3.1.2. La notion de trace unique composite : le cas du modèle CHARM

Une conception de la mémoire épisodique postule que l’unité mnésique est une trace composite et également distribué. Cette conception suppose que la mémoire est purement épisodique et que la trace mnésique n’est pas une entité distincte, localisée, mais composite et distribuée. C’est le cas du modèle CHARM « Composite Holographic Associative Recall Model » (Metcalfe Eich, 1982) qui est un modèle qualifié de neo-connexionniste par Tiberghien en 1997. Il représente les informations en mémoire sous la forme de vecteurs contenant des attributs. Si l’information à mémoriser est un mot ou une image, les vecteurs sont représentés sous forme d’un tableau de valeurs numériques dans lesquelles figure un attribut (nombre de lettres ou la taille d’une image). Suite à l’opération mathématique de convolution qui combine les vecteurs d’une paire de mots par exemple, toutes les paires seront additionnées dans un « meta-vecteur », le vecteur « trace », qui représentera la mémoire. Pendant la récupération, une opération de déconvolution va permettre de corréler un indice de récupération avec le vecteur trace, afin de retrouver l’item cible (voir Rodriguez, 2006 ; Tibergien 1997 pour une description détaillée).

Ce modèle permet de rendre compte particulièrement bien des phénomènes de Dépendance/Indépendance, que ce soit dans le cadre de la relation entre tâches de rappel et de reconnaissance (Metcalfe, 1991) qu’entre les tâches de mémoire implicite (par exemple complètement de fragments) ou explicite (ex. rappel indicé). Metcalfe et al., (1992) ont par exemple reproduit les résultats de Hayman et Tulving en utilisant une tâche qui consistait à faire apprendre aux sujets des paires de mots (cible-contexte), suivi d’une épreuve de reconnaissance puis d’un rappel indicé. Les résultats montrent que la probabilité de rappel des cibles est meilleure lorsque celles-ci ont été préalablement reconnues. Selon Rodriguez, cette relation de dépendance entre les deux tâches reflète le fait qu’elles sont sous-tendues par le même « système » cognitif. De façon symétrique, l’indépendance entre les tâches refléterait le fait qu’elles sont sous-tendues par des « systèmes » différents.