5.4 Le Programme d’amélioration de la physionomie des zones rurales

Le Programme d’amélioration de la physionomie des zones ruralesest coordonné par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Il est basé sur la Stratégie de développement socio-économique pour la période 2001-2010 et sur la Stratégie globale sur la croissance et la réduction de la pauvreté. Il concerne les communes vietnamiennes et a pour objectif de « développer les campagnes d’une manière complète et durable sur les plans économique, social, environnemental, culturel, moral par la valorisation des forces endogènes et par la participation des habitants et des communautés des campagnes pour créer des mouvements de développement des zones rurales visant à donner à celles-ci une nouvelle physionomie »247. Les indices de performance de ce programme sont les suivants:

  • Le revenu moyen des foyers familiaux impliqués dans le Programme est de 1,45 fois supérieur à celui de 2005 ;
  • Le nombre de foyers pauvres impliqués dans le Programme est réduit de moitié ;
  • 200 000 cadres administratifs locaux et cadres chargés du développement rural de tous les échelons bénéficient de formations relatives au développement rural ;
  • 500 000 travailleurs ruraux bénéficient d’une formation professionnelle ;
  • 1 500 000 foyers d’agriculteurs obtiennent une aide au développement de la production agricole, forestière, aquacole et des activités non agricoles ;
  • 95 % des foyers obtiennent le titre de famille culturelle ;
  • La capacité des communautés (par l’intermédiaire des comités de développement des villages) est renforcée pour qu’elles puissent jouer pleinement leur rôle dans 3 000 communes ;
  • Le développement de 1 000 villages artisanaux supplémentaires répondant aux critères déterminés par le Programme : pour être reconnu comme village artisanal, un village doit avoir au moins 30 % de foyers d’artisans ou de travailleurs participant à la production artisanale.

Il est à noter que les indices sont complémentaires. Par exemple, la formation des travailleurs ruraux permet de réduire le taux de pauvreté. Parmi ces indices, le développement des villages artisanaux joue un rôle important. Cette action ne vise pas seulement à exécuter l’arrêté No132/2000/QD-TTg mais aussi à suivre le modèle de réussite de pays asiatiques comme la Thaïlande, le Japon ou la Chine248. Le Programme privilégie la préservation des valeurs traditionnelles, la création d’une nouvelle identité des villages, le développement des activités de production pour répondre à la consommation nationale et à l’exportation. Il comprend quatre projets :

  • Projet 1 : formation et renforcement de la capacité ;
  • Projet 2 : appui à l’amélioration des conditions de vie des habitants ;
  • Projet 3 : appui au développement de la production agricole et des services dans les zones rurales pour améliorer le revenu des habitants ;
  • Projet 4 : chaque village a une activité artisanale.

Le 4e projet porte sur le développement des activités non agricoles dans les zones rurales, y compris dans des zones où il n’y a pas de villages artisanaux. Selon le projet, « la communauté des villageois élabore elle-même un projet de développement d’une (des) activité (s) précise (s) qui vise des objectifs réalistes pour faire naître ou revivre au moins une activité de production non agricole adaptée aux conditions géographiques, économiques et aux orientations de développement du village »249. Il est à souligner que le projet ne vise pas exclusivement le rétablissement d’anciennes activités ou la création de nouvelles activités mais également l’amélioration de la compétitivité des produits. En effet, les actions prévues dans le projet sont entre autres les suivantes :

  • Création d’une chaîne de villages spécialisés dans un même type d’activité : les villages sont encouragés à coopérer entre eux pour fabriquer un produit spécifique.
  • Coordonner le développement des villages artisanaux et la constitution des zones urbaines et des faubourgs : les communes sont invitées à « créer sur leur territoire des centres d’appui au développement des activités de production qui disposeront de différents espaces : espace de présentation, de conservation des produits traditionnels, espace où sont développées des activités culturelles afférentes, espace d’exposition et de présentation des technologies de production, espace de formation des jeunes artisans, espace d’échanges commerciaux, d’information sur les produits et de vente des produits aux touristes… »250.

Il est prévu différentes aides pour les villages concernés par les projets :

  • Financement des frais d’organisation des formations professionnelles et des frais de déplacements (déplacement, hôtel, repas…) ; des experts sont invités à intervenir lors de ces formations.
  • Appui financier au transfert technologique.
  • Appui financier à hauteur de 50 % des dépenses relatives à l’installation de nouveaux matériels de production.
  • Financement des formations réservées aux responsables des villages, des communes et des travaux d’élaboration et d’expertise des projets.
  • Appui pour l’accès au crédit à des taux préférentiel pour des projets de développement rural.
  • Financement par l’État des projets de développement de l’infrastructure des pôles industriels locaux conformément aux dispositions applicables.
  • Appui financier au relogement des foyers affectés par l’expropriation prévue par les projets.
  • Appui financier à hauteur de 50 % du coût de traitement des déchets.
  • Appui financier à hauteur de 40 % des dépenses relatives à la création de centres de développement des activités de production, de salles d’exposition des produits et des bureaux de promotion commerciale …
Notes
247.

Ministère de l’Agriculture et du Développement rural (2006). Programme d’amélioration de la physionomie des zones rurales, Hanoï (téléchargeable sur http://www.dcrd.gov.vn/news/newsdetail.asp?targetID=1333 actualisé le 9 juillet 2008).

248.

Au Japon, le mouvement “Un village, un produit” , né dans l’arrondissement Oita en 1979, vise à faire revivre les activités artisanales traditionnelles de cet arrondissement. Il encourage les initiatives et l’intégration internationale des artisans. Grâce à des activités réalisées dans le cadre de ce mouvement, les produits traditionnels d’Oita sont réputés au Japon et à l’étranger. En Thaïlande, le mouvementOne Tambon, One Product”, appelé également “Thai Tambon Project” (en thaï Tambon signifie village), a été lancé après la visite rendue par le Premier Ministre thaïlandais dans un magasinOne Village, One Product” au Japon. Ce programme a été présenté en Thaïlande en 1999 et mis en œuvre depuis octobre 2001. Pour le réaliser, le Gouvernement thaïlandais soutient les villages qui fabriquent un produit typique, spécifique et de qualité. Son soutien concerne le marketing des produits, la formation des agriculteurs et le transfert des technologies. Selon les chiffres publiés par le Gouvernement thaïlandais, rien que dans les quatre premiers mois de 2002, ce programme a rapporté 3,66 milliards de Baht (84,2 millions d’USD) de profit aux agriculteurs. En 2003, le chiffre d’affaires cumulé des villages participant au Programme « Un village, un produit » s’est élevé à 30,8 milliards de Baht, soit une augmentation de 13 % par rapport à l’an 2002.

249.

Ibid.. p. 35

250.

Ibid.. p. 36