1-3 La vision marginale d’une représentation exotique de la présence huguenote en Afrique du Sud

Sans faire référence à la situation de l’Afrique du Sud au XXème siècle et à l’apartheid, François Malan consacre un long article à l’historique de ce refuge huguenot dans Le Christianisme au XXème siècle. 48 L’article coïncide avec la commémoration du 300ème anniversaire de l’arrivée des Huguenots en Afrique du Sud49, avec la parution de l’ouvrage de Bernard Lugan50 dont la référence est faite dans l’article. Le journaliste met en évidence le caractère courageux de ces persécutés et de leur opiniâtreté dans le travail. Il présente les Huguenots français comme « la composante capitale des blancs d’Afrique du Sud que l’on commémore à l’autre bout du monde cette année 51  ». Il est permis de penser que l’auteur de l’article amplifie quelque peu les effets réels de la présence huguenote en Afrique du Sud. Cependant, un tel article est révélateur d’une certaine vision fantasmée et exotique de l’histoire de ces réformés en exil à l’autre bout du monde. Cet article est cependant une exception dans l’ensemble des articles parus sur le sujet, la présence d’un noyau huguenot en Afrique du Sud représentant généralement plutôt une présence symbolique, une honte plus qu’une fierté52

Notes
48.

François MALAN, « La vigne et l’olivier », Le Christianisme au XXème siècle, n°152, 22 février 1988, p. 7-8.

49.

La question de cette commémoration par la communauté protestante française fut l’objet de plusieurs articles dans la presse réformée au cours de l’année. La participation des réformés français aux cérémonies suscita de multiples questionnements (voir dernière partie de ce mémoire).

50.

Bernard LUGAN : Huguenots et Français, ils ont fait l’Afrique du Sud, Paris, ed de la table ronde, 1988, 296 p.

51.

François MALAN, « La vigne et l’olivier », op.cit., p. 8.

52.

Je ne peux m’empêcher de noter que Malan (nom de l’auteur de l’article) est aussi un nom fort répandu en Afrique du Sud et est celui d’un huguenot qui embarqua pour l’Afrique du Sud en 1688.