3.1.2. Méthode

Participants

Trente-deux étudiants de l’Université Lyon 2 ont été testés. La langue maternelle des participants était le Français et ils avaient une vision normale ou corrigée. Aucun des participants n’était informé de l’issue de l’expérience. La moyenne d’âge des participants, soit 24 femmes et 8 hommes, était de 26,2 ans.

Dispositifs expérimentaux et Stimuli

L’expérience a eu lieu sur un ordinateur Apple eMac avec un écran de 17’’ (résolution de 1024 x 768, 89 Hz, millions de couleurs), en utilisant le logiciel Psyscope (Cohen, McWhinney, Flatt, & Provost, 1993). La distance maintenue à l’aide d’une mentonnière entre la tête des sujets et l’écran était de 50 cm.

Deux listes de 64 mots ont été utilisées pendant la phase d’apprentissage incident. Tous les mots utilisés avaient entre 5 et 7 lettres et étaient caractérisés par une fréquence lexicale en français qui variait entre 12 et 3982 occurrences par million avec une moyenne de 1202 (selon la base de données lexicales Brulex établi par Content, Mousty, Radeau, 1990). Ils ont tous été présentés en minuscule avec la police « Times New Roman », en taille 48. Aucun mot ayant des voisins orthographiques ou des doubles sens n’a été utilisé.

La distinctivité manipulée

Dans chacune de nos listes, 8 mots étaient dans la condition contexte rare et 24 mots dans la condition contexte fréquent. Pour la liste de distinctivité unimodale, la moitié des participants ont vu 8 mots isolés désignant des objets qui produisent typiquement un bruit lors de leur utilisation, tandis que 24 autres mots désignaient des objets typiquement silencieux et vice-versa pour l’autre moitié des participants. Dans la liste de distinctivité multimodale, la moitié des participants ont vu 8 mots isolés représentant une entité vivante et 24 mots représentant un artefact et vice-versa pour l’autre moitié des participants. Pour notre liste de distinctivité multimodale, nous avons fait en sorte que la moitié des entités vivantes et des artefacts soit silencieuse et l’autre moitié sonore. Ces listes de distinctivité unimodale et multimodale ont été validées lors d’un pré-test. Dans le but de contrebalancer l’ordre de présentation, nous avons créé 8 scripts différents.

Procédure et Plan expérimental

Chaque sujet était testé individuellement. Les listes de distinctivité unimodale et multimodale ont été testées en inter sujets. La moitié des sujets ont passé la liste de distinctivité unimodale tandis que l’autre moitié a passé la liste des distinctivité multimodale. Après avoir rempli un formulaire de consentement, il était demandé au sujet de s’asseoir face à l’écran de l’ordinateur. Une fois le participant installé, une consigne apparaissait au centre de l’écran, présentant au sujet la première phase de l’expérience ainsi que la tâche à accomplir.

Phase d’encodage incident

Nous avons expliqué aux sujets qu’ils allaient voir une première liste de mots (appartenant aux listes de distinctivité unimodale ou multimodale) et que pour chaque item, ils devaient faire un jugement de familiarité relatif à l’objet désigné par le mots. Pour ce faire, ils avaient à leur disposition une échelle graduelle qui allait de 0 à 10. Après le point de fixation d’un second, le mot apparaissait et les sujets avaient à répondre en utilisant la souris afin de cliquer sur l’échelle. Quand la réponse est enregistrée, l’ordinateur présentait aussitôt au prochain point de fixation. L’ordre de présentation a été également aléatoire. Les sujets n’ont eu aucune instruction quant à la distinctivité inhérente des listes. De ce fait, les sujets ignoraient totalement qu’il existait deux groupes de mots, isolés et fréquents (objets silencieux versus bruyant ; entitées vivantes versus artefact). Notre objectif avec cette tâche était de réactiver les traces relatives à ces mots en permettant un encodage incident sans donner de consigne particulière pour la suite de l’expérience.

Pour la phase d’encodage, pour chaque essai, un point de fixation apparaissait pendant 1000 ms suivi d’un mot présenté au centre de l’écran. Le mot restait à l’écran jusqu’à ce que le sujet juge son degré de familiarité avec le mot en utilisant l’échelle prévu à cet effet. Les sujets répondaient en utilisant la souris pour cliquer sur l’emplacement qui représentait leur réponse. L’intervalle inter-essai était de l’ordre de 1500 ms. L’ordre de présentation des mots était rendu aléatoire pour tous les sujets. Aucune instruction n’a été donnée aux participants afin de leur permettre de se rendre compte qu’il y avait un groupe de stimuli plus rares que d’autres. La figure ci-dessous illustre l’échelle utilisée pendant la phase d’encodage.

Figure 24. L’illustration d’une échelle de familiarité utilisée dans la troisième série d’expériences.
Figure 24. L’illustration d’une échelle de familiarité utilisée dans la troisième série d’expériences.

Phase test

Pendant le phase test, il est demandé aux sujet de se rappeler oralement les mots qu’ils ont vu dans la phase d’apprentissage, comme c’est le cas classiquement de la tâche de rappel libre. Les sujets n’ont dans aucun cas, été mis au courant pendant l’expérience qu’ils allaient un moment donné à effectuer une tâche de rappel libre.

Au total, nous avons un plan expérimental qui est représenté par : S16< D2>*I2

D : désigne les deux groupes de sujets auxquels sont présentés soit la liste distinctivité unimodale, soit la liste distinctivité multimodale.

I : type d’items test à deux modalités : ancien présenté en contexte rare lors de l’apprentissage, ancien présenté en contexte fréquent lors de l’apprentissage.