1.1.2 Les marchés internationaux

Les marchés étrangers constituent le point fort de l'industrie de la céramique vietnamienne. Stevenson (1997)379 affirme, sur la foi de preuves archéologiques, que l'exportation des produits céramiques du Vietnam s’est répandue dès le XIVe siècle par le transport maritime. Ces produits ont très tôt été réputés au Vietnam et en Asie : ils étaient vendus aux tribus au Sud et à l'Ouest jusqu'en Thaïlande et en Birmanie. Un grand nombre d'objets funéraires (enterrés dans les tombeaux) en terre cuite du Vietnam ont été trouvés aux Philippines et en Indonésie. D’autres objets enterrés ont été découverts dans des quartiers d'habitation au Japon. Déjà à cette époque, il existait une concurrence entre les produits vietnamiens et ceux de la Chine ou d’autre pays de l’Asie du Sud-Est.

Sous la dynastie des Lê postérieurs (1428–1620), quand les empereurs chinois (dynastie Ming 1368–1644) contraignaient la politique d'exportation, le Vietnam a semblé disparaître du marché international car ses produits ne pouvaient pas concurrencer ceux de haute qualité fabriqués en grande quantité en Chine. La production se heurtait également à d’autres obstacles en raison des politiques mises en œuvre par les Lê. Le métier a repris de d'énergie quand la Compagnie néerlandaise des Indes orientales a commencé à acheter des produits de basse qualité pour les exporter en Indonésie. L'industrie de la céramique a stagné à nouveau sous la double dynastie des Nguyen et Trinh, en raison, notamment, de conditions politiques défavorables : les ateliers qui ne fabriquaient que des produits destinés à l'exportation ont presque tous fermé leur porte (Bát Tranga toujours maintenu ses activités grâce au marché domestique).

Guy (1997)380, également sur la base de trouvailles archéologiques, écrit que le Japon figurait parmi les pays importateurs de céramiques vietnamiennes : ces céramiques vietnamiennes se présentaient comme des marchandises lors des échanges commerciaux internationaux vers leXIVe siècle. Le Moyen Orient était le marché le plus éloigné du Vietnam à cette époque ; le volume des produits exportés dans cette région du monde reste très modeste par rapport à celui de Chine. Il semble que les produits vietnamiens de haute qualité étaient alors fabriqués pour combler les produits chinois. La présence de produits céramiques vietnamiens sur le marché européen n’est pas, aujourd’hui, établie. Le marché des pays de l'Asie du Sud-Est a longtemps été la cible la plus importante du Vietnam. L'expansion des produits céramiques vietnamiens est attestée par de nombreux objets découverts sur des sites archéologiques et dans d'anciens tombeaux. Les produits transportés par voie maritime étaient très variés ; ceux récupérés dans des épaves sont en meilleur état que les objets enterrés découverts au Japon et au Moyen Orient.

Pour l'industrie de céramique, l’exportation a toujours constitué un avantage notoire, et cela reste le cas à l’heure actuelle. Cependant l'instabilité récente de la macro-économie a exercé un impact négatif sur la croissance des exportations de ce secteur. Selon les estimations du Département Général de la Douane, les chiffres d'affaires des exportations nationales des produits céramiques ont atteint, pour les six premiers mois de l'année 2008, 175,7 millions de USD, soit une baisse de 10,1 % par rapport à la même période de l'année précédente. En juin 2008, la valeur des exportations vers Taiwan se classait au premier rang et atteignait 4,9 millions de USD, soit une baisse de 32,5 % en comparaison avec juin 2007. Les exportations vietnamiennes vers ce marché ont atteint une valeur totale de 28,1 millions de USD pour l'année 2008, soit une baisse de 12,7 %. Vient ensuite le Japon : la valeur des exportations du Vietnam vers ce marché a atteint 3,3 millions de USD en juin 2007, et 22,1 millions de USD pour les six premiers mois de l'année 2008, soit une augmentation respective de 25 % et 21,7 % par rapport aux mêmes périodes de 2007. Le Vietnam a en outre réalisé, pendant les six premiers mois de 2008, des exportations des produits de l’artisanat d'art vers d'autres marchés tels que la Pologne (1,07 millions de USD), l'Arabie Saoudite (1,08 millions de USD), le Canada (3 millions de USD), le Danemark (2,9 millions de USD)... Les informations ci-dessus sur l’exportation du Vietnam corroborent les chiffres que nous avons recueillis. Le Japon, le Taiwan, la Corée du Sud se trouvent toujours à la tête des grands importateurs des produits Vietnamiens. Quant au marché européen, l'Allemagne, l'Italie et la France apparaissent comme les clients principaux dans le rapport JICA-MARD 2004. Les analyses, dans ce rapport, montrent également que les produits céramiques vietnamiens ont franchi les frontières des États-Unis, bien que le volume des exportations reste faible. Nous avons constaté, lors de notre enquête menée auprès de 57 entreprises et ateliers de production de Bát Trang, que 14,7 % des établissements ne fabriquaient pas de produits destinés ; les autres (85,3 %) exportent leurs produits par différentes voies directes ou indirectes.

Notes
379.

STEVENSON John (1997), “The evolution of Vietnamese Ceramic”, in John Stevenson and John Guy (eds) Vietnamese Ceramic: a separate tradition, Art Media Resources with Avery Press, Singopore.

380.

GUY John (1997), “Vietnamese Ceramics in International Trade”, in John Stevenson ang John Guy (eds) Vietnamese Ceramic : a separate tradition, Art Media Resources with Avery Press, Singopore.