2.2 La main d’œuvre et le marché du travail

2.2.1 Une main d’œuvre non qualifiée abondante mais encore insuffisante

Compte tenu de la répartition du travail et des exigences techniques pour chaque étape, la production ne demande pas une très grande qualification pour le plus gros des tâches. Ce qui explique que les villages de métier se développent bien dans les régions rurales, où se trouvent de nombreuses personnes sans emploi et sans qualification. Les métiers artisanaux sont un moyen de créer des emplois, d’augmenter les revenus aux agriculteurs et de contribuer ainsi à l’éradication de la pauvreté dans les campagnes. Qui sont les travailleurs des villages de métiers et d’où viennent-ils ? Ils habitent le village dans leur majorité, mais ils peuvent être originaires d’autres localités, voire d’autres provinces. Sur ce point, Bát Trangn’est pas un cas exceptionnel : son développement rapide donne du travail non seulement aux villageois mais aussi aux habitants des provinces avoisinantes, dont la province de Hung Yen.

‘Actuellement, beaucoup de gens à Hung Yen n’ont pas de travail, alors, ils viennent ici pour travailler. Si vous voulez, vous pouvez être à la porte du village, vous verrez, le village accueille beaucoup de travailleurs. À 7 heures du matin, des milliers d’ouvriers viennent travailler au village. (Entretien N° 36, Famille)’ ‘Les ouvriers sont nombreux, il y a des gens qui sont originaires de villages du district mais il y en a aussi d'autres venus d’autres provinces. On va souvent aux marchés de la main-d’œuvre pour trouver les ouvriers. Une fois recrutés, les ouvriers savent déjà souvent faire quelque chose. Si ce n’est pas le cas, ils doivent suivre les autres pour apprendre le métier. Par exemple, dans une famille, la mère connaît le métier de céramique, alors l’enfant va apprendre les techniques de sa mère. Quand il est sûr de ses compétences, il va au marché pour chercher du travail. (Entretien N° 28, Famille)’

Les établissements de production de Bát Trang n’ont donc pas de mal à trouver une main-d'œuvre peu qualifiée. Les personnes sans expérience sont acceptées : après un à deux mois de formation, elles peuvent assumer des tâches simples. Bien sûr, le revenu est fonction de l’ancienneté et de l’expérience des ouvriers.

‘Tous les jeunes en âge de travailler peuvent être recrutés. En ce qui concerne le salaire, le travailleur et l’employeur discutent sur la base du salaire plancher sur le marché. Les ouvriers s’occupant de travaux simples gagnent en moyenne 20 à 25 mille dôngs par jour. Ce seuil est plus élevé si le travail est compliqué et ingénieux. Actuellement, le seuil le plus élevé pour les ouvriers à Bát Trang est d’environ 40–50 mille dôngs par journée de travail. Le salaire des ouvriers qualifiés grimpe chaque année. (Entretien N° 21, Famille)’ ‘Ces gens qui assurent le déchargement des assiettes ou des bols ne peuvent faire les travaux plus compliqués. Les ouvriers comme celui-ci s’occupent des étapes principales comme le chargement du four. (Entretien N° 14, Firme)’ ‘Les ouvriers viennent pour la plupart d’autres régions. Ils ont saisi des techniques de production de céramique dès le plus jeune âge. Au fil du temps, ils ont plus d’expérience, et ils peuvent faire des travaux plus techniques… Concernant l’apprentissage du métier, le plus souvent, les plus expérimentés apprennent aux moins expérimentés. Par exemple, deux frères travaillent ensemble, le grand connaît le versement du mélange, alors, il l’apprend à son petit frère. Ces ouvriers ne sont pas de Bát Trang, les villageois de Bát Trang gèrent la production ou ne s’occupent que des étapes importantes (Entretien N° 1, Firme)’

Cette utilisation d’une main-d'œuvre peu qualifiée n’est pas un phénomène exceptionnel, plusieurs autres villages de métier connaissent la même situation. Les études du MARD et du JICA (2004) montrent qu’environ 90 % des villages de métier ne rencontrent pas de difficultés dans la recherche et l’embauche d’ouvriers peu qualifiés. Ce chiffre est de 91,4 % pour les villages produisant des céramiques. Mais c’est aussi le secteur de production de céramique qui souffre le plus de la pénurie d’ouvriers. Le taux de manque de main-d'œuvre peu qualifiée pour ce secteur est de 6,9%, contre 1 % pour d’autres secteurs.