2.2.4 Les associations professionnelles, cabinet de consultants comme solution aux pièces manquantes

À côté de l'Association de la céramique et poterie de Bát Trang493, d'autres associations existent, qui sont chargées de la fourniture des services d'assistance destinés aux entreprises. Nous pouvons citer en premier lieu l'Alliance des coopératives du Vietnam, créée en 1993 avec 6 400 membres, incluant des coopératives et des PME. Une partie des activités de l'Alliance est financée par le gouvernement. Ses bureaux sont implantés dans les villes et provinces partout dans le pays. Elle a pour mission principale de proposer des recommandations au gouvernement en faveur du développement des coopératives et PME. Elle a également pour fonction d'organiser des activités de consultance sur les investissements, la science et les technologies, le marché et sur d'autres questions telles que la question juridique, la formation de métiers, l'amélioration des technologies, la protection des intérêts des artisans et ouvriers artisanaux, la création des écoles de formation des métiers d'art artisanal, l'organisation des formations à courte durée. Plusieurs coopératives et PME à Bát Trangont eu l'occasion de participer à des programmes de formation et d'assistance organisés par l'Alliance des coopératives de Hanoï.

En deuxième lieu on trouve le Centre de développement des PME relevant du VCCI (la Chambre de commerce et d'Industrie du Vietnam). Créé en 1994, le Centre fournit également des services d'assistance aux PME dont les services de promotion (faire la liste des PME et mettre l'e-commerce en application), de formation (essentiellement sur le commerce), des services d'information et de renseignements, de consultance (gestion et fiance) et des services d'études et de recherches. L'Association des PME dans les métiers ruraux vient en troisième lieu. Ayant vu le jour en 2002, l'Association a pour but de réunir les PME locales en vue de la création d'emplois et d'améliorer l'environnement social. Elle a actuellement 300 membres qui sont principalement fonctionnent dans les domaines relatives aux métiers artisanaux. L’objective de l'Association est de contribuer au développement des ressources humaines ; defournir des informations sur le marché, de proposer des recommandations au gouvernement au nom de ses membres. Ces organisations qui ne devraient pas être présentes physiquement à Bát Trang, mais elles attirent la participation un bon nombre de ses firmes. Etant membre, les firmes ont le droit de participer aux programmes de formation, aux conférences et séminaires organisés par les associations. Bien que l’efficacité de ces activités exige une vérification ultérieure mais leur rôle est clairement confirmé.

Une autre relation qui reste encore vague, commence à prendre forme à Bát Trang. Il s'agit de la relation entre les entreprises et les centres de recherches, les cabinets de consultant... Ce n'est pas difficile de remarquer que la présence de ces nouveaux acteurs est nécessaire au bon développement de Bát Trang. Pourtant, comme nous l'avons analysé, les associations occupent une place extrêmement importante dans ces relations. Pour leur part, les entrepreneurs croient que s’ils les réalisent seuls, ils rencontreront des difficultés et d’autre part, cela provoquera des gaspillages importants.

‘Il faut tout un groupe, toute une association pour soumettre des demandes, un individu ne peut pas le faire. On ne peut non plus se réunir, c'est à la commune d'organiser des réunions. Les administrations le proposent, la commune organise ensuite des réunions entre autorités communales, et puis des réunions aux hameaux, elle invite par la suite la participation des entreprises. Ceci nécessite un comité d'organisation ou bien l'Association organise des réunions, elle propose des demandes à soumettre aux administrations locales auxquelles participent les entreprises. Les entreprises elles-mêmes ne peuvent par proposer des demandes. L'Association existe, elle a ses responsables (Entretien N° 47, entreprise)’

Face à des difficultés imprévisibles, les entreprises à Bát Trangsont comme des apprentis sur les marchés internationaux. Il est nécessaire de les renforcer avant qu’elles soient autonomes et font face aux concurrents étrangers. Le JICA et le MARD (2004) ont créé une liste des contraintes majeures (y compris les stratégies de marketing) auxquels les villages de métier confrontent dans cette période de transition.. Les entreprises sont souvent mal appréciées dans leur contact avec le marché, distribution des produits et détermination du prix de vente.

