1.2 Les acteurs économiques

1.2.1 Les coopératives et les groupes de coopération

Les coopératives sont une forme d’organisation de production omniprésente au Vietnam pendant la période de la fin des années 1950 au début des années 1980. Cette composante économique est née de la volonté de construire le socialisme dans Nord-Vietnam (après la fin de la guerre d’Indochine, en 1954). La réforme économique mise en place dans la République démocratique du Vietnam prévoyait :

  • la nationalisation des usines ;
  • l’amélioration des relations avec la bourgeoisie nationale par la coopération entre le secteur privé et le secteur public dans la production ;
  • la collectivisation de la production agricole et industrielle.

À la fin des années 60, la réforme socialiste263 mise en œuvre dans le Nord-Vietnam était presque achevée, 85,5 % des foyers d’agriculteurs participant à des coopératives de petite envergure264. Les coopératives ont perdu peu à peu leur place dans l’économie nationale en raison de leur faible efficacité. Cependant, les coopératives jouent toujours un rôle important dans certains domaines, notamment dans la fourniture de services publics comme les travaux hydrauliques ou les engrais... Et de nombreuses coopératives se sont bien adaptées au changement du marché et ont trouvé une position stable dans le processus de Renouveau. C’est pourquoi le secteur collectif est toujours reconnu comme une composante de l’économie nationale. La Loi de 2006265, qui définit la coopérative comme « une organisation économique autonome, qui réunit les travailleurs qui ont les mêmes besoins, les mêmes intérêts », régit sa création et son fonctionnement. Les travailleurs apportent volontairement à l’organisation leur argent et leur effort, dans le but de valoriser la force collective et la force de chaque individu. L’entraide dans les activités de production, de commercialisation et d’amélioration du niveau de vie, contribue aussi au développement socio-économique national266.

La Loi sur les coopératives a créé un cadre juridique favorisant leur fonctionnement et leur développement dans une économie de marché. Les coopératives sont des organisations économiques autonomes. Les participants de cette organisation sont des travailleurs qui ont les mêmes intérêts. Ils y contribuent par leur argent et leur travail, dans le but de mettre en valeur la force collective, de s’entraider dans les activités de production et de commerce. Les Vietnamiens sont libres d’adhérer à une coopérative offrant des perspectives de développement économique, et ils sont libres de refuser. La coopération ne fait pas disparaître la propriété individuelle. Lors de l’adhésion, les membres apportent une cotisation. Ils reçoivent chaque année les bénéfices résultant de cette cotisation La cotisation est remboursée en cas de démission de la coopérative. Le fonctionnement des coopératives a beaucoup changé récemment.

Cette forme d’organisation de la production est assez habituelle dans les villages de métier : certaines coopératives améliorent activement les techniques de production, d’autres organisent des formations pour améliorer les compétences des membres et accordent des privilèges aux artisans...

Les groupes de coopération, forme d’organisation de production plus modeste, regroupe plusieurs familles d’artisans : plusieurs foyers coopèrent volontairement pour fabriquer ensemble un type de produits. Cette collaboration leur permet de disposer de plus de capitaux, de plus de techniques, et d’une main-d'œuvre plus abondante, afin de mieux répondre aux besoins du marché. Cependant, c’est une coopération souvent informelle – car créée par convention verbale –, aux contours lâches, et temporaire. Souvent fondée spontanément lorsqu’un foyer n’est pas capable à lui seul de satisfaire une commande reçue, la coopération prend fin une fois que le travail est accompli.

Malgré une diminution de leur nombre, les coopératives de Bát Trangqui ont survécu connaissent des succès, surtout dans l’exportation des produits vers les marchés asiatiques (Taiwan, Japon…) et les marchés américains et européens. On peut citer les coopératives Hop Luc, Anh Hong, Song Cuong... Le développement du secteur coopératif – dont les coopératives sont le pivot – est privilégié : le gouvernement vietnamien a mis en œuvre des politiques d’accélération et d’intensification de la compétitivité des coopératives, avec pour objectif de remédier aux faiblesses actuelles des coopératives :

  • mesures visant à pallier la faible compétence des gestionnaires et le manque de main-d'œuvre de qualité ;
  • réformes foncières permettant aux coopératives de louer un terrain à long terme et à un coût réduit ;
  • mesures visant à placer les coopératives à égalité avec les entreprises (de toute sorte) dans l’accès au crédit, en plus des sources financières qu’elles peuvent mobiliser par elles mêmes.
  • politiques d’assistance scientifique et technologique : le gouvernement encourage ce secteur à utiliser de nouvelles technologies, par le biais d’actions en faveur du développement agricole et industriel ;
  • politiques d’assistance concernant l’accès aux débouchés : il s’agit de la plus grande faiblesse des coopératives. La situation ne pourra s’améliorer que lorsque les coopératives se verront attribuer des moyens pour participer à des foires ou à des associations de métier où elles pourront s’informer sur les marchés et les besoins de la clientèle… L’Association de la céramique de Bát Trang, créée récemment, a fait les premiers pas dans l’assistance aux producteurs locaux ;
  • politiques d’assistance au développement des infrastructures dans une perspective de modernisation et d’industrialisation, et de développement des zones rurales.
Notes
263.

cải tạo xã hội chủ nghĩa en vietnamien

264.

La taille d’une coopérative est fonction du nombre de participants et de la superficie de terrain : une coopérative de petite taille comprend en moyenne 68 foyers et dispose de 33 ha de rizières. Les plus grandes coopératives ont en moyenne 49 ha de rizières et 85 foyers membres.

265.

Loi sur les coopératives approuvée le 20 mars 2006 lors de la 9e session de l’Assemblée Nationale.

266.

Art. 1, ibid..