2.2.2 L’innovation relative au produit : la prévalence du learning by using et learning by doing

Rappelons que Bát Trang, durant toute son histoire, est resté l'un des plus grands la production de céramique du Vietnam. Avant le Doi Moi, des politiques peu appropriées ont entraîné la stagnation de l'économie, un manque chronique de biens de consommation. Dans ce contexte, les produits de Bát Trang, quelle que soit leur qualité, se vendaient bien tant sur le marché national que sur le marché international (surtout sur les marchés de l’Europe de l’Est). De nombreux producteurs affirment qu'ils préféraient les conditions de production antérieures au Doi Moi aux conditions actuelles, où les exigences des clients sont sévères et la concurrence sur le marché accrue.

‘Avant le Renouveau je n'ai pas créé ma propre entreprise. À cette époque-là, il semblait que tout le monde avait faim, nous ne nous intéressions pas beaucoup à la qualité des produits, l'important était comment fabriquer rapidement, en grande quantité et vendre des produits bon marché. Après le Renouveau, l'accent est mis sur la qualité et les techniques de production. (Entretien N° 13, Firme)’

Ayant pris conscience de la tendance nouvelle du marché, plusieurs entreprises et foyers ont tracé activement leur chemin et remporté un certain succès. Les producteurs ont deux options : fabriquer des produits pour le marché domestique – ce qui ne nécessite pas d’investissements importants en personnel, en argent, et en technologies ; ou fabriquer des produits pour l’exportation. Si le marché domestique est très animé vers la fin de l'année, le marché des exportations reste par contre plus stable. Pour les entreprises de Bát Trang, l'important est d'avoir des informations sur la clientèle. Or la recherche de nouveaux clients se base encore beaucoup sur les relations personnelles.

L'une des activités qui traduit la commercialisation de la production est la recherche et la création de nouveaux produits pour répondre aux exigences croissantes du marché. Pour Bát Trangcomme pour beaucoup d'autres villages de métier, diversifier les produits reste difficile à cause de la compétence insuffisante des gestionnaires. Une étude du MARD (1997) indique que seuls 34,4 % des entrepreneurs dans les villages de métiers sont titulaires d’un baccalauréat ou d'un diplôme supérieur. Ce pourcentage est nettement moins important pour le groupe des chefs de foyers d’artisans424 (24,7%). Pour favoriser l’essor des villages de métier, le JICA et le MARD présentent une liste de 17 problèmes à résoudre – la diversification des produits en fait partie. Cependant, de notre point de vue, la solution à ces difficultés se trouve hors de la capacité des entreprises/familles de Bát Trang. L'intervention publique s’avère donc indispensable, pour dégager un cadre réglementaire favorable au fonctionnement du district. Aujourd'hui, à Bát Trang, seules les grandes entreprises et les artistes réputés ont suffisamment de ressources financières et de passion pour la création de nouveaux articles. Aucune formation n'existe à l'appui de cette activité de création.

Notes
424.

Ceux qui pratiquent des activités non agricles comme la source principale de revenue.