‘Avant on était passif, le client nous demandait un modèle, nous réalisions ce modèle-là mais maintenant nous créons nos nouveaux modèles et les présentons en ligne ou directement aux clients. Les clients nous joignent par ces canaux et une entreprise ne peut le faire toute seule. Il y aurait dû avoir un centre de promotion commerciale où ils peuvent réunir des informations d'ailleurs et nous mettre au courant, en même temps nous présentons ce que nous avons pour mettre ensemble, cela se trouve au niveau macro qu'une petite entreprise ou des particuliers n'en sont pas en mesure. On le sait mais on ne peut pas le faire car les difficultés dépassent la volonté. (Entretien N° 13, entreprise)’ ‘J'ai besoin à ce moment des personnes qualifiées en marketing, j'ai vraiment besoin d'elles parce que mon entreprise a pour son origine un atelier de production, j'ai aussi du personnel qui fait des études de management mais ce personnel reste insuffisant pour répondre aux besoins du développement de l'entreprise. (Entretien N° 25, Entreprise)’

Avoir une stratégie de marketing appropriée est la condition sine qua non pour le développement des entreprises. Pour les familles, le problème s'avère même plus grave car elles sont considérées plus faibles en matière de capitaux, techniques et personnel.

De plus, les entreprises manquent de connaissances et d’informations sur la loi commerciale internationale. L’implication des cabinets de consultants (particulièrement dans le domaine juridique) devient alors plus importante que jamais. Vietnam est déjà membre de l'OMC mais ses entreprises ne disposent pas suffisamment de connaissances pour être présentes sur ce large terrain.

‘À l'adhésion du Vietnam à l'OMC, même vous qui lisez souvent des journaux, vous ne comprenez pas bien le marché de libre échange. Nous sommes inquiets, mais c'est l'inquiétude quand notre pays devient membre de cette organisation, nous devons nous préparer mais nous préparer dans la fumée et ne savons pas quel chemin à suivre. Nous savons qu'il y a du feu devant nous mais comment il est, grand ou petit, chaud ou tiède, nous n'en savons rien.(Entretien N° 13, entreprise)’ ‘La valeur d'un container de marchandises est de 4 - 5 millions de VND, à l'exportation les clients n'acceptent pas la livraison. Si le container séjourne pour un long temps dans leur entrepôt ils nous demandent d'en être débarrassés, nous devons alors vendre nos produits à des prix dérisoires. Nous sommes trompés comme ça. Ainsi, au début les calculs auraient dû nous rapporter des bénéfices mais finalement nous avons subi des pertes. Nous aurons beaucoup de risques si nous faisons la déclaration sur le territoire, nous devrons payer des impôts, les frais de transport, le salaire des employés, le dépôt,.... tout est à payer. Il faut une organisation, une institution quelconque qui aide les villages de métier dans les questions relatives au marché. Chaque année, les attachés commerciaux auprès des ambassades du Vietnam dans le monde se réunissent pour faire le bilan de ce qu'ils ont pu faire pour les entreprises vietnamiennes, mais je me demande s'ils sont au courant de nos besoins pour en discuter. (Entretien N° 19, Entreprise)’

Les mesures d’assistance juridique permettent aux entreprises de comprendre les lois internationales et d’éviter des problèmes survenus faute d'information. Ce défi, pour les firmes Vietnamienne, constitue un challenge d'envergure. En référant à l’expérience de Vietnam Airlines en 2005, nous voyons une leçon coûteuse. Etant négligents et faute de connaissances du système juridique international, Vietnam Airlines qui n'a pas envoyé son représentant à la convocation de la Cour de Rome a dû une peine de 5 millions d'Euros. Cette affaire n'est qu'un exemple parmi plusieurs défis auxquels le Vietnam doit s'affronter lors de son intégration internationale. La cause principale de cette situation réside dans le fait que les entreprises Vietnamiennes ne traitent pas ces questions à sa juste valeur. Elles ont tort en pensant qu'un problème peut être résolu par différentes façons tandis que sur la scène internationale, la loi constitue une seule référence.

Notes
493.

Cf. chapitre IV 'district industriel et gouvernance locale', section 3 'Participation de la société civile' pour avoir plus de détails sur le rôle de l'Association dans le développement du village de métier.