2.1.2. Méthode

Participants

Dix-huit étudiants de l'Université Lumière Lyon 2, ayant une vision normale (ou corrigée) ont participé à cette expérience. Aucun d'entre eux n'était familier avec les buts de l'expérience. Aucun d’entre eux n’était daltonien. L’ensemble des participants était droitier pour être en phase avec les images déviées à droite utilisées dans l’expérience (voir descriptif plus loin). La moyenne d’âge des participants, soit 15 femmes et 3 hommes, était de 22,6 ans.

Dispositifs expérimentaux et Stimuli

L'expérience a été effectuée sur un micro-ordinateur eMac d'Apple, avec un moniteur de 17" (1024 x 768, 89 hertz, et millions de couleurs), utilisant le logiciel Psyscope (Cohen, McWhinney, Flatt, et Provost, 1993). La distance entre la tête des participants et l'écran a été maintenu constante à 50 cm grâce à l’utilisation d’une mentonnière.

Un ensemble de 40 photographies (36 images expérimentales plus 4 images pour les essais pédagogiques) a été utilisée. Ces images avaient en fait été créées et soumises à une validation expérimentale lors d’une expérience plus ancienne réalisée dans notre laboratoire (Labeye, Oker, Badard, & Versace, 2008). Ces images représentaient soit des ustensiles de cuisine, soit des outils de bricolage. Elles ont été collectées sur Internet. Le prétest avait pour but de vérifier qu’elles étaient toutes clairement et rapidement identifiables. De plus, la familiarité globale des deux catégories objets a été contrôlée, mais en fait les objets choisis étaient des objets quotidiennement présents dans notre environnement. Les images ont par ailleurs subi un travail de standardisation avec le logiciel Adobe Photoshop. Nous avons supprimé toutes les informations qui n’appartenaient pas à l’objet, le fond de l’image ou encore les éléments associés, telle que la marque des objets. Nous avons aussi dévié les objets vers la droite, de manière à donner l’impression d’être facilement saisis par des sujets droitiers. En effet, l’étude que nous avions mené (Labeye et al., 2008) a mis en évidence l’importance des composants moteurs dans l’émergence des connaissances, d’où la nécessité de contrôler ce facteur. C’est aussi la raison pour laquelle nous n’avons pris que des participants droitiers pour passer cette expérience.

La distinctivité manipulée

Dans cette expérience, la distinctivité de certains items est manipulée par l’intermédiaire de la position relative des items sur l’écran. Tous les objets ont été présentés sur un fond blanc et dans des cases 0.85 cm x 0.85 rectangle. 24 emplacements étaient définis sur l’écran, arrangés selon deux cercles : 12 items étaient présentés sur des emplacements situés à 7.4° d’angle visuel du centre de l’écran alors que 12 autres étaient présentés sur des emplacements situés à 14.6° d’angle visuel du centre de l’écran (angles calculés avec la tête du participant à 50 centimètres de l’écran). Dans la condition la plus centrale, les images sont plus proches les unes des autres que dans la condition périphérique. Ainsi, notre hypothèse était que si les traces laissées en mémoire par l’encodage des items dépendaient de la situation au sens large dans laquelle les items apparaissent, et en particulier de la position spatiale des items, alors une distance plus importante devait augmenter la distinctivité (spatiale) des images les uns par rapport aux autres. La figure ci-dessous présente les deux configurations, positions centrales (distinctivité faible) et positions périphériques (distinctivité forte).

Figure 19. Les deux conditions expérimentales de l’expérience 1, les positions centrales (distinctivité faible) et les positions périphériques (distinctivité forte).
Figure 19. Les deux conditions expérimentales de l’expérience 1, les positions centrales (distinctivité faible) et les positions périphériques (distinctivité forte).

Procédure et plan expérimental

Après avoir rempli un formulaire de consentement, il était demandé au participant de s’asseoir face à l’écran de l’ordinateur. Une fois le participant installé, une consigne apparaissait au centre de l’écran, présentant au sujet la première phase de l’expérience ainsi que la tâche à accomplir.

Phase d’encodage

Pendant la phase d’encodage, vingt-quatre stimuli sur 36 ont été utilisés. La moitié des images représentait des ustensiles de cuisine tandis que l’autre moitié représentait des outils de bricolage. La moitié des 24 images présentées lors de l’encodage apparaissait en position centrale et l’autre moitié en position périphérique. Les 12 images restantes étaient utilisées en tant qu’images nouvelles uniquement en phase test. Les douze images présentées en position périphérique pour un tiers des participants étaient présentées en position centrale pour un deuxième tiers des participants et étaient utilisées en tant qu’images nouvelles (donc uniquement en phase test) pour le dernier tiers des participants. Ce contre balancement a demandé la constitution de trois listes différentes de présentations.

Durant cette phase d’encodage, l’ensemble des 24 images était tout d’abord présenté en même temps sur l’écran dans les 24 positions centrales et périphériques. Ensuite un point de fixation apparaissait au centre de l’écran, dès le début de l’essai, puis les sujets devaient cliquer sur le point de fixation à l’aide de la souris pour que l’image cible apparaisse (1000 ms après le clique). L’image cible correspondait à une partie d’une image présente sur l’écran. Les individus devaient chercher sur l’écran et apparier le plus rapidement possible cette partie d’image avec celle qui lui correspondait en cliquant sur l’image en question. Il n’y avait aucune limitation de durée pour la réalisation de celle-ci. Dès qu’ils réussissaient la tâche, un nouveau point de fixation apparaissaient au centre de l’écran immédiatement. Puis, ils devaient retourner cliquer sur le point de fixation pour continuer avec une autre partie.

La série de 24 images cibles a été présentée trois fois de suite pour bien associer la position des images avec l’objet à traiter.

La figure ci-dessous représente un exemple des stimuli utilisés.

Figure 20. L’exemple des stimuli utilisés dans l’expérience 1 de la deuxième série.
Figure 20. L’exemple des stimuli utilisés dans l’expérience 1 de la deuxième série.

Phase test

Dans cette phase, l’ensemble des 24 images déjà présentées dans la phase d’encodage (12 qui étaient apparues en position centrale et 12 en position périphérique) ainsi que 12 nouvelles images sont présentées successivement et dans un ordre aléatoire au centre de l’écran, après l’apparition d’un point de fixation (1000 ms). Les sujets devaient catégoriser les 36 images le plus rapidement et le plus exactement possible, selon qu’elles représentaient un ustensile de cuisine ou un outil de bricolage. Pour répondre, ils utilisaient les deux touches du clavier sur lesquelles deux gommettes marquées <B> pour Bricolage, <C> pour Cuisine étaient collées. Nous avons contrebalancé l’emplacement des touches pour chaque moitié des sujets.

Au total, le plan expérimental peut donc être représenté par la formule suivante : S18*Cat2*It3, avec :

  • « Cat » correspondant aux deux catégories présentées : les ustensiles de cuisine et les outils de bricolage.
  • « It » correspondant au facteur items test : image ancienne présentée en position centrale en phase d’encodage, image ancienne présentée en position périphérique en phase d’encodage, image nouvelle.