4.4. Perspectives

Les perspectives à l’issue de ces travaux de thèse peuvent se regrouper autour de plusieurs axes. Le premier concerne les mécanismes d’intégration. En effet, il serait intéressant d’implémenter le modèle Act-In au sein d’un réseau connexionniste et de comparer nos résultats comportementaux présentés dans cette thèse à ceux qui seront obtenus dans les simulations informatiques. En essayant de rendre compte du caractère distribué des traces mnésiques, un nouvel objectif pourrait donc être d’essayer de simuler différents niveaux d’intégration intra et inter-traces grâce à cette modélisation. L’avantage de cette approche est de concevoir un modèle mathématique qui serait « sensible » aux variables affectant à la fois la composante explicite et la composante implicite afin de gérer l’activation simultanée de ces deux composantes lors de la réalisation d’une tâche donnée.

Pour ce qui est des études en neuroimagerie conduites à l’aide de paradigme d’oddball que nous avons présenté dans le premier chapitre de cette thèse, Michelon & Snyder (2006) ainsi que Knight (1996) considèrent que a) les régions frontales seraient impliquées dans la détection de l’incongruité entre les attentes de l’organisme et la situation et b) une activité hippocampique serait observée dès lors qu’il s’agit d’encoder l’item distinctif. Plus tard, nous avons vu que les observations neuroanatomiques ont montré que certaines structures tels que le cortex préfrontal et la région hippocampique seraient impliquées dans le mécanisme d’intégration (Bechara, Tranel, Damasio, Adolphs, Rockland, & Damasio, 1995 ; Stuss & Alexander, 1999). Puisque ces deux régions semblent jouer un rôle primordial à la fois dans le mécanisme d’intégration puis dans la détection et l’encodage de l’item distinctif, il serait particulièrement pertinent de poursuivre nos recherches conjointement en neuroimagerie. Ceci pourra être réalisable non pas avec l’utilisation du paradigme d’oddball, mais avec un paradigme expérimental qui permet d’étudier l’effet de distinctivité en manipulant les différents niveaux d’intégration sensorimotrice du matériel pour pouvoir tester la dépendance de l’élément distinctif au mécanisme d’intégration.

Un autre axe de recherche pourrait se développer autour des études conduites à la fois sur l’onde P300 et la schizophrénie. L’étude de l’onde P300 dans la schizophrénie a fait l’objet de nombreux travaux à la fois pour obtenir un indice diagnostique et pour objectiver les troubles du traitement de l’information chez les patients schizophrènes. La schizophrénie est caractérisée par la présence d’idées délirantes et d’hallucinations, par de l’incohérence, par un relâchement net des associations, par un comportement désorganisé ou un affect abrasé. La littérature a semblé largement accepter l’idée que l’amplitude de l’onde P300 est faible dans la schizophrénie et qu’elle pourrait constituer un marqueur « trait » de cette affection (Roth & Cannon, 1972). Par ailleurs la tâche d’oddball nécessiterait un engagement cognitif auquel répondraient moins les patients schizophrènes (Verleger, Bode, Arolt, Wascher, & Kömpf, 1994). Une question légitime serait alors de se demander si des faibles amplitudes de l’onde P300 observées chez les patients (mais uniquement avec le paradigme d’oddball) coincideraient avec l’absence de récupération mnésique des éléments distinctifs. Une autre question serait de se demander si cette absence de récupération serait également observable suite à un encodage intentionnel versus incident. Finalement, nous pouvons nous demander quelle serait l’amplitude de l’onde P300 d’une population schizophrène face à un matériel qui varie selon le niveau d’intégration requis, comme il a été défini dans cette thèse, par comparaison à une population dite « saine ».