’étranger.  
Ministère de la Sciences et de la Technologie   Il n’a réalisé aucun projet directement lié à l’artisanat. Ses investissements restent disséminés.
Ministère du travail et des invalides de guerre Assurer les formations professionnelles pour développer les activités artisanales. Malheureusement, il n’existe qu’un nombre limité d’écoles spécialisées dans la formation aux techniques et technologies de la production artisanale.
Ministère de la Santé Il ne joue pas de rôle particulier dans ce domaine. Il est chargé de la santé des employés et des habitants et de l’assainissement de l’environnement.  

Source : JICA-MARD (2004)

Pour traiter du développement des activités de production dans les zones rurales, on peut commencer par les politiques récemment adoptées par le PCV pour mener à bien l’œuvre d’industrialisation et de modernisation des campagnes. Il a été affirmé lors de la 7e session du VIIIe Congrès du PCV237, en 1996, que l’industrialisation et la modernisation constituent un processus de restructuration économique et technique des zones rurales, jetant les bases d'un développement rapide, efficace et durable des activités économiques de ces zones. Pham Viet Muon et Nguyen Van Phuc (1998)238 ont relevé les trois axes de cette politique :

La réussite de l’industrialisation et la modernisation dépend de la réalisation de plusieurs actions, de l’introduction de nouvelles technologies dans la production au développement de l’infrastructure en passant par un changement de la structure de l’organisation.

Concernant les activités de production des zones rurales, le VIIIe Congrès du PCV a défini une mission essentielle visant à « développer les activités artisanales, les villages de production artisanale et les nouvelles activités, à savoir la petite industrie et l’industrie artisanale, l’industrie des produits de consommation et des produits pour l’exportation, l’industrie d’exploitation et de transformation des matières non agricoles et les services destinés aux agriculteurs »239. Cette mission s’est concrétisée dans un Plan de développement socio-économique pour la période 1996–2000. Ce plan prévoit le renforcement du développement de la petite industrie dans les zones rurales et la consolidation des liens de cette industrie avec les zones industrielles concentrées et les zones urbaines. Ce plan expose clairement la nécessité améliorer l’infrastructure pour permettre le développement surtout les systèmes d’approvisionnement en eau et en électricité et le réseau téléphonique.

La Stratégie de développement socio-économique pour la période 2001–2010 adoptée lors du IXe Congrès du PCV en 2001 donne encore une fois priorité au développement rural : « Il faut développer de manière accélérée l’industrie et les services à la campagne, créer des pôles industriels concentrés et des petites zones industrielles à la campagne, orienter les villages vers la production de marchandises pour la consommation domestique et pour l’exportation, délocaliser partiellement les entreprises de sous-traitance et de transformation des produits agricoles des villes vers les zones rurales. »240. Le développement des activités de production dans les zones rurales fait partie intégrante de l’œuvre d’industrialisation et de modernisation de ces zones. Et dans cette œuvre, les relations naissantes entre le secteur agricole, le secteur industriel et les services doivent s’intensifier.

La Stratégie globale de croissance et de réduction de la pauvreté (SGCRP), publiée en mai 2002 par le Gouvernement, renforce la réalisation dela Stratégie de développement socio-économique pour la période 2001–2010. La SGCRP accorde une place particulière au développement rural et souligne qu’« il est nécessaire de diversifier les activités de production agricole et artisanale dans les zones rurales »241. Elle encourage le développement des activités non agricoles précédemment visé par la décision du Premier Ministre No132/2000/QD-TTg du 24 novembre 2000. Le développement des activités de production dans les zones rurales doit tenir compte des conditions géographiques et sociales propres à chacune de ces zones et les localités sont invitées à proposer des politiques précises pour mettre en œuvre la SGCRP tout en respectant les plans d’aménagement de la production et les orientations du Gouvernement.

Les premières politiques d’aide au développement des activités de production dans les zones rurales sont apparues durant les années 1960–1970. Après étude de l’évolution de ces politiques, Nguyen Van Phuc (2004)242 a noté une différence majeure dans la façon d’élaborer des politiques entre la décennie 1980 et la période actuelle : dans les précédentes décennies diverses politiques étaient décidées pour chaque domaine, tandis qu’aujourd’hui ces politiques font l’objet de textes normatifs, ce qui évite de promulguer des textes contradictoires régissant le même domaine et les débats portant sur les priorités de ces politiques.

Notes
237.

Le VIIIe Congrès est tenu du 28 juin au 1er juillet 1996 ;

238.

PHAM Viet Muon et NGUYEN Van Phuc (1998), Một vài suy nghĩ về những vấn đề cơ bản của quá trình thực hiện công nghiệp hóa, hiện đại hóa nông nghiệp nông thôn [Quelques réflexion sur les bases de l’industrialisation et de la modernisation rurale], in Hong Vinh (sous la dir. de), Công nghiệp hóa hiện đại hóa nông nghiệp nông thôn : một số vấn đề lý luận và thực tiễn, Politique Nationale, Hanoï.

239.

PCV, VIII e Congrès du PCV, Edition Politique de la Nation, Hanoï 1996, p. 87

240.

PCV, VIII e Congrès du PCV, Edition Politique de la Nation, Hanoï, 2001, p. 172.

241.

République Socialiste du Vietnam (2002), The comprehensive poverty reduction and growth strategy (CPRGS) [Stratégie globale de croissance et de réduction de la pauvreté SGCRP],Hanoï.

242.

Nguyễn Văn Phúc (2004), Công nghiệp nông thôn Việt Nam – Thực trạng và giải pháp phát triển [L’industrialisation rurale au Vietnam : situation et solution], Nxb Chính trị Quốc gia , Hà Nội.