2.1.4. Discussion

Nous avions formulé notre l’hypothèse par la phrase suivante : Si l’éloignement spatial des items lors de l’encodage augmentait bien la distinctibilité globale des traces laissées par les images, alors les items présentés en position périphérique devraient être catégorisés plus rapidement que ceux en présentés en position centrale. L’observation de nos résultats nous amène à affirmer que cette hypothèse a bien été vérifiée, mais uniquement pour les outils de bricolage. Les outils de bricolages présentés en condition périphérique sont catégorisés plus rapidement que ceux présentés en condition centrale pendant la phase d’encodage. Par ailleurs, ils sont aussi catégorisés plus rapidement que les nouvelles images, non présentées pendant la phase d’apprentissage. Nous voyons clairement que les outils de bricolages ont bénéficié du contexte spatial de présentation qui les a rendus plus spécifique au sein des traces mnésiques et de ce fait ils sont devenus plus distincts des autres leur permettant ainsi d’être récupérés plus rapidement. L’un des points important de cette expérience est de montrer que la réinsertion du contexte d’encodage n’est absolument pas un préalable pour la mise en évidence de l’effet de distinctivité spatial. Effectivement, pendant la phase test, les images sont présentées au centre de l’écran sans qu’il ait un indice qui fasse référence à leur contexte (position) d’origine.

Cependant, l’observation de l’effet principal du facteur « catégorie » nous interpelle. Pourquoi globalement, les outils de bricolages sont-ils plus rapidement catégorisés que les ustensiles de cuisine ? Par ailleurs, pourquoi les contrastes pour les conditions périphériques et centrales sont-ils à l’opposé de ce que nous avons observé pour les outils de bricolage ?

Nous sommes tentés d’expliquer ceci par la complexité de notre tâche d’encodage incident. En effet, notre objectif était de lier, au sein des traces mnésiques les items présentés à leur emplacement, en associant donc leur contexte spatial à l’objet. Cependant, demander aux sujets d’apparier une partie d’une image à celle qui correspond sur l’ensemble de l’écran n’est peut-être pas le meilleur moyen d’association contexte-objet. Probablement, le sujet sollicite d’autres mécanismes cognitifs pour répondre à la tâche demandée sans qu’il y ait un encodage profond de la situation d’encodage. Malgré cela, cette association incidente n’est pas nulle puisque notre l’hypothèse est validée pour les outils de bricolage.

Pour nous permettre d’observer cet effet pour l’ensemble des catégories, nous avons procédé à une deuxième expérience en changeant notre tâche d’encodage. Dès lors, nous n’allons plus demander aux sujets d’apparier les images. Nous allons tout simplement leur demander de catégoriser les images présentés dans leur cases respectives. Pour permettre une bonne association objet-contexte d’encodage, nous allons mettre un indice avant l’apparition de l’image à catégoriser (une croix à l’emplacement où va apparaître l’image). Par ailleurs, nous allons réduire le nombre total des emplacements de 24 à 16 pour rendre ce travail d’association plus aisé.

Afin de nous permettre de valider nos hypothèses, nous allons aussi concevoir un nouveau plan expérimental qui permet de tester deux configurations appelées « distinctive » et « non distinctive » en tant que variable inter-sujets. La première (distinctive) était associée à des distances différentes entre les emplacements de la condition centrale et de la condition périphérique, alors que dans la seconde (non distinctive) la distance entre les emplacements était identique dans la condition centrale et la condition périphérique Ceci nous permettra de montrer qu’un éventuel effet de distinctivité en catégorisation est bien dépendant du caractère spatial distinctif du contexte d’encodage